Algérie-France ... France-Algérie

, par  Jean Claude THIODET ✞ , popularité : 30%

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article de Roger SONCARRIEU (reçu par mail)

Algérie-France, France-Algérie : des questions toujours sans réponse

Régulièrement, des événements, des manifestations, des déclarations, des prises de position font qu’un certain nombre de questions reviennent sur le devant de la scène.

Les repliés d’Algérie de toutes confessions, les anciens combattants et plus spécialement ceux d’Afrique du Nord, sont particulièrement sensibles à tout ce qui touche à l’Algérie, aux valeurs qui sont celles de la France, au drapeau ou encore à l’hymne national. Et nombre de questions sont ainsi toujours sans réponse

À quand la repentance de l’Algérie ?

- repentance pour les crimes commis au nom de l’indépendance ;
- repentance pour les crimes commis gratuitement, après l’indépendance : assassinats, viols, tortures, enlèvements touchant aussi bien militaires, que Français de souche européenne ou Français de souche nord-africaine dont quelque 150 à 200 000 Harkis.

A quand, pour l’Algérie, une reconnaissance de ce qui a été accompli par la France en Algérie : mise en valeur des terres, constructions de villages, de villes, de routes, de voies ferrées, d’aéroports, éradication des épidémies qui y sévissaient, constructions d’hôpitaux, mise en valeur du Sahara et de ses richesses, etc. ?

A quand les accords d’Evian de 1962 enfin respectés par les autorités algériennes ?

A quand le remboursement des biens laissés en Algérie ?

A quand le remboursement des sommes énormes investies par la France au nom du plan de Constantine lancé à partir de 1959 ?

A quand la repentance de l’Etat français ?

- pour n’avoir pas su, ou voulu, protéger les Harkis après le cessez-le-feu du 19 mars ;

En 2007, le candidat à l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy déclarait :

« Si je suis élu, je veux reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre des Harkis, afin que l’oubli ne les assassine pas une nouvelle fois. »

Simone Veil,

lors de sa réception à l’Académie française (mars 2010) déclarait quant à elle : « En Algérie, des musulmans avaient accepté de servir dans l’armée française. On les appelait les « moghaznis », ou plus communément les « harkis ». Les accords d’Évian stipulaient qu’aucun Algérien ne serait inquiété pour ses engagements passés, notamment dans l’armée française. Les autorités françaises voulurent croire à ce traité et mirent tout en œuvre pour qu’il fût respecté. La plupart des harkis durent ainsi rester en Algérie, en but à l’opprobre et souvent à d’horribles représailles. La tragédie de ces familles entières abandonnées laisse en tout cas une tache indélébile sur notre histoire contemporaine. »

- pour n’avoir pas su, ou voulu, protéger la population européenne et, notamment, laisser les Pieds-noirs se faire massacrer à Oran, en juillet 1962 ;

- pour avoir laissé certaine unité militaire ouvrir le feu sur des Pieds-noirs manifestant pacifiquement le 26 mars 1962, à Alger.
A quand la reconnaissance du machiavélisme de l’ancien président de la République, Charles De Gaulle, revenu au pouvoir en 1958 pour conserver les départements français d’Algérie dans la France ?

A la revue Historia (n° 122 de novembre-décembre 2009) qui lui posait la question de savoir quel était l’acte de trahison le plus retentissant de la Vème République, Georges Duhamel a répondu « Sans hésitation, celui du général de Gaulle vis-à-vis des Français d’Algérie ».

Dans National Review, Thomas Molnas écrivait en septembre 1962 :

« Pour la honte éternelle de la France, de Gaulle s’est comporté envers la population profrançaise d’Algérie –aussi bien d’origine européenne que d’origine musulmane- comme s’il s’agissait de criminels et il a autorisé d’incroyables atrocités perpétrées contre elle par la gendarmerie mobile, tandis que dans le même temps il ordonnait à l’armée de ne pas gêner les sévices, les enlèvements et les massacres du FLN. »

A quand Charles De Gaulle devant le tribunal de l’Histoire ?

A quand, en France, l’interdiction, dans les salles de cinéma et sur les chaînes de télévision, de films ou de documentaires à la gloire du FLN, des poseuses de bombes ou des porteurs de valises (alors que dans le même temps, les soldats français sont régulièrement présentés comme d’affreux tortionnaires) ?

A quand, dans les manuels d’histoire confiés à nos élèves, une présentation vraie de la guerre d’Algérie ?

A quand le rôle de l’armée française et des appelés qui ont servi en Algérie enfin reconnu ?
- comme étant une réponse aux embuscades et aux attentats du FLN ;
- comme étant aussi une réponse aux besoins de la population en matière d’enseignement, en matière de soins, en matière d’aide aux récoltes, en matière de travaux de toutes sortes.

A quand l’interdiction de la célébration du 19 mars 1962 qui, si elle est une date à commémorer en Algérie, représente en France une injure faite aux morts et aux disparus, malheureusement fort nombreux, d’après le 19 mars ?

A quand notre hymne national et notre drapeau respectés quelles que soient les situations ? A quand les chansons ou écrits « anti-France » interdits de diffusion ?

Inadmissible en effet, des manifestations comme celle de Toulouse (c’était lors du match de football Algérie-Egypte), qualifiée de « festive » par notre ministre de l’Intérieur, ou plus récemment à Villeneuve Saint-Georges (Val-de-Marne) où un drapeau a été remplacé par le drapeau algérien tandis que d’autres drapeaux français étaient enlevés (quand ils ne sont pas brûlés).

Inadmissible aussi les rappeurs ou éditorialistes qui, régulièrement, ont des paroles ou des écrits scandaleux, voire obscènes, vis-à-vis du pays qui les accueille.

Une bonne nouvelle cependant pour terminer ces lignes : le nom qui vient d’être donné à une nouvelle promotion d’officiers à l’école d’application de l’infanterie (EAI) de Montpellier. La promotion s’appelle en effet « Lieutenant Youssef ben Brahim  ».

D’abord membre du Front de libération nationale algérien, Youssef ben Brahim n’approuvant pas la politique terroriste pratiquée par le FLN s’est ensuite rallié à la France pour, selon la devise du commando Georges – dont il fit partie pendant trois années – combattre la misère. C’est le nom d’un beau soldat qui sera ainsi porté par une génération d’officiers.

Roger Soncarrieu

La Tribune libre

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