L’équipe de France de foot n’est pas sortie du trou. La France non plus
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En toute modestie, je suis assez content de moi. Parce que si vous relisez les tribunes que j’avais consacrées en 2010 à l’équipe de France de foot (soit dit en passant, maintenant que Hollande a donné un coup de pouce de 0,6% sur le smic, vous êtes inexcusable si vous prétextez le manque de moyens pour ne pas vous abonner pas à Notre Journal), vous remplacez les noms des disparus par ceux des parvenus, et ça marche au mot près. [1]
Alors, comme ça, on vous aura une fois de plus expliqué que ce sont des sales gosses, qu’ils gagnent beaucoup trop d’argent, qu’ils sont mal entourés, qu’ils ne sont ni plus ni moins que le reflet de la génération actuelle, blackberry, casque audio et lunettes noires, qu’ils ont un pois chiche dans le crâne, que c’est un problème d’encadrement, que Laurent Blanc aurait dû être plus exigeant avec eux, oui, mais comment, puisque les amendes privées sont illégales en France, alors que chez les Anglais, par exemple, c’est très facile : un pet de travers et hop, une semaine de salaire en moins (une broutille, entre 100 et 250.000 euros)…
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Eh bien non, n’en déplaise à nos autruches, ces explications ne tiennent pas debout, et il n’y a que les Français qui ont voté à gauche en pensant que le smic allait être augmenté d’au moins 5%, et la retraite redescendre pour tout le monde à 60 ans, pour gober ça. Le mal de l’équipe de France de foot n’est pas une pandémie qui contaminerait tous les jeunes du monde, c’est le mal de la France. Le sport le plus populaire du pays des Droits de tout le monde et des Devoirs de personne est aussi celui qui représente le plus fidèlement ce que les Français sont devenus, et s’il nous représente mal, c’est parce que nous allons mal.
Tenez, aujourd’hui, qui de vous se sent fier d’être Français ? Avez-vous vu les images de la Porte de Brandebourg et de l’avenue Unter den Linden à Berlin ? Un million et demie d’Allemands tous les soirs de matchs pour encourager leur équipe nationale ! Avez-vous vu les joueurs Italiens, Anglais, Danois, Irlandais, et jusqu’aux Grecs (oui, même les grecs !) ? Prêts à mourir sur place, teigneux jusqu’à la dernière seconde, ne baissant jamais les bras, même avec deux ou trois buts dans la musette. Et, pour changer de sport, avez-vous vu Fernando Alonzo, après le grand prix de formule 1 de Valence, heureux comme si c’était la première victoire de sa vie ? Les joueurs Allemands, Anglais, Italiens, Espagnols, ou Fernando Alonzo, sont parmi les sportifs les mieux payés du monde. Ils ont l’âge de nos joueurs, ils font partie de la même génération Facebook. Des blackberry’s, des casques audio et des montres bling bling, ils peuvent se les payer en diamants, si ça leur chante. Ça ne les empêche pas d’être fiers de représenter leur pays…
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Et eux, on n’a pas besoin de faire venir à Clairefontaine des philosophes et des historiens pour tenter de leur expliquer ce qu’est leur nation, et l’honneur qui leur est fait en leur permettant de la représenter. Il est vrai qu’à eux, on ne leur a pas inculqué depuis tout petits que le pays dans lequel ils vivaient, qui les avait éduqués, soignés, formés, était un sale pays colonialiste, dont il fallait pour les uns en avoir honte, et pour les autres exiger qu’il se repente jusqu’à la fin des temps de tous ses prétendus crimes. Chez eux, on leur a appris que quand on bénéficiait de la carte d’identité nationale, peu importait que l’on soit souchien ou d’origine étrangère, mais que le respect du drapeau, de l’hymne national, et tout ce qui va avec n’était pas négociable. On ne leur a pas raconté qu’ils avaient tous les droits et aucun devoir, que la France était un morceau de terre comme un autre, qu’être Français ne voulait rien dire, qu’ils auraient tout aussi bien pu être patagons, que c’était sans importance et sans conséquence.
Alors les Anglais, les Allemands, les Italiens, enfin, tous les autres, quoi…, à qui on n’a pas expliqué que le monde d’aujourd’hui avait changé, quand ils jouent au foot pour leur pays, ils font tout leur possible pour gagner, les abrutis !