Entre nous, vous avez la parole Vivre sa vie avant de la gérer
Lorsque la pompe à huile tombe en carafe ayant comme conséquence de gripper la barre, lors d’un coup de tabac on casse le grand mat. Pour retrouver les tourelles, le sémaphore, les mâts de signaux et de pavillons du port, il faut fabriquer une fortune et y hisser un peu de toile au tiers pour retrouver l’entrée de la rivière entre le feu de Bodic et le feu de la Croix en tirant des bordées. On fait réparer et on en profite pour passer en cale de radoub où on fait refaire la coque. La révision quoi ! Ça donne à réfléchir sur sa condition, physiquement, c’est ce qui m’est arrivé.
D’où…
… la mémoire serait-elle un labyrinthe où se tapissent en catimini des silences traumatiques, où s’enfouissent des souvenirs froissés qui, lorsqu’ils se déplient et reprennent leur forme comme un métal à mémoire, mémoire dans le sens de reprise de forme initiale, font trop de mal à force de mystifier l’évènement quand notre temps devrait être celui de l’individu ? C’est de là que vient la faiblesse tant de la pensée que de l’action. Quand un ensemble d’individus ne constitue en rien un authentique groupe en plein épanouissement, il n’existe qu’en dénaturation de démarche individuelle et d’arrivisme, image virtuelle de fraternité en groupe de pression risquant des dérives perverses. Quand un travail sur soi même apporterait le souci de la compréhension des autres vers une spiritualité libre. Spiritualité dans le sens intégral, comme tout un chacun se doit de savoir, philosophie qui considère l’esprit dégagé de toute matérialité et sensualité particulière entraînant un pouvoir personnel, individuel sur les autres. C’est un argument suffisant pour rester fidèle à une vocation qui ne devrait pas ressembler à un substitut immonde concocté avec des erzatz’s d’informations et de vouloirs malodorants. Ceci s’opposerait à un matérialisme dominant ? Je ne suis pas certain qu’il existerait un matérialisme dominant mais plutôt une domination économique outrancière et un mercantilisme sans partage de commerce et d’idéologies dépassées qui rendraient difficile la possibilité des vraies pensées et actions. Le maître de notre temps est celui de la gestion, temps où l’on doit gérer ses problèmes, gérer son stress, gérer son temps, gérer sa vie. Ne pourrait-on pas recommencer à penser les choses, les bonnes, et vivre une vie avant de la gérer ? Il suffirait redonner le goût des idées, neuves, de la pensée, de la conscience surtout, pour engendrer un renouveau dans le respect des droits de toute personne.
Cependant cette volonté est de l’ordre de la liberté et nul ne saurait contraindre quiconque à faire. Le vrai secret serait franchir la porte de la maternelle et sortir d’une philosophie du soupçon. L’expérience initiatique vers l’adolescence de l’individu, car à mon avis l’individu n’est pas encore à ce stade, c’est non seulement de ne pas accepter de prendre des baffes, je n’ai pas longtemps vu cela, mais aussi de les rendre. Je pense que l’expérience viendrait vite, et d’une révolution dans le sens de changement, mais bien entendu pas dans le sens de forcément couper des têtes. Une révolution ne se construit pas avec des ventres pleins, mais avec de la souffrance. Y a-t-il assez de plats ventres vides à notre époque où on remplis ces ventres vides de manière à ce qu’il n’y ait pas de flatulences nauséabondes vers des individus qui tendent à avoir des ventres bien rebondis ?
Demain, on quittera le vieux roc de ma lande sorti des vieilles entrailles de ma terre, celui qui comme moi montre son nez têtu aux vents de norois. Si toutefois les cirrus n’apparaissent pas dans la soirée et qu’il n’y ait pas saute de vent. Fatigué, je me porterai à l’avant du bateau car il y a un instant où il faut s’asseoir et passer le quart au second ou au bosco. Pour le moment, il patienteront un peu avant de chanter en mon honneur : Ich hatte einen kameraden.
« Allez… embarquez les garçons… double ration de rhum si vous souquez ferme ! », mais si vous voulez me faire plaisir, dites moi donc ce que vous en pensez, vous avez la parole :