La Presse de ce lundi matin 18 février 2008 :

, par  DiaOulRu , popularité : 27%

Lu sur la "Dépêche du Midi" de ce lundi matin. Je me demande si ça n’est pas plus important que l’affaire Si Salah qui date de près d’un demi-siècle !

Semaine comme une autre dans l’actualité économique et sociale : ces jours-ci, on apprenait que la célèbre cristallerie d’Arques arrêtait sa fabrication en France et menaçait de se délocaliser aux Émirats arabes unis.

Le même jour, Michelin, un des deux leaders mondiaux du pneu, annonçait la fermeture de Kleber-Toul et confirmait sa volonté de doubler ses capacités de production en Russie et en Asie. De son côté, Arcelor-Mittal confirmait sa décision de liquider son site lorrain de Gandrange et ses 600 emplois. Délocalisation, redéploiement, restructuration…

Les statistiques de l’Insee et des organismes officiels ne font pas de différence quand il s’agit de comptabiliser les pertes d’emploi. Quelles que soient les décisions managériales, ces disparitions sont d’autant plus mal ressenties que ces sociétés ténors du CAC 40 ont affiché des bénéfices records en 2007. Certes, ces bons résultats ne doivent pas occulter des situations complexes. Avec l’influence négative des taux de change, les entreprises sont d’autant plus fragilisées qu’elles subissent de plein fouet la concurrence des pays à bas coût et à fort savoir-faire. C’est le cas du textile, de l’énergie et de l’aéronautique. Pour rester compétitif dans un contexte de dollar faible, Latécoère a annoncé la création d’une filiale « low cost » en Tunisie.

En rappelant qu’il s’agit d’y développer une activité d’assemblage de « sous-ensembles simples ». Il n’empêche, cette expatriation amorce un mouvement désormais irréversible dans le secteur aérospatial.

Depuis trois décennies, le Grand Sud subit la lente mais tenace disparition de son industrie ouvrière. Après la sidérurgie, le textile, l’automobile est touchée à son tour. En Gironde, les 2000 salariés de Ford Blanquefort ont entamé samedi une grève illimitée contre la fermeture de leur usine programmée en 2010.

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En 1994, un certain Jean Gandois, alors Pdg de Péchiney, affirmait : « une usine, ça naît, ça vit et ça meurt... » Et ça délocalise, pourrait-on ajouter aujourd’hui.


Des entreprises qui symbolisaient un savoir-faire
Myrys et Chausseria

Myrys et Chausseria : 2 000 salariés. Depuis 1990, la chaussure souffre d’une politique de délocalisation. Limoux et Toulouse le savent qui ont vu disparaître Myrys, la fabrique rachetée en 1984 par Bata.


Papier Job et gommé Rizla
En juillet 2000, les « Job » apprenaient que leur usine, était vouée à la liquidation. Tout comme, un an plus tard, était annoncée la disparition de Riz-Lacroix à Mazères-du-Salat. Pourtant l’usine dégagéait plus de 10 M€ de CA.


Formica, la légende stratifiée
En 2004, les deux entreprises de Quillan, Formica et Huntsman, annoncent leur fermeture : 190 salariés sur le carreau. Formica, l’emblématique stratifié, redéploie son activité vers la Finlande et l’ Espagne. Hunstman, fabricant de résines, est délocalisée en Allemagne et en Chine.


Arena, Well sans collants.
Nouvelle déception pour les ex-salariées de l’usine Arena de Libourne qui contestent leur licenciement. Elles réclamaient 50 000 € de dommages et intérêts devant les prud’hommes. Les 4 conseillers prud’homaux n’ont pu se départager et c’est un juge départiteur qui devra trancher dans plusieurs mois. Les ouvrières estiment qu’Arena est florissante et exporte partout. La société a délocalisé sa production de maillots vers la Chine et la Grèce, le jour même où Laure Manaudou, égérie de la marque (photo ci-contre), apportait sa 5e médaille à l’équipe de France à Melbourne. Quant aux 438 salariées des collants Well au Vigan (34), elles ont appris en novembre 2006 la délocalisation de la dernière usine présente sur le sol national.


Rouleau : Tex en Tunisie
2000 emplois dont 150 en France. Rouleau-Guichard ( siège toulousain), a délocalisé à 90% au Maghreb. Le spécialiste de la lingerie pour les hypers défendait pourtant le « Made in France ». Mais ils ont dû céder face à la pression concurrentielle.


Valéo déboulonne
La délocalisation progressive de l’activité câblage de l’équipementier automobile a provoqué la fermeture des sites de Cahors (123 emplois) et de Labastide-Saint-Pierre (450 emplois) dans le Tarn-et-Garonne. Un départ très mal vécu par les salariés. A Labastide, 270 ex-salariés avaient déposé une plainte commune. Le procès qui s’en est suivi a été celui de la mondialisation et des délocalisations. Le capital de Valeo fait aujourd’hui l’objet d’intenses spéculations avec, la présence de fonds de pension.


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Avenir. Les services partent aussi.
L’aéronautique choisit le Maghreb, l’informatique l’Inde
Le choix de faire fabriquer hors de Midi-Pyrénées dans le secteur aéronautique ne date pas d’hier. Le Toulousain Latécoère s’est installé depuis longtemps en République tchèque, au Brésil ainsi qu’en Tunisie depuis 1995. Il s’agit d’ailleurs plus de localisation que de délocalisation.

Mais les pays du Maghreb se sont bien lancés dans une vaste opération de séduction auprès des grands donneurs d’ordre. Résultat : le tissu régional est déjà victime de la concurrence marocaine. La Sopymep, une PME d’usinage (12 salariés) à Colomiers qui dépend à 35 % des commandes d’Airbus, a perdu une partie de sa charge de travail sur les trappes de train. Ne pouvant pas s’aligner sur les prix marocains, la PME a perdu 55 000 euros de chiffre d’affaires par mois.

La production de pièces a été la première activité à être touchée. Mais dans un proche avenir, c’est bien la matière grise qui est dans le collimateur. Studec, un bureau d’études de Blagnac qui dépend d’Airbus à 80 % vient d’ouvrir une succursale en Inde pour abaisser ses coûts et rester compétitif. La société d’ingénierie toulousaine Aeroconseil (940 salariés) s’est associée à Bangalore avec Genser Aerospace et prépare l’ouverture d’un bureau commercial en Chine et d’une filiale au Brésil. La PME, IGE + XAO a, elle, choisi depuis longtemps la Bulgarie pour développer ses logiciels. G. B.


Interview. Une vallée d’Ariège meurtrie par les fermetures de Péchiney.
Paul Suanez : « La machine capitaliste s’est emballée »

À la seule évocation de Pechiney, il s’enflamme. Intarissable, l’ancien salarié de l’aluminier se remémore ses années passées sous le harnais de Pechiney Hollande, avant de revenir travailler sur le site d’Auzat, en Haute Ariège. « Quand, dans les années soixante-dix, nous sommes partis avec les copains pour travailler au Pays-Bas, c’était une belle aventure, nous étions enthousiastes. La grande époque… » À 61 ans, Paul Suanez souffre aujourd’hui pour cette vallée meurtrie par la fermeture des usines d’Auzat et Sabart. Ce n’est pas tant le combat perdu qui le blesse mais les conditions dans lesquelles se sont jouées ces disparitions. « J’ai connu les grandes batailles de 68, 74 et 83. C’était dur, mais on savait qui on affrontait. On connaissait les patrons, ils étaient Français parlaient la même langue que nous, langue au sens du métier. Depuis, la machine capitaliste s’est emballée, elle va très vite, trop vite et nous écrase. Autour de la table, c’est Pechiney, puis Alcan, puis… Quand vous voyez les grandes manœuvres qui se préparent autour de Rio Tinto à Sabart et aux Talcs de Luzenac… C’est effrayant ». Engagé dans la vie publique locale (adjoint au maire à Tarascon), Paul Suanez garde un œil sur cette entreprise à laquelle il a consacré trente ans de sa vie. En pensant à « tous ces jeunes gens qui, en 2004, ont quitté l’Ariège vers les autres usines Pechiney, notamment en Maurienne. C’est cette classe d’âge de 18-35 ans qui fait défaut ici aujourd’hui ». Les statistiques officielles recensent près d’un millier d’emplois indirects perdus à la fermeture des sites d’Auzat et Sabart.

Et MITTAL le maharadja indien de la ferraille recyclée, vous connaissez ? Si vous passez par la Lorraine, il n’y a plus de sidérurgie. Les trains d’acier sont démantelés. Par contre, vous traversez la Sarre, cette petite rivière tranquille et de l’autre côté, c’est l’enfer des aciéries. La nuit le ciel est rouge vers Luisenthal, Saint Wendel à quelques kilomètres de Saarlouis. Curieux non ?

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