Harkis & PN (suite)..

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Nous sommes tous des Pieds-Noirs trahis.
(Suite à l’article de JP Ballester, "Harkis & Pieds Noirs, où se trouve la différence ?")

Voilà le genre de discours qu’un fils de Harki fier de l’être aime à entendre ! Autant celui de Danièle que l’article de Jean-Pierre.

Quand vous interrogez les Harkis sur leurs choix de 1955, il vous disent "Cinquante ans après, je le referais !" Pourquoi : parce que, au-delà des tragique vicissitudes de l’Histoire (abandon, massacre, relégation dans les camps, refus de la reconnaissance et de la réparation, stigmatisations en tous genres, provocations des Algériens relayées par leurs amis porteurs de valises, etc), les Harkis continuent d’aimer la France. ET, dussent certains en crever de jalousie, IL SE BATTRAIENT ENCORE POUR ELLE, S’IL LE FALLAIT. Tout simplement parce qu’ils savent très bien faire la différence entre la France qui les estime et les reconnaît et celle qui les hait d’être encore aussi fidèles malgré cinquante ans de désinformations et de mensonges. Autrement dit, comme les Pieds-Noirs, les Harkis sont des Patriotes (1) (Je me demande d’ailleurs si les Harkis et les PN ne sont pas les derniers des Patriotes ? Mais enfin, comme disait le grand Victor, "S’il n’en restait qu’un, je serais celui-là", n’est-ce-pas ?)

Du reste, nos ennemis, qui, bien souvent, siègent aux instances censées nous défendre, n’ont de cesse, depuis que nos mouvements de défense existent, de nous séparer les uns des autres. Il fut un temps où ils avaient, à cet effet, inventé la formulation "Français musulmans", puis "FMR (Français musulmans rapatriés) puis "RONA" (Rapatriés d’origine nord-africaine (encore un peu et ils appelaient les Pieds-Noirs "ROC", Rapatriés d’origine contrôlée !), j’en passe... A la MIR (Mission interministérielle aux Rapatriés que j’appelle volontiers le "Bureau des affaires indigènes") il y a deux sections : une section PN et une section Harkis. Autrement dit, même au plus haut niveau de l’état, on essaie, et on y est parvenu jusqu’à présent, de convaincre les Harkis et les Pieds-Noirs qu’ils étaient différents. Une façon de faire croire aux uns qu’ils étaient des coupables (les colonisateurs) et aux autres qu’ils étaient des victimes. Tout cela pour faire oublier aux uns et renier aux autres la cause réelle et sacrée de leur combat commun : l’Algérie française.

En 1993, dans un meeting politique à Béziers, j’avais dit : "Nous sommes tous des Pieds-Noirs trahis !" Merci à toi, Jean-Pierre de me citer sans me connaître ! Et nous sommes aussi des HARKIS. Nous voulons porter haut ce nom, ce titre même, car il contient toute notre histoire, il dit notre itinéraire et il exprime nos aspirations à la reconnaissance, à la réparation et à la francité par le sang versé. Parce que, nous, les Harkis, ne voulons pas être assimilés aux Français à titre alimentaire, qui ont plusieurs nationalités et dont on sait bien quel camp ils choisiraient si la France se trouvait confrontée à leur pays d’origine. Il nous résume, en somme. C’est pourquoi nous le portons fièrement.

Non pas pour qu’il nous sépare de vous, les Pieds-Noirs mais pour qu’il nous rapproche de vous.

Pour autant, Jean a raison : nous sommes des Français d’Algérie, tout simplement. Et je dois dire que j’éprouve comme une jubilation à prononcer ces mots en un temps où il y a si peu de Français en Algérie, un peu comme si, dans une sorte de pied-de-nez à ceux qui nous en ont chassés, je me réappropriais un peu de la terre de mes aieux.

Kader Hamiche - La Sentinelle

(1) A la manière de Barrès, de Droite et Péguy, de Gauche, qui se retrouvaient dans ce qu’ils appelaient le "nationalisme mystique".

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