Je suis allé voir le film..

, par  MORA , popularité : 41%

Un avis envoyé par le NET sur le film HISTOIRES à ne pas dire.

ALGERIE, histoire à dire VRAIMENT !

Je ne voulais pas rester sur une impression mitigée et surtout m’en tenir à mon commentaire ci-dessous, fait en réaction instantanée à la lecture des documents communiqués sur le film. Je me suis donc imposé d’aller le voir au Studio Médicis à Paris (prix d’une place à tarif réduit 3e âge : 16€,50 !).

Je maintiens mon propos, ô combien ! Et même je le renforce ! Je ne vois vraiment pas ce que des Pieds Noirs peuvent y trouver de ‘’MAGNIFIQUE’’ !

Visiblement, monsieur LLEDO, qui n’a trouvé ni le public ni le succès escompté en Algérie, malgré le soutien initial, retiré ensuite, des autorités algériennes, se retourne vers le public français, y compris les gogos PN pour essayer de rentabiliser son film, tourné pourtant à moindre frais (scènes intimistes filmées avec caméra portable, en décors on ne peut plus naturels, y compris à l’intérieur d’une voiture particulière, servant au déplacement de toute ‘’l’équipe’’ de tournage et de la personne interviewée).

Le premier épisode, nous montre un algérien, Aziz, professeur d’école d’agriculture, qui même s’il dit, à la fin, qu’algériens et pieds noirs auraient pu vivre en paix sur cette terre, est surtout préoccupé, tout au long de l’épisode, par la recherche de la trace, la mémoire, les circonstances de la mort (sur trahison ?) et même la tombe de son oncle, commandant d’un groupe (une katiba ?) de fellaghas responsable du massacre de français à Philippeville et à la mine d’El Allia.

Le père d’Aziz, dont celui-ci ne savait pas ce qu’il avait fait pendant le massacre de Philippeville (il avait été absent pendant un ou deux jours !) disparaît dans la répression de l’armée française ; Aziz, est alors recueilli et protégé par un colon français, qui, moyennant cela et aussi un soutient plus ou moins direct aux fellaghas - il facilite leur ravitaillement, notamment en intervenant auprès de militaires français pour qu’il laissent passer une camionnette transportant un chargement destiné au maquis FLN - bénéficie de la protection de l’oncle d’Aziz commandant de l’ALN.

Après la mort de ce dernier, et avant l’indépendance, le colon quitte l’Algérie … Plusieurs anciens fellaghas interviewés en cours d’épisode, racontent dans les détails et sans aucune émotion comment ils ont tué et égorgé plusieurs français, en particulier la femme du comptable de la mine d’El Allia, égorgée après son mari qui venait d’être tué devant sa porte : « le chef lui a tiré la tête en arrière, en la prenant par les cheveux et… ». Terrifiant !

Le deuxième épisode, nous met en présence d’une femme prénommée Katiba (tout un programme), présentatrice de radio (on n’assistera pas à son émission ni ne l’entendra ; en Algérie les émissions radio sont Top secret ?!!). Elle épanche la nostalgie de son enfance à Bab El Oued, avec sa nounou Pied Noir, Mamie Angelica, mais dit qu’elle a failli partir au maquis plusieurs fois ; elle admire les héroïnes du FLN poseuse de bombes, en particulier l’une d’elles que nous rencontrons avec elle.

Quand on demande à Katiba si elle aurait pu poser, elle-même, une bombe dans la maison de sa ‘’chère’’ nounou, mamie Angèle, elle répond clairement OUI ! Se promenant à Bab El Oued et à la Kasbah, sur les lieux de son enfance, elle est prise à partie par un ou deux passants, « retourne en France », qui la prennent pour une Pied Noire (elle est blonde ou teinte), elle joue le jeu un moment puis leur dit, assez fièrement, qu’elle est arabe. Aucune sorte de sentiment qui puisse passer pour un regret de la présence pied noir ne transparaît dans cet épisode, bien au contraire !

Le troisième épisode m’a fait l’effet d’un canular, monté de toutes pièce, complètement bidonné comme on doit le dire dans le métier de reporter ! Il s’agit de nous faire découvrir le (croire (?) au) souvenir ébloui impérissable et les regrets éternels qu’a laissé sur place le musicien (ou chanteur) Raymond LEYRIS, spécialiste de la musique arabo-andalouse, élevé au titre envié de cheik Raymond et supposé vénéré encore aujourd’hui comme une star (Natif de Constantine et son contemporain, un peu plus jeune que lui cependant, je n’ai absolument jamais entendu parler de lui !).

Les personnes interrogées n’expriment pourtant, là aussi, aucun sentiment, aucun regret et encore moins la moindre admiration : l’un dit qu’il occupe son ancien magasin, l’autre se rappelle qu’il jouait dans le même orchestre que Raymond et qu’un jour celui-ci, un peu fatigué, lui a demandé de le remplacer au luth, pour un mariage dans un village aux environs de Constantine, mais qu’il est arrivé pour tenir son poste au dernier moment ; un autre enfin parle de son assassinat et en accuse l’OAS ou les ‘’services secrets’’ français, sans en donner de raisons ni preuves (bien évidemment et on ne voit pas pourquoi ces derniers l’auraient assassiné).

Tous ces propos sont assez courts ou très brefs et même, à la fin ou un groupe d’amateurs écoute l’enregistrement (quel enregistrement, avec quel support ? De quel moyens d’enregistrement pouvait disposer un petit orchestre provincial, perdu dans une région en guerre, à une époque où le magnétophone en était à ses balbutiements ?), un morceau de musique, en principe, arabo-andalouse, dont on ne dit même pas si LLEYRIS participe à son exécution, l’assistance ne dit pas un seul mot, aucun commentaire, aucun regret, aucune louange !

Mais un des interlocuteurs se répands en propos plein de fiel sur les pieds noirs « qui prétendent maintenant que les communautés vivaient ensemble avec de bonnes relations alors, dit-il, que les arabes se tenaient à l’écart en ne souhaitant qu’une chose c’est que les français s’en aillent ! ». L’essentiel du discours sur LEYRIS est le fait du commentateur (LLEDO ?) en voix off ; c’est encore le commentateur qui dit qu’un petit un petit garçon de huit ou neuf ans (bien jeune pour le fan d’un musicien mort depuis plus de 45 ans !) est sensé s’être étonné de l’absence de l’illustre ‘’cheik Raymond’’ sur un mur commémoratif couvert de céramique décorée des portraits des grands maîtres locaux de la musique arabo-andalouse.

Mais on n’aperçoit, de façon fugitive, le petit garçon en question et son père ( ?), que de loin, de dos, le haut du corps et la tête occultés par de gros carrés noirs, et l’on nous dit que « pour des raisons de sécurité il était préférable de protéger leur anonymat » ( !!!???). On est donc invité à croire que parler d’une effigie à la mémoire de LEYRIS est plus grave que de parler de son assassinat.

J’ai eu nettement l’impression que cet épisode n’était là que pour donner du corps et un petit coup de pouce promotionnel aux récits du copain Enrico MACIAS, expert dans l’art de se positionner pour avoir un beau rôle, qui pendant un temps est allé partout, contant la légende du bon tonton Raymond, dont il affirme que l’assassinat a déclenché l’exode en France de tous les israélites de Constantine. LLEDO n’hésite pas à en rajouter une louche en disant dans son commentaire que cet événement a provoqué le départ de « tous les juifs d’Algérie » ! Les israélites oranais apprécieront !

ENRICO se serait peut être bien vu en héritier et continuateur de Raymond, donner un nouveau souffle à sa carrière, avec un nouveau public outre méditerranée. Le projet semble pour l’instant avoir fait long feu. Mais quel est le rapport de cette affaire avec les pieds noirs en général… ?

Le quatrième épisode nous transporte dans les années 1990 avec la flambée du terrorisme islamique et son cortège de meurtre et de misères diverses, et l’on nous met en présence d’un jeune homme, qui comme dérivatif aux difficultés de sa vie quotidienne a choisi de faire du théâtre….

Bien, mais je mes suis senti encore moins concerné par ce récit que par le reste et après plus de 2h,10 (durée annoncée de la projection 2h,40) de verbiage ou de récits d’horreur, j’en ai eu marre et je suis sorti ! J’ai peut être manqué quelque petites choses un peu moins négatives mais je ne le regrette pas, compte tenu de tout ce que j’avais vu jusque là !

Voilà aussi fidèlement que possible restitué ce que j’ai vu et ressenti. Je ne vois vraiment pas comment un tel film peut déclencher des éloges dithyrambiques, surtout de la part de pieds noirs ! Je ne conseillerais à personne de dépenser au moins 16€ pour aller voir ce film verbeux dont même les images sont sans intérêt, sauf qu’elles montrent beaucoup de bâtiments, de rues et de routes en pas très bon état, où les capacités algériennes d’entretien s’expriment clairement.

Pas de quoi réveiller notre nostalgie ! En revanche, il me semble que Libération n’a pas tellement changé de point de vue : ils ont certainement apprécié les récits par les anciens fellaghas de leurs glorieuses actions contre les pieds noirs représentant le colonialisme honni !

AM

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