Le doute d’Août - Acte I

, par  MORA , popularité : 12%

A Monsieur C. F.

Toutes les idées sont intéressantes à étudier.

Nous n’avons plus les moyens ni la force ni l’auditorire pour continuer à défendre la cause que les PN défendent vainement depuis 46 ans, en l’occurrence la cause des dirigeants socialistes, républicains et francs-maçons qui ont ponctionné en France et autour du bassin méditerranéen tous les surnuméraires disponibles pour implanter la "civilisation" dans un monde arabe colonisateur lui-même du monde berbère et chrétien qui lui était antérieur.

Nous ne cessons d’entendre les nôtres - syndrome fatal du Colonel Nicholson avec son Pont de la Rivière Kwaï qu’il met beaucoup de temps à comprendre qu’il ne le construit qu’au service de l’ennemi japonais. Mais l’ennemi japonais, malin, lui fait croire qu’il le construit pour étaler le savoir technique et constructeur des géniaux sujets de sa Gracieuse Majesté - vanter les immenses talents de la France outre mer, sa générosité civilisatrice, son ingéniosité colonisatrice et sa grandeur culturelle.

Et les Français d’Algérie s’étaient pris au jeu. Comme ils s’étaient totalement donnés à la cause de leur installation locale au point de passer au stade d’une installation qu’admirait la Métropole ils se sont imaginés que leurs frères de France les admireraient et les défendraient à jamais contre toutes les duretés de la vie. Robinson Crusoé avait été exilé sur son île déserte et au fil des années il avait transformé son île en paradis bleu. Du coup Robinson oubliait tellement ses origines qu’il en venait même à serrer sur son coeur le geôlier infâme qui l’avait exilé. Il était fin prêt à lui porter secours. Ce qu’il fit deux fois en payant très cher le prix du service.

La facture la plus lourde fut son étonnement de constater que la monnaie de la pièce pouvait lui être si difficultueusement rendue. Il ne comprenait plus cette ingratitude. Encore moins évidemment la rouerie de celui qui l’acheva comme jamais personne n’a achevé de chevaux.

Pendant tout ce temps-là l’Oncle HO et Ben Bella nous ont expliqué qu’ils n’avaient plus rien à faire de tout cela non plus et il s’est trouvé en France 45 millions de porteurs de valises pour élire notre fossoyeur comme le sauveur récidiviste de la France. Et cette option perdure en dépit de ce que tout le monde sait la vérité désormais du Caligula de Colombey. Nul n’ignore ou presque qu’il a usé des moyens humainement les pires pour se faire soutenir par la partie minoritaire du peuple globalement pressée de nous faire partir d’Algérie, soutenue par ces Métropolitains pressés d’abdiquer la très grande et la très belle mission à laquelle les Français d’Algérie avaient pris goût.

Il ne sert à rien de continuer à défendre des positions pulvérisées depuis 46 ans et il ne sert qu’à se faire mal - même pas plaisir ! - de persévérer dans une erreur stratégique dont le bilan constant devrait pourtant finir par ouvrir les yeux des plus obtus.

Cet élan général envers la cause "militaire" savamment présentée par le gaulliste honoraire de l’Elysée arrive à jeter la confusion entre les sentimentaux chroniques qui ne peuvent s’empêcher de voir un para français sans s’imaginer revoir les escaliers du GG et ceux qui essaient de faire fonctionner leurs méninges - je ne dis pas qu’ils sont plus intelligents, mais je dis qu’ils font l’effort de ne pas raisonner avec leurs larmes devant des alignements de cercueils - pour trouver enfin un autre angle d’attaque que celui qui s’est usé contre le béton ennemi depuis bientôt cinq décennies.

Le Pen n’a pas trouvé de meilleur argument que son manichéisme récurrent et sa haine anti américaine (et juive) pour déclarer que nos soldats se battent en Afghanistan pour rien. Quant au Bloc Identitaire, il performe au delà du pensable en invoquant l’exemple du grand ancêtre de l’anti américanisme chronique - Charles De Gaulle - pour dicter aux dirigeants ce que serait la bonne conduite internationale du pays : A savoir également un refus de collaboration systématique avec les Américains.

Il est surprenant que ni l’un ni les autres n’aient l’idée de souligner ce que le Docteur Barisain rappelle au titre d’un tel bon sens qu’on en vient parfois à se demander si ce qui distingue les professionnels de la politique n’est pas une sorte d’alzheimerisation rapide de leur mode de raisonnement.

1/ Comment honorer la mémoire de soldats français tués aujourd’hui dans un combat - QUEL QU’IL SOIT - en Afghanistan ou ailleurs, quand l’Ambassadeur de France en Algérie, Monsieur BAJOLET - nouvellement promu responsable du "Renseignement" français a déclaré il y a un peu plus d’un mois, à Alger, devant un parterre de dirigeants algériens et FLN que les soldats français tués en Algérie entre 1954 et 1962 - sur ordre de leurs gouvernements successifs - "sont morts pour une cause qui n’était pas la leur" ! Cet homme d’Etat français définit donc par le fait même, si les mots et les paroles ont encore un sens pour quelques-uns, que tout indique qu’avant très peu il se trouvera un autre Bajolet pour aller déclarer à Kaboul devant un parterre de Talibans que "les soldats français tués en Afghanistan sont morts eux aussi pour une cause qui n’était pas la leur".

2/ L’ennemi N°1 de l’Islam au Proche Orient est l’ami N°1 de l’islam dans les Balkans. Etonnant, non ? Monsieur Bush est venu au coeur de la Serbie, il a débarqué dans le berceau de la Serbie, au Champ des Merles, et cet ennemi mortel de tout musulman du Proche Orient est devenu le héros des Kosovars et des Albanais musulmans. Il avait commencé par envoyer ses bombardiers au dessus de Belgrade, par faire coffrer un chef d’Etat européen et l’enfermer dans les geôles de la Pensée Unique de La Haye où il est mort. Il a offert aux Mollahs, clés en mains, une république islamiste au coeur de l’Europe et de quoi parle donc le Bloc Identitaire ? De Charles De Gaulle ! Oui, ce doit être un mauvais rêve ! Et de quoi parle Le Pen, lui ? Comme les vieux séniles à idée fixe qui n’ont jamais rien à proposer que du négatif et qui se fossilisent sur des noms, faute de construire une pensée, il a répété : "USA ! Oncle Sam !" comme un perdant chronique qui rabâche son obsession par les rares syllabes qui lui servent d’antispasmodiques.

3/ C’est évidemment une vue de l’esprit de faire croire aux Français qu’en éradiquant en Afghanistan un terrorisme international qui y tiendrait racine, le monde serait débarrassé de cette hydre qui s’étale sur la planète entière au point d’ailleurs de ne même pas négliger de se terroriser lui-même. Le terrorisme en Algérie est au moins aussi vivace qu’en Afghanistan. Il serait presque comique que le distributeur des tâches antiterroristes planétaire désigne demain la France parmi les nations qui auraient à défendre " la liberté du monde" ... en Algérie. C’est une hypothèse qui sera anticipée, c’est écrit, par le débarquement du terrorisme algérien, taliban, syrien, iranien, séoudien ... français, en France même, bien avant que les parachutistes de Castres, de Pau, de Carcassonne ou de Calvi n’aient éradiqué quoi que ce soit où que ce soit. Il y a sur le territoire national quelques millions de volontaires potentiels pour donner à la France la leçon qu’elle mérite puisque c’est un homme d’Etat français qui est allé avouer devant les principaux intéressés qui n’en pouvaient mais que le pays qu’il représentait officiellement jusqu’au 14 Juillet dernier est coupable de tout ce dont l’accuse Monsieur Bouteflika en personne, assortissant son accusation du montant des divers dédommagements que la France - décidément pétainiste et coupable pour toujours de Crime Non Stop contre l’Humanité - devra cracher au bassinet et sine die.

Il ne s’agit plus d’antiaméricanisme maladif, mais il s’agit, bel et bien, de préférer entre des adversaires, des concurrents ou des ennemis celui qui nous menace le moins. Et ainsi de suite et finir par appeler ennemi non pas celui que nous soupçonnons des pires maux mais celui qui ourdit à ciel ouvert les manigances les plus manifestes à nos dépens.

En appeler au complot judéo maçonnique ou au souvenir funeste du Tricheur de Colombey pour revendiquer une mémoire identitaire qui servirait de phare à une conduite politique est tragique quand les trois seuls éléments développés constituent à eux trois et à eux seuls des arguments définitifs pour se positionner politiquement et concrètement face à une situation qui ne réclame plus de longs états d’âme pour choisir son camp, pour choisir ses camps.

Nous pouvons aussi regarder le futur proche en nous demandant de quoi viennent également se mêler les USA au sein de la vieille Europe. Non content de l’avoir tragiquement trahie en Serbie, ils viennent capter au sein de la zone d’influence russe, la Pologne, à la façon de Raminagrobis punissant la Russie et l’Allemagne de ne pas traiter les Polonais comme ils ont souvent eu l’habitude de l’être.

Et puis encore et puisque leur élan se confond souvent avec leur appétit , les voici encore en soutien du pitoyable satrape de la Géorgie qui prétendait à la fois se réfugier sous l’aile de l’Oncle Sam tout en matant les Ossètes du Sud, trop attachés, eux, à la vieille Russie. L’ours russe ne s’est pas fait attendre. La Géorgie est beaucoup plus proche que la Serbie et une Tchetchénie, c’est déjà assez comme cela !

Les motifs de ne pas devenir en effet les Harkis des USA ne manquent pas mais il est dommage que des dirigeants de mouvements politiques influents n’attisent les attachements et les aversions de leurs membres qu’en laissant la vérité de côté parce qu’elle est trop difficile à dire et à entendre. Ils préfèrent au discours de l’analyse celui de la passion et de l’irrationnel qui sont le plus souvent du plus mauvais conseil. Ce sont aussi ces choix qui drainent les militants les moins portés à la réflexion et les plus partants pour les aventures insensées dans des processions quasi religieuses où les slogans éculés remplacent une réflexion solitaire parce que l’un des effets secondaires de la démocratie reste de détester penser tout seul.

Voilà peut-être donc, Cher ami, quelques pistes qui vous intéresseront. Du moins ai-je pour ma part tenté de sauter sur ce que vous avez titré : "L’opportunité politique".

Bien amicalement.

Guy ROLLAND

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