Après l’Eté meurtrier de 1956
Fancis Attard dira dans Historia Magazine « La guerre d’Algérie »
« A Alger, l’année 1957 qui vient à peine de naître menace d’être pire que 1956. En quelques mois, la capitale de l’Algérie qui se croyait à l’abri de la guerre a basculé d’un seul coup dans la violence. C’est le temps de la peur, de la mort, du sang, de la haine,entre les deux communautés ».
Entre le 20 et le 22 juin, sur ordre de Yacef Sâadi , 72 attentats feront 49 tués et blessés .
« Tuez tous les européens isolés que vous rencontrerez » avait-il ordonné.
A ces atrocités, répond une tentative de contre–terrorisme qui à son tour, entrainera la série d’attentats à la bombe dans les lieux publics de septembre.
C’est le début de la Bataille d’ Alger.
Il faut, par tous les moyens, arrêter les tueries qui se multiplient dans la ville.
Appelés en renfort dans tout le pays, les militaires vont faire un travail de « police » pour traquer les terroristes qui se terrent dans la Casbah d’Alger .
Aux zouaves du Capitaine Sirvent viennent s’ajouter les parachutistes de la 10ème D.P.
Le général Massu obtient les pleins pouvoirs « civils et militaires » pour anéantir la rébellion.
Ils devront agir vite, car dès le mois de janvier 1957, un mot d’ordre de grève générale est lancé par les chefs F.L.N.
L’état major du Général Salan intercepte dans le Constantinois un commissaire politique porteur des directives du comité central d’exécution. Le but : « … montrer au monde l’adhésion totale du peuple algérien à la cause F.L.N … ce sera la première et véritable répétition de la nécessaire expérience pour l’insurrection générale ».
Il faut, par tous les moyens, empêcher cette grève qui risque de tourner à l’émeute.
Les contrôles dans la Casbah s’intensifient. Les patrouilles militaires se multiplient .
Yacef Sâadi qui loge au 3, rue Caton dans la Casbah chez son bras droit Ali la pointe, décide de frapper à nouveau les français. Il sait, il sent que les parachutistes vont le retrouver. Avec l’accord de Ben m’Hidi, il va répéter l’action de septembre et envoie « ses femmes » poser des bombes. La date est fixée au samedi 26 janvier.
Ce sera Danièle Minne - que Abdelkader Guerroudj appelle Djamila - la fille de Jacqueline Netter, militante du Parti communiste, qui posera sa bombe meurtrière à l’Otomatic rue Michelet. Au même moment en face de l’Otomatic, dans la même rue Michelet, Zoubida Fadila dépose son engin de mort à la Cafétéria . A la terrasse du Coq Hardi , rue Charles Péguy, Djamila Bouazza dépose « sa bombe » sous le pied en fonte du guéridon sur lequel elle prend sa monnaie et sort se mêler à la foule des passants de la rue Michelet.
Les bombes éclatent à quelques minutes d’intervalle. C’est l’enfer.
« Les morceaux de verre et les éclats de fonte pénètrent dans les chairs, sectionnent les veines, les artères, on patauge dans le sang. »
Le bilan est lourd. On compte cinq morts et plus de soixante blessés, mutilés pour la plus part.
Cette année marquera un tournant dans « les évènements d’Algérie » . Le fossé qui sépare les deux communautés ne pourra plus jamais être comblé. La population européenne d’ Alger est meurtrie, anéantie et révoltée à la fois. Mais elle n’est pas au bout de ses peines.
Cependant l’étau se resserre autour de Yacef Sâadi. Inlassablement, les parachutistes vont exploiter le moindre indice et explorr le moindre recoin pour le retrouver.
Aidés en cela, par les arrestations qui se multiplient en ce début d’année, et les prisonniers qui n’hésitent pas à « donner » leurs complices.