Il s’en est passé, des choses, cette semaine... Vendéens, Chrétiens, Musulmans, Pieds-Noirs, même combat... ou presque

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Décidément, on croit avoir tout vu, tout bu, tout lu, et paf !, tous les matins, il y a un truc nouveau qui sort. Hier, c’était le referendum surprise de Georgios Papandréou - ils sont tellement passés maîtres dans l’art d’entuber leurs contemporains, la dynastie des Papandréou, que l’expression « se faire papandréouter chez les Grecs » a été spécialement créée pour saluer leur savoir faire -. Aujourd’hui, c’est l’incendie criminel du siège de Charlie Hebdo – il était de bon ton ce matin dans les milieux éclairés de s’indigner de cette atteinte intolérable à la liberté de la presse et d’expression réunies, tout en indiquant que c’était couru d’avance, qu’avec Mahomet à la « Une », c’est comme si les Charlies avaient exhibé un chiffon rouge au nez d’un taureau furieux, en espérant que l’animal allait sortir ses deux euros cinquante plutôt que le mettre en charpie. Deux jours avant, il y avait eu les émeutes de pacotille autour de la pièce « Sur le Concept du visage du fils de Dieu », de Romeo Castellucci, qui m’aurait sans doute inspiré un commentaire si j’étais allé la voir, d’autant plus que, comme elle est jouée dans un théâtre subventionné grâce à nos impôts, les places sont plutôt bon marché, et donc dans mes moyens, mais j’ai reculé devant l’odeur de merde, paraît-il insupportable, que le metteur en scène fait diffuser dans la salle pour que les spectateurs respirent mieux son propos. Là, on est apparemment descendu au fond de la fosse à purin, avec les félicitations de l’archevêque de Paris.

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Mais, finalement, c’est d’un tout autre sujet que je vous entretiendrai aujourd’hui, un sujet dont vous auriez bien tort de vous tamponner le coquillard : les guerres de Vendée, ou plutôt, pour autant que les mots aient encore un sens, le génocide Vendéen. Qu’est-ce que viennent faire dans Notre Journal, et après ce préambule, des « événements » qui se sont passés il y a plus de deux siècles, à l’autre bout de la France ?... Vous allez voir…

J’écoutais, il y a quelques jours, l’émission historique de Franck Ferrand, sur Europe 1, qui traitait donc des guerres de Vendée, dont l’histoire officielle a imposé depuis 1793 un cadre obligatoire que tout historien est sommé de respecter : une guerre civile, d’un côté les forces du progrès, les gentils bleus, en face les affreux blancs, nostalgiques de l’ancien régime, ennemis du progrès, de la liberté, de la fraternité, etc… Les « bons » historiens sont autorisés à signaler que, sur place, les soldats, un peu énervés par tant d’obscurantisme, on parfois perdu leur sang froid, et « un peu » assassiné des femmes ou des enfants par-ci, par-là, mais sans trop insister ; les guerres de Vendée, un "détail" de l’Histoire de france, pas de quoi en faire un fromage, non plus.

Etait invité de l’émission un historien breton, Reynald Secher, qui s’est mis à expliquer, preuves matérielles apparemment plus que probantes à l’appui, qu’il ne s’agissait pas d’une banale guerre civile, comme on en a connu somme toutes des dizaines en Europe à des moments charnière de notre histoire, mais d’un véritable génocide, voulu et ordonné par le Comité de Salut Public, Robespierre et Carnot en tête, validé par la Convention, et dont l’objectif était l’extermination de cette « race impure », le terme incluant nommément femmes (porteuses de futurs brigands) et enfants (futurs brigands eux-mêmes). Ce ne sont pas les soldats qui ont débordé, au contraire, des dizaines d’officiers bleus ont été guillotinés pour avoir refusé d’appliquer des ordres qu’ils considéraient comme criminels.

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Bon, me direz-vous, deux-cents ans après, qu’est-ce qu’on en a à faire, que les guerres de Vendée aient été un génocide plutôt qu’une partie de campagne ? Hé bien presque rien, si toute la profession historienne n’était tombée à bras raccourcis sur Reynald Secher, le traitant d’affabulateur et de falsificateur. Presque rien, si ce n’est que de démontrer, même deux-cents ans après, que le monde n’est pas si manichéen, qu’il n’y a pas d’un côté le bien (en 1793 les révolutionnaires, hier les communistes, Lénine, Staline, Mao, aujourd’hui les socialistes et leurs satellites), et de l’autre le mal (les conservateurs, sous toutes les formes, de la plus modérée à la plus extrême, tous à mettre dans le même sac), est un crime contre l’homme nouveau, porteur des espoirs de l’humanité.

Qu’il s’agisse en effet des Conventionnels de 1793, des Bolcheviks russes, de l’armée rouge de Mao, des Khmers Rouges cambodgiens ou des guerilleros cubains, ils sont le bien parce qu’ils ont voulu créer l’homme nouveau, égal, fraternel, libre, bref, parfait... Tout ce qui contrarie le projet de l’homme nouveau doit être ou bien reconditionné, ou, si c’est impossible, éradiqué. Une ambition aussi haute ne souffre pas que l’on s’arrête sur quelques excès, inévitables. Les guerres vendéennes sont parmi les premières de l’ère moderne à s’inscrire dans cette fiction idéologique qui domine plus que jamais la pensée contemporaine autorisée. Il est donc formellement interdit de soulever le voile, même deux cents ans après…

Cela paraît tellement loin de la guerre d’Algérie, et pourtant, pour nous, Pieds-Noirs, quelle leçon ! Parce qu’il ne faut pas nous faire d’illusion : les Pieds-Noirs sont considérés par l’histoire officielle comme les "blancs" de la guerre d’Algérie. Et si nous espérons qu’un jour des historiens courageux, ou simplement professionnels, se mettront en tête de soulever la chape de plomb qui pèse sur la fin de l’Algérie Française, dont la France commémorera en grandes pompes le cinquantenaire l’an prochain, avec moult repentances et inaugurations de rues ou squares du 19 mars 1962, nous risquons d’attendre au moins aussi longtemps que les Vendéens. Heureusement, il parait que des chercheurs Français ont trouvé moyen de rajeunir des cellules de vieux. Il faudrait qu’on fournisse un vieux Pied-Noir à la Science, pour qu’il y en ait au moins un qui vive ce moment.

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