"Nous sommes des assassins"

Dans une vidéo à voir ici
Germaine Tillon et Yacef Saadi se remémorent leur entrevue à la Casbah, pendant la Bataille d’Alger.

"Nous ne sommes ni des brigands, ni des assassins", se défend d’abord Y. Saadi.

"Vous êtes des assassins !", rétorque G. Tillon.

D’abord sonné par cette affirmation, Saadi reconnaît :

"Exactement, nous sommes des assassins... bien malgré nous... nous sommes des assassins. Quand on pose une bombe et qu’il y a des amputés, on est automatiquement qualifiés d’assassins et nous le sommes.
C’est les conditions qui nous obligent à utiliser tout ce qu’on peut... on lutte pour notre indépendance...

Est-ce que j’aurais accepté que ma fille ait une jambe coupée ? Jamais ! Et je l’ai fait pour l’autre... alors j’ai pleuré, je me suis dit je recommencerai plus, je ferai plus de bombes. Moi-même je me haïssais..."

Pourtant, Yacef Saadi a continué de poser des bombes.

En Algérie, la violence a répondu à la violence, dans un cercle infernal où tous les coups semblaient permis. Nous, populations de ce pays le savons bien. Cependant rien n’excuse une telle violence, car d’autres moyens existent, tout aussi efficaces quant aux résultats. L’inde en est un exemple.

Alors, la sagesse et l’intelligence n’imposeraient-elles pas aujourd’hui, de cesser de nous chamailler comme des gamins dans une cour de récréation ?

Et l’honneur des deux pays ne se trouverait-il pas dans la reconnaissance de leur responsabilité commune,
une bonne fois pour toutes ?

Un demi siècle plus tard, attiser le feu, rejeter la responsabilité sur l’autre comme le fait si bien M. Boutefflika, c’est tomber dans l’absurdité.

Cette absurdité engendre la surdité. Surdité bien pratique pour cultiver rancœur, culpabilité et regrets éternels qui ne servent à rien, si ce n’est à occuper l’esprit des peuples. Exercice de prédilection permettant de s’absoudre de toute action réparatrice.

Que chacun assume ses actes, honore ses promesses, tienne ses accords. Voilà ce que réclament justesse et rigueur.

[marron]Note de la Rédaction :

Le film indiqué ici pour exposer l’aspect SAADI de la question, doit être reçu avec beaucoup de prudence. La propagande y est omniprésente par le fait d’un éclairage à sens unique.

Différents documents INA - Gaumont - Extraits d’actualités de l’époque et de journaux - Images postérieures à la période (surtout vers la fin) induisent une lecture non objective des évènements.

Bien entendu les avis évoqués ont leur valeur, mais comme tout le documentaire procède d’une logique anti française, nous émettons toutes réserves sur sa valeur historique et son utilisation politique.[/marron]