L’ennemi intime

, par  MORA , popularité : 9%

« Son père a été militaire en Algérie et Albert ne voulait pas jouer un tortionnaire.
J’ai modifié le personnage pour lui et certaines scènes viennent de lui : il m’avait dit que s’il était le témoin impuissant de séances de tortures, il se bourrerait la gueule et jouerait du clairon. » La scène est, dans le film, une de celles qui traduisent le mieux la situation intenable des combattants des deux camps, confrontés autant à l’ennemi d’en face qu’à celui qui est en eux et qui les ronge. Comment certains de ceux qui résistèrent à l’occupation allemande ont-ils pu se muer en tortionnaires en Algérie et de tels massacres être commis moins de quinze ans après Oradour-sur-Glane ? La réussite de « l’Ennemi intime » tient pour une large part en cette ambiguïté : « Tout est vu à travers le regard d’un personnage, le film passe toujours par son point de vue. Et comme dans les westerns de John Ford, l’horreur s’oppose à la nature. Je me suis interdit toutes les focales intermédiaires, les plus communes dans le cinéma : les larges focales permettent d’isoler les personnages dans le décor tout en donnant le sentiment de voir et de penser comme eux. »
Pour des raisons d’infrastructures et de sécurité (le film nécessitait beaucoup d’armes), le tournage a eu lieu au Maroc, les paysages de l’Atlas étant proches de ceux de la Kabylie. Quarante-huit jours seulement, au rythme d’une vingtaine de plans par jour. L’expérience hollywoodienne a été utile à Siri, notamment pour ce qui relève de la direction d’une équipe, même s’il travaille avec les mêmes techniciens depuis dix ans, parmi lesquels le chef opérateur Giovanni Fiore Coltellacci, qui fut le pointeur de Visconti. « Le cinéma est un métier d’artisan, un métier qui s’apprend », dit encore ce garçon passionné des films des autres, de toute époque et tout genre, et qui avec « l’Ennemi intime » frappe fort.

On ne l’a pas encore vu, à suivre....

Voir en ligne : Sur le nouvel OBS

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