Vous n’aimez pas l’Equipe de France ? Honte à vous, mauvais Français !

, popularité : 9%

Les Français n’aiment pas « leur » équipe de France de football. C’est un fait : il y a eu des sondages formels là-dessus, et les journaux sont farcis des diagnostics savants de docteurs es-café du commerce, sur les causes et conséquences de ce désamour catastrophique pour le chiffre d’affaires des grandes surfaces et des médias, et la cote de popularité de notre Président.

Ah ces Français ! Toujours à râler, jamais contents, versatiles à brûler aujourd’hui ce qu’ils ont adoré hier, et le contraire le lendemain. Certes, reconnaissons que le sélectionneur a plutôt loupé sa communication, c’est vrai, que les joueurs n’inspirent pas une sympathie débordante, encore vrai, que le jeu de l’équipe est plutôt affligeant, toujours vrai, que les résultats ne sont pas à la hauteur des rémunérations astronomiques de nos virtuoses du pied (ou pour certains de la main), hélas vrai encore !

Mais balayons ces critiques stériles. Nos responsables footballistiques, qui, je vous le rappelle, sont seuls compétents, affichent une confiance inébranlable en notre sélectionneur bien aimé et son équipe : quand les premiers bons résultats vont tomber, c’est pour dans pas longtemps, nous rassurent-ils, pas le premier match contre l’Uruguay, on a fait match nul mais notez qu’on aurait pu gagner, encourageant quand même, peut-être contre le Mexique, mais le Mexique c’est un gros morceau, faut pas trop demander… mais sûr, contre l’Afrique du Sud, alors là, on va cartonner… Et quand on se sera qualifiés, à l’arraché, les râleurs d’aujourd’hui se transformeront en supporteurs in-con-ditionnels, comme d’habitude !

Allons, Français de peu de foi ! Puisqu’on vous le rabâche depuis des semaines, que ce sera comme en 2006, comme avec Kopa et Fontaine, comme avec Platini. Et Jacquet, vous vous souvenez, ce qu’on disait sur Jacquet, et ils ont été champions du monde, les Deschamps, Blanc, Barthes, Zidane, Thuram, Dessailly, Djorkaeff et autres Petit, Karembeu ou Lizarazu… Et c’était qui, les gros cons ? Tous ceux qui critiquaient…

Eh bien moi je vous dis : « ça suffit » ! Ce qu’on essaie de nous faire avaler, encore aujourd’hui samedi, après le match affligeant de l’Equipe de France contre une équipe d’Uruguay qui n’aurait dû faire peur qu’aux corbeaux, on est les premiers au Monde à qui on le fait. C’est une expérience unique à cette échelle, suivie de près par tous les candidats manipulateurs du monde entier. Si les Français avalent ça, on pourra faire prendre à tous les peuples de l’Univers des joueurs de flûte pour des joueurs de foot, des vessies pour des lanternes, et une augmentation des impôts pour une baisse des taxes.

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Non, cette équipe de France n’a rien à voir avec celle de Kopa, de Platini ou de Jacquet. A leur époque, même quand les joueurs n’étaient pas au mieux, ils savaient au moins ce que représenter la France veut dire. Ils avaient « l’amour du maillot », et ils le « mouillaient », même si dire ça aujourd’hui vous fait prendre pour un gogol. Et c’était vrai de tous les joueurs. D’origine Française, Européenne, Arménienne, Africaine, Ultramarine ou Esquimaude, ils étaient tous Français, et fiers de l’honneur qui leur était fait de représenter la France. Et ça ne faisait aucun doute pour personne.

Arrêtons de nous cacher derrière notre petit doigt : le désamour entre les Français et l’équipe de France de football d’aujourd’hui tient à une cause, et une seule : les Français, qui sont moins cons qu’ils en ont l’air, ont bien compris que trop de joueurs de cette équipe se comportent comme des « Français de fortune » pour qui une sélection nationale, c’est beaucoup, beaucoup d’euros en plus sur leur fiche de paye, et rien d’autre.

Vous trouvez que j’exagère ? Savez-vous que l’inénarrable Domenech a invité à Clairefontaine des historiens et des philosophes pour qu’ils expliquent aux joueurs ce que porter le maillot de l’équipe de France impliquait ! D’accord, le football, ce n’est pas la guerre, la patrie en danger, tous derrière le drapeau, mais en arriver à ce point !

Et encore autre chose, dont aucun média n’ose parler franchement, ou alors par le biais de blogs plus ou moins sous-marins : savez-vous qu’il n’y a pas que les supporters qui ne se reconnaissent pas dans cette équipe, il y a aussi des joueurs qui s’y sentent mal. Tenez, comment expliquez-vous que Mexès ou Escudé, indiscutables en Italie ou en Espagne, se mettent à jouer comme des fers à repasser dans cette équipe-là ? Que Gourcuff ou Lloris, pour citer deux titulaires de l’équipe, jouent toujours très en deçà de leur talent en équipe de France, sans compter que certains de leurs petits camarades font tout pour qu’ils se plantent ?

Bon, on va quand même arrêter de taper sur les joueurs, même s’ils le méritent. A leur décharge, le désamour entre les Français et leur équipe de football n’est pas un phénomène isolé. Il n’est qu’une des manifestations de la faillite de la gouvernance de la France : à vouloir violer notre conscience nationale en lui imposant une France multi-culturelle, communautaire, sans saveur et sans valeurs, au nom d’un droit de l’hommisme dégénéré, on en arrive au résultat catastrophique que l’on sait : nos jeunes générations n’ont plus le moindre repère, et n’ont pas vraiment de raison de se sentir plus Françaises que Patagones. Et c’est vrai que l’on soit Français d’origine ou d’importation, petit dealer des banlieues chaudes ou footballeur de luxe. C’est aussi bête que cela. Et ce qui reste de Français en nous ne s’y trompe pas.

Pour conclure, et bien que je n’y croie pas vraiment, rêvons, soyons fous, admettons que cette équipe nous surprenne en bien. La France, à la surprise générale, gagne la coupe du Monde. Le pays sera dans la liesse, les commerçants spécialisés se frotteront les mains, mais ces joueurs-là ne laisseront aucune trace, ni dans nos mémoires, ni dans les registres des impôts.

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