Quand tout s’embrouille… On n’y voit plus clair.
Tenez ! Le mot « délation ». Quand on vous l’envoie à la figure, considérez que vous avez atteint le degré ultime de l’indignité. Vous êtes catalogué à vie collabo, facho, salo (aud, je sais, mais c’est pour la balance de la phrase) ! Vos enfants et vos arrière petits-enfants porteront eux aussi la croix de votre infamie. Si j’ai un conseil à vous donner, et si vous tenez absolument à faire quelque chose de répugnant, mais avec une chance de vous faire pardonner un jour, devenez plutôt tueur en série, vous trouverez plus de compréhension que délateur.
Mais, m’objecterez-vous, La délation, si on en croit le Larousse en 5 volumes, est une « dénonciation intéressée, méprisable, inspirée par la vengeance, la jalousie ou la cupidité ». En quoi votre discours me concerne-t-il, moi qui suis franc comme l’or, désintéressé comme le ministre du budget, sans rancune et pas plus envieux qu’un candidat à la Présidence de la République ?
Mais en tout, mon bon monsieur, vous rétorquerai-je. Vous l’ignorez peut-être, mais grâce aux défenseurs des Droits de l’Homme, qu’ils en soient chaudement remerciés ici, la notion de délation a été heureusement élargie pour que les dénonciateurs sournois, les crypto-délateurs, que la définition ancienne ne permettait pas de confondre, soient enfin démasqués.
Ne vous inquiétez pas pour autant. Nous allons vous aider, c’est le but de cette rubrique, à ne pas devenir délateur malgré vous. Pour cela nous avons retenu deux exemples récents de ce qu’il ne faut pas faire et de ce qu’il faut faire pour échapper à l’opprobre délatrice.
Exemple de ce qu’il ne faut pas faire : la Préfecture de l’Essonne a mis à la disposition des citoyens une adresse mail pour qu’ils y dénoncent crimes, délits et « incivilités » - qu’ils côtoient tous les jours, lorsqu’ils ont la chance de ne pas en être victimes. Cette adresse mail est une incitation évidente à la délation ! Heureusement, les brave gens de l’Essonne ont été prévenus par les défenseurs des Droits de l’Homme : s’ils dénoncent, ils reviendront aux heures les plus sombres de l’occupation, lorsque les français dénonçaient les juifs pour leur piquer leur appartement et leurs meubles !... Honte aux délateurs de l’Essonne ! Bouh !
Exemple de ce qu’il faut faire : Teum Teum, sur France 5, samedi 19 après-midi, rediffusion dimanche soir, invité Stéphane Guillon, défenseur connu des Droits de l’Homme. Des petits dealers pratiquent leur petit commerce dans les caves d’un immeuble des 4000 à la Courneuve. La police s’annonce. La concierge prévient les petits dealers. C’est, tient à nous préciser la bonne dame, « qu’elle n’est pas une donneuse. Les pauvres « jeunes », aussi, ce n’est pas de leur faute, ils n’ont pas de travail, pas d’espoir, comment voulez-vous qu’ils occupent leurs journées ? Evidemment, les ascenseurs sont en panne 2 jours sur 3, fils arrachés et cabines dévastées. Les couloirs sont sales. On n’y voit pas clair, les ampoules électriques disparaissent aussitôt installées. C’est vrai, ce n’était pas comme ça avant. Il y avait des commerces, des fleurs, c’était propre. Mais de là à dénoncer, à collaborer avec la police. Et puis c’est la faute du gouvernement, aussi. Il devrait faire quelque chose, au lieu de donner de l’argent aux banques »… bravo, madame, vous n’êtes pas une délatrice. Clap, clap, clap !
Vous avez bien compris, maintenant ? Je résume, et vous n’aurez pas d’excuse : ne pas dénoncer, ne pas collaborer. Les trois singes : ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire. Une attitude citoyenne, en quelque sorte.