Le Fln et la torture

, par  Danièle LOPEZ , popularité : 24%

Nous avons vu dans les précédents articles du dossier du mois consacré au Parti communiste dans la guerre d’Algérie, comment les européens français avaient contribué à la fabrication des bombes qui tuèrent tant de civils à Alger , Oran , Constantine et ailleurs dès le début de novembre 1954.

Dans ce qui fut plus tard appelé « La Bataille d’Alger » les pertes humaines se sont chiffrées par plusieurs centaines dans une guérilla sans merci qui opposait les terroristes à l’armée française.

Le rôle du FLN consistait à faire exploser des bombes et des grenades et à tuer un maximum d’européens dans les lieux publics . Faire régner la terreur pour prouver - ou se prouver – qu’ils étaient les meilleurs.

Tous en furent victimes, algériens , européens et militaires.

Mais si ce mode opératoire était valable - et reste plus que jamais d’actualité pour les terroristes - dans les grands centres urbains, il en allait tout autrement dans les villages, dans les mechtas sur les routes qui y menaient.

Le terrorisme, c’ était avant tout, la torture .

Dans une guerre où deux nations belligérantes s’affrontent, on tue pour ne pas être tué.

Le 5 avril 1957 , François Mauriac écrit :

« Nous ne sommes pas plus noirs que les autres, la guerre des partisans qui nous est imposée ne relève pas des droits traditionnels, ni du code qui réglait les conflits entre nations civilisées.. »

En Algérie, le FLN ne tuait pas pour éliminer un adversaire. Les fellagha, avant de tuer un français, devaient avant tout, jouir du plaisir de voir souffrir leur victime et s’acharner sur elle. Celui qui était désigné pouvait être européen ou militaire, mais très souvent algérien, s’ils le considéraient comme un traître.

La torture n’était pas alors utilisée pour « faire parler » l’ennemi, elle était « l’œuvre de l’assassin » dans laquelle celui-ci mettait autant de haine et de sauvagerie que de savoir-faire. Une œuvre dont il était fier.

témoignage d’un officier de l’ Armée française

Longtemps il a été dit que ces assassins tortionnaires devaient prouver, dans l’horreur des mutilations qu’ils infligeaient, l’impossibilité de celui ou celle qu’ils envoyaient dans l’au-delà, de se retrouver, entier, face à Dieu. Rien ne l’a prouvé .

Mais lorsqu’on a vu les tortures que portaient les cadavres qu’ils laissaient derrière eux, très vite on ressentait, avec horreur, la démence qui les habitaient dans la barbarie de leurs actes.

Il est très difficile de soutenir son regard devant un cadavre mutilé même et surtout s’il s’agit d’une photo et que l’on imagine, alors, ce qu’a enduré l’homme - ou la femme - qui s’est trouvé face à ses assassins.

Nous ne parlerons pas des jeunes enfants ou des bébés.

Afin de ne pas heurter la sensibilité des lecteurs, il est impossible de publier, dans quelque presse que ce soit, les photos des tueries commises par les terroristes du FLN , sous peine de passer pour d’ignobles provocateurs.

Pourtant, ces photos et ces vidéos existent. Le très sérieux Institut National de l’Audiovisuel met à la disposition des internautes des reportages insoutenables sur la guerre d’Algérie.

Les victimes de El Halia

Les mutilations La terreur Les attentats

Le massacre de Palestro

Les enfants mutilés

Quand on sait avec quelle pugnacité nos détracteurs - en général – et la gauche française - en particulier - accusent sans vergogne l’ Armée Française et l’OAS , de toutes les tortures pratiquées en Algérie, il est important de situer ces témoignages dans les années de 1954 à 1958.

Il ne fait aucun doute que celles-ci sont bien antérieures à la création de l’ OAS , cet organisme créé pour la sauvegarde de la France en Algérie puisque celle-ci n’a vu le jour qu’en avril 1961. Il ne peut donc y avoir confusion.

Ainsi, lorsque les médias accusent d’actes de torture l’armée française, ils devraient, avant de publier leurs papiers, consulter leurs archives et faire un lien avec la réalité du terrain pendant toute cette période de la guerre d’indépendance.

"Le 3 décembre 1960,
lors du Comité de Vincennes, Jules Monnerot déclare :

« … la campagne des tortures est l’une des opérations de guerre psychologique les mieux réussies de l’époque… »"

Ce qui ne veut pas dire que la torture n’a pas existé au sein de notre armée. Les services de renseignements de l’armée en sont convenus :
« Il fallait obtenir des aveux qui permettraient d’éviter de nouveaux attentats, de nouvelles embuscades et épargner des vies. »

Nous savons également que la gendarmerie, corps d’armée s’il en est, a excellé dans cet art dès 1961 quand, au lieu de traquer les terroristes du FLN, elle s’est ingéniée à torturer les français d’Algérie , hommes, femmes et adolescents dont le seul crime était de crier "Vive la France".

Plusieurs ouvrages font référence à la torture. Cinquante ans plus tard, "elle" est redevenue le sujet incontournable de propagande.

Ainsi, lorsque certains se demandent pour quelle raison les français - européens et algériens - ont fuit l’Algérie en 1962, en visionnant et en lisant les documents cités , ils auront des réponses à leur question.

Le 14 septembre 1957 ,
dans le rapport de synthèse de la Commission de Sauvegarde et des libertés individuelles, l’ancien préfet du Var Paul Haag observe :

« …les fellagha tuent pour tuer, pillent, incendient, égorgent, violent, écrasent contre les murs les têtes des enfants, éventrent les femmes, émasculent les hommes…Il faut en outre reconnaître, honnêtement, que les méthodes brutales d’interrogatoire ont une efficacité nettement supérieure aux procédés autorisés par les règlements. C’est une efficacité qui constitue sinon l’excuse, du moins l’explication de ceux qui se livrent à des excès…Il ne fait pas de doute que des incidents très graves ont pu être évités grâce aux renseignement arrachés aux suspects par des moyens que la loi et la morale condamnent… Enfin, notre législation est inadaptée à la situation algérienne…. »

Comment, après avoir vécu tout cela, les familles qui sont dans le désespoir de n’avoir jamais retrouvé les corps chéris, pourraient-elles faire leur deuil , même cinquante ans après ?
- Est-il logique qu’elles ne sachent pas encore aujourd’hui, ce qu’il est advenu de leurs disparus ?
- Peut-on leur reprocher d’imaginer les horreurs qui ont pu leur être infligées avant que de mourir ?.

Qui ose, encore, les appeler avec autant de cynisme « les nostalgériques » ?

Seuls des ignorants, inconscients, prétentieux peuvent s’en arroger le droit. Ceux qui ont vécu en Algérie, qui étaient suffisamment âgés pour avoir compris ce qu’il s’y passait, ne se le permettraient pas.

Ils racontent ce qu’ils ont vu -de leurs yeux- mais on refuse de les écouter parce que la bienséance ne permet pas de dévoiler les horreurs commises par certain parti au nom de la liberté, au nom de la France.

Il est tellement plus commode d’effacer le passé honteux.

De l’autre côté de la Méditerranée, il y a des algériens vivants pour raconter les horreurs qu’ils ont vues eux aussi. Ils ont témoigné quand on leur a laissé le droit de le faire.

Les plus jeunes qui n’ont pas vécu cette guerre d’indépendance, ont subi la « guerre civile » dans les années 1990 et ils vous racontent qu’aujourd’hui encore des familles recherchent leurs proches enlevés et jamais rendus et les rescapés vous parlent de la torture à laquelle ils ont été soumis.

Ces jeunes de 40 ou 50 ans vous parlent de leur guerre d’Algérie.

Elle n’est pas la nôtre, mais elle lui ressemble tant . Elles ont un acteur commun. Le FLN et le terrorisme .

Rien n’a changé aujourd’hui . Et pour faire entendre leur voix, ils perpétuent le terrorisme. Et la torture. Leur torture.

Vous trouverez ci-après, quelques témoignages pris au hasard du livre de Michel Delenclos, de personnalités politiques et militaires ayant pris part à la guerre d’Algérie. Tous connaissaient l’existence de la torture.
Elle n’était pas le fait d’un seul camp. Tous en ont subi les horreurs.

Le 17 septembre 1959,

Dans une notre reproduite dans certains journaux, la Fédération de France-Fln donne des consignes précises à savoir :

"Pour ceux de nos frères qui seront arrêtés, il convient de préciser l’attitude qu’ils devront adopter. Quelque soit la façon dont le patriote algérien sera traité par la police, il devra en toute circonstance, quand il sera présenté devant le juge d’instruction dire qu’il a été battu et torturé. Il devra mentionner qu’on a fait passer du courant électrique dans son corps ou encore il devra dire qu’il a été brûlé avec des cigarettes et battu avec un nerf de bœuf sans donner trop de détails, toutefois, qui risqueraient de le faire se couper. Il devra inlassablement répéter la même chose. Il ne devra jamais hésiter à accuser la police de tortures et de coups Ceci a une très grande influence sur le juge et les tribunaux."

Le 18 septembre 1961

Le général Salan adresse une lettre au colonel de gendarmerie Debrosse où il s’indigne :

« …chaque jour il me parvient une somme considérable de renseignements qui vous désignent comme le tortionnaire de vos propres concitoyens. Vous, colonel de l’Armée française, qui plus est d’une arme d’élite, qui consentez à présider aux tortures que vos tueurs infligent à des français dont le seul crime est d’aimer leur pays. Savez-vous que votre nom est déjà cité aux jeunes générations comme le synonyme de torture et de barbarie ?.. »

Et le même jour dans la note explicative jointe à la LDH, aux parlementaires et aux principaux journaux, le général Raoul Salan ajoute notamment :

« …Il est certain que le colonel de gendarmerie Debrosse, assisté de spécialistes étrangers, préside personnellement aux tortures … Je vous prie solennellement d’intervenir sans retard pour demander à ce qu’une commission d’enquête composée de parlementaires soit envoyée en Algérie.. »

Le 18 décembre 1961

Dans une note comminatoire adressée à Michel Debré, Pierre Messmer et que Louis Joxe transmet à J Morin, De Gaulle écrit :

« …Je n’admets pas que des éléments « para-officiels » accomplissent, comme c’est le cas, des actes dits anti-Oas comportant comme ceux de l’Oas, des attentats des explosions, meurtres etc. J’exige qu’il soit mis fin sans aucun délai à ces procédés qui déconsidèreraient l’autorité, l’Etat et moi-même. Me rendre compte aussitôt de ce qui est fait pour que cela cesse. »

Les paragraphes en italiques sont extraits du livre de Michel Delenclos : Les Mots des uns... Les Maux des autres La france et l’Algérie aux Editions Godefroy de Bouillon

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