Le bâton, ça ne marche pas… Et quel bâton… J’en suis encore bouleversé !

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Lu et entendu, un peu partout dans les médias, l’interview du proviseur du lycée professionnel Alfred-Costes, dont les élèves vont être récompensés par une prime s’ils font l’effort d’être présents en classe. Le proviseur a ainsi déclaré : « Je suis très heureux de cette mesure. Enfin on pense à la carotte plutôt qu’au bâton. Parce que le bâton, je le pratique depuis 10 ans, et, je vous le dis, ça ne marche pas ».

Une « carotte », pourquoi pas ? On en fait tout un foin, mais après tout, dans un lycée « professionnel », c’est normal que les élèves soient payés. Tant qu’on ne paie pas les élèves des lycées « amateurs », je ne vois pas ce qu’il y aurait à redire.

Non, ce que j’ai trouvé intéressant dans cet interview, et qu’aucun média, encore une fois, n’a relevé, c’est qu’un proviseur courageux ait osé violer l’omerta, et expliquer en quoi consistait le "bâton" dans l’enseignement secondaire. Mesdames et Messieurs, nos enfants vivaient dans un système concentrationnaire et nous n’en savions rien. Jugez-en vous-mêmes !

Un élève est absent : on prévient immédiatement les parents par téléphone ou SMS, sans laisser à l’élève la moindre chance de passer au travers. Déjà là, c’est dur.

Mais ce n’est rien en comparaison avec la suite : au bout de trois absences injustifiées, on le punit de deux heures de colle, à effectuer le samedi matin, une horreur (je ne sais pas pour ce lycée précisément, mais j’en connais où c’est le professeur qui a donné la punition qui doit venir surveiller le collé – je vous jure que c’est vrai !). A ce stade, l’élève gris de peur s’est oublié dans son pantalon si c’est une fille (les filles ne portent pas de jupe dans les lycées professionnels, voyons), ou son survêt, si c’est un garçon (le baggy est aussi possible).

Pire encore : si ledit élève refuse d’effectuer ses deux heures de colle, on lui en donne quatre (logique !). L’élève est, vous vous en doutez, mort de peur. Question : comment les associations de défense des enfants ont-elles pu tolérer une telle dérive de l’école ?

Et, me direz-vous, si l’élève, par extraordinaire, n’effectue pas ses 4 heures de colle - là, je sens votre angoisse- ? Le proviseur ne nous a pas éclairé, sans doute parce que conscient que sa réponse serait insoutenable. Mais je connais des lycées (sont-ils dignes d’être encore appelés lycées, à ce niveau de cruauté - la question est légitime ?) où l’escalade a malgré tout été prévue : on peut alors infliger à l’élève un « avertissement de conduite ». Au bout de trois avertissements, un conseil de discipline peut être réuni, s’il s’avère opportun de le faire (en clair si l’environnement "sociologique" du lycée le permet). Ce conseil peut décider d’un renvoi temporaire, et, dans les cas les plus extrêmes, d’un renvoi définitif, à charge pour le renvoyeur de trouver un autre lycée qui veuille bien prendre en charge le renvoyé, à charge de revanche (c’est-à-dire que le lycée qui prend le renvoyé enverra un jour ou l’autre à l’envoyeur un de ses propres cas difficiles). Je vous jure, encore une fois, que tout cela est vrai !

J’arrête là pour aujourd’hui. C’est probablement plus que vous ne pouvez en supporter. Une autre fois, je vous parlerai des allocations familiales. Je suis certain que vous allez adorer.

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