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l’Algérie Française était-elle une " utopie" ?
L’Algérie Française n’était pas une utopie par Philippe AZIZ
UNE INTERVIEW DU COLONEL ANTOINE ARGOUD
L’Algérie française était-elle, sur les plans humain, social, politique et économique, une « absurdité » ou un « contresens condamné par l’Histoire », comme l’ont affirmé, tout au long de la guerre d’Algérie, ceux qui étaient partisans de l’indépendance ?
Pour le savoir, Philippe AZIZ a interviewé le colonel Antoine ARGOUD, auteur d’un livre admirable paru aux éditions Fayard, La décadence, l’imposture et la tragédie.
Écrit par un homme d’action et de réflexion, habité de l’ardente passion qui anime son auteur, cet ouvrage, en plus de ses mérites historiques, constitue, à notre sens, une des plus brillantes synthèses sur le drame algérien.
Philippe AZIZ :
Dans votre ouvrage, vous écrivez ceci :« Je pensais enfin, en 1956,
en 1961, je pense aujourd’hui encore que l’Algérie française n’était pas une utopie, que l’entreprise méritait d’être tentée ; qu’elle eût été bénéfique à la nation et à sa jeunesse, au peuple algérien lui-même ; que tous les arguments qui ont été assenés en sens inverse ont été dictés par l’ignorance, la mauvaise foi ou par la lâcheté. »
Pouvez-vous, avec le recul du temps, exposer les raisons qui vous font penser que l’Algérie française, loin d’être une utopie, était au contraire une chance politique, économique et spirituelle pour la France et l’Algérie ?
Antoine ARGOUD :
Quinze années se sont écoulées depuis la proclamation de l’indépendance algérienne. Quatre années depuis que j’ai écrit mon livre La décadence, l’imposture et la tragédie.
J’ai l’audace de penser que les faits nous donnent chaque jour davantage raison, à nous qui affirmions naguère que l’Algérie française et le Sahara français étaient loin d’être une utopie.
Qu’ils étaient au contraire une chance politique, économique et spirituelle tant pour la France que pour l’Algérie elle-même.
L’Algérie et le Sahara français n’étaient pas une utopie.
La partie était militairement gagnée par la France en 1960.
L’affaire Si Salah, la tentative de ralliement de 4 chefs de willayas sur 6 le démontrèrent sans discussion possible. Les barrages électrifiés établis le long des frontières marocaine et tunisienne avaient joué leur rôle. La rébellion interne était exsangue. La population était loin de nous être défavorable.
Ceci ne signifiait nullement certes que politiquement l’affaire était réglée.
Si le principal obstacle était constitué à long terme par la démographie galopante de la population musulmane, fruit de la condition féminine en pays d’Islam, l’adversaire le plus redoutable restait l’Impérialisme soviétique, habile à exploiter en toutes circonstances, suivant les principes définis par Lénine, les « contradictions internes » des sociétés capitalistes et... la lâcheté des régimes bourgeois.
L’histoire nous montre que les évolutions démographiques ne sont pas irréversibles, tant s’en faut. Les grossières erreurs commises régulièrement dans leurs prévisions par les techniciens en font foi.
Les phénomènes démographiques, en revanche, ne font sentir leurs conséquences qu’à long terme.
Mais précisément, dans cette course contre la montre, la France ne manquait pas d’atouts :
Tout d’abord, !es bons rapports qui existaient toujours entre les deux communautés dans l’immense majorité des cas, contrairement à ce que prétendaient les détracteurs de toutes confessions.
La présence ensuite en Afrique de deux pays confrontés peu ou prou avec les mêmes problèmes et constituant de ce fait deux alliés solides en puissance : la Rhodésie et l’Afrique du Sud.
La possession enfin de la plate- forme saharienne, libre de tout problème de cette nature et qui représentait, à !a lumière des progrès techniques modernes, une fantastique potentialité économique.
Certes le problème était de taille. Nul ne peut démontrer qu’il pouvait être résolu. Nul non plus ne saurait démontrer le contraire.
Mais, la victoire militaire acquise en 1960 laissait à la France quinze années de répit pour promouvoir une solution politique stable.
En réalité, comme c’est presque toujours le cas dans la vie des peuples, la clef de la victoire était entre nos mains.
Ou bien les Français auraient recouvré l’énergie, le goût de l’entreprise, l’esprit de sacrifice, en un mot, l’instinct de conservation dont ont fait preuve, au cours des siècles, les bâtisseurs de la Patrie, alors la réussite était probable.
Ou bien, ils auraient persisté, comme hélas cela s’est produit, à se laisser corrompre par des délices empoisonnés de la société de consommation, à se vautrer dans la décadence, alors oui vraiment l’Algérie et le Sahara français étaient une chimère.
Mais précisément la grandeur de la tâche offerte par le destin, l’ampleur des conséquences prévisibles à vue humaine étaient de nature, en provoquant un choc psychologique, à redonner une chance à la France et, partant, à l’Occident d’exorciser l’esprit de Munich.
La conservation des pétroles sahariens et des ressources sahariennes, au moment où toute l’économie occidentale chancelle sous les coups redoublés du chantage pétrolier, du chantage aux matières premières, suffisait déjà à justifier l’entreprise.
De quel poids n’aurait pas pesé ensuite dans le bilan le maintien du drapeau français sur la plate-forme stratégique nord-africaine et saharienne, sur cette flanc-garde sud du promontoire occidental.
Mais le véritable enjeu était d’ordre spirituel.
Le maintien de l’Algérie et du Sahara français dans l’orbite française était une ultime chance que le destin offrait à la France de sauver son âme.
C’eût été pour la jeunesse française, déroutée par de mauvais bergers une oeuvre exaltante à accomplir, qui lui aurait réappris la pratique des vertus qui font les peuples forts.++++
Philippe AZIZ :
L’O.A.S. était-elle vraiment, comme on l’a souvent dit, une aventure désespérée ou, au contraire, avait-elle la possibilité d’attirer l’attention de l’opinion publique en France, de la sensibiliser au drame vécu par les Européens d’Algérie et de modifier ainsi le cours du destin ?
Antoine ARGOUD :
Jusqu’en Mars 1962, l’O.A.S. avait encore à mon sens une chance de gagner la partie, c’est à dire de contraindre le général de Gaulle à changer de politique algérienne ou à s’effacer.
La raison essentielle de notre échec n’a pas été l’acharnement du chef de l’État à écraser les défenseurs de l’Algérie française, la lâche soumission des Français à ses desseins, mais le manque de combativité, statistiquement parlant, des Pieds-noirs eux- mêmes.
Encore une fois, mis à part les quelques centaines de combattants héroïques des commandos deltas du Lieutenant Degueldre et de leurs homologues à Oran, la grande majorité des Français préféra manier les casseroles, hurler des slogans plutôt que brandir des mitraillettes.
S’ils avaient eu la détermination des juifs de Varsovie contre les SS d’Hitler ou des Israéliens de l’Irgoun,
S’ils avaient réalisé l’insurrection générale, de Gaulle eût été contraint de céder.
À partir de mai 1962, les jeux étaient faits. Il n’y avait plus de raison pour que le processus s’inversât. Les accords d’Evian avaient scellé l’accord contre nature entre l’Armée française et le F.L.N.
La cause de l’O.A.S. était désespérée.
À compter du 1er juillet, il ne s’agissait plus pour les survivants, pour ceux qui refusaient de s’avouer vaincus, que de dénoncer à la face du monde le forfait du général de Gaulle, de porter témoignage devant l’histoire de notre détermination d’aller jusqu’au bout de notre engagement, de faire passer en justice le criminel personnage qui régnait à l’Élysée.
Philippe AZIZ
EXCEPTIONNEL !!!
Le plan de Constantine, lancé par le général de Gaulle en 1958, tendait à donner un nouveau souffle économique et humain à l’Algérie. (C.P.A.)