L’euro est mort mais pas sans drachme !

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L’euro est dans un état critique et son pronostic vital est engagé. Son membre le plus gangréné est sous perfusion. Les spécialistes réunis en urgence ne sont d’accord ni sur le remède ni sur le protocole le plus adapté. L’euro va donc mourir par manque de soins. 

On continue à se la raconter comme si tous voulaient croire cette histoire  : l’euro va bien, la crise ne l’a pas achevé  !
En effet, la crise n’est qu’un catalyseur circonstanciel qui facilite l’implosion de la monnaie inique, le problème de l’euro étant ailleurs  :
1. D’abord, l’euro est affligé d’une tare congénitale.
Conçu en dehors du mariage par une communauté étrange, il avait une douzaine de parents qui voulaient tous cet enfant mais qui n’étaient pas du tout prêts à l’accueillir dans un foyer commun. Il a donc été placé en institution dès son plus jeune âge  : la BCE où l’euro était encadré strictement. Cependant, ses parents agissaient envers lui selon l’idée que chacun avait de son avenir et ainsi, il a subi pendant ses jeunes années des influences contradictoires qui ont nui à sa croissance. Alors que le dollar, la livre et le yuan jouissaient d’un climat familial apaisé, l’euro était tiraillé entre des parents psychorigides, des parents laxistes et des cigales.
Cette enfance perturbée ne lui a pas permis de se forger une personnalité et de trouver sa place dans le monde où il vivait  !
2. Ensuite, il n’avait pas de repères.
Inconscients malgré les difficultés évidentes que rencontrait leur enfant, les parents se réjouissaient de leur exploit et vantaient les qualités de l’euro et le destin qui lui était réservé. A tel point que d’autres qui n’avaient pas réussi à élever correctement leur propre progéniture, demandaient s’ils pouvaient l’adopter.
Alors, magnanimes, les parents ont invités les candidats à l’adoption à les rejoindre dans leur commune. Ainsi, de 12 les parents sont passés à 17, étant bien entendu que la BCE permettrait à l’euro de voir tous les parents sans restrictions et que dans leurs foyers respectifs, chaque parent pouvait faire ce qu’il voulait avec l’enfant commun.
Après une enfance perturbée, l’euro est entré dans une adolescence où il a perdu tous ses repères tant il était trimbalé entre ses parents puritains des provinces nordiques et ceux frivoles et noceurs qui habitaient plus au sud.
3. Enfin, il a perdu ses soutiens.
Mark, un de ses géniteurs, estime que l’euro est mal en point. Son éducation permissive crée chez lui un spleen, un dégoût de l’existence qui augure mal de son avenir. Pour ce parent, ce mal est un cancer qui sera fatal à l’euro. Alors pour épargner des souffrances inutiles, Mark semble souhaiter une euthanasie salvatrice.
Ainsi, la maladie l’ayant affaibli, l’euro ne trouve plus chez ses parents le soutien nécessaire à son rétablissement.

Alors quel rôle jouent la crise et la Grèce dans tout ça  ? 

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,

L’euro (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,
Faisait dans l’euroland la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n’en voyait point d’occupés
A chercher le soutien d’une mourante vie ;
 
La Commission tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis

Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L’état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J’ai dévoré force budgets.
Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense
Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
 
Sire dit le français vous êtes trop bon Roi ;

Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, gaspiller les budgets,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d’honneur.
 
Ainsi dit le français, et flatteurs d’applaudir.

On n’osa trop approfondir
Du belge, ni de l’italien, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples maltais,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
 
Le hellène vint à son tour et dit : J’ai souvenance

Que la faim, l’occasion, l’insouciance, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je me suis permis quelques excès.
Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.
 
A ces mots on cria anathème sur Athènes.

L’allemand quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l’euro d’autrui ! Quel crime abominable !
Rien que la mort n’était capable
D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.
 
Selon que vous serez puissant ou misérable,

Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

FIN
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