L’arrivée des Pieds-Noirs à La Seyne-sur-Mer et dans le Var en 1962

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Le 3 juillet 1962, l’Algérie proclamait son indépendance. Durant le mois précédent, 225.000 personnes avaient quitté l’Algérie pour la France. Au cours de la semaine précédant le 3 juillet, 5000 personnes débarquent à Toulon en provenance de Bougie (aujourd’hui Bejaia), de Philippeville (aujourd’hui Skikda) mais surtout d’Oran et de Mostaganem.

Mais dès le mois de mai, le journal La République, en date du 19, lance un cri d’alarme : « Panique et exode chez les Européens d’Algérie ». Le 23 du même mois, la République, toujours, titre : « L’exode des Européens s’accentue ». Le 27, des civils en provenance d’Alger, débarquent à la base aéronavale du Palyvestre à Hyères et le 29, la municipalité toulonnaise demande au préfet du département et au gouvernement des moyens financiers pour résoudre les problèmes de logement posés par ces arrivées.

Parallèlement, des associations soutenues par la municipalité lancent la “Croisade de la Solidarité” et d’autres une “Croisade de l’Amitié et de la Fraternité”. Le 4 juin, toujours sous l’égide de la municipalité Arreckx, est créé à Toulon un Comité d’Accueil des Rapatriés. Quelques jours plus tôt, une structure identique avait été créée à Draguignan, également à l’initiative du maire.

En un mois, 27 mai-27 juin, en provenance directe d’Algérie, arrivent une centaine de personnes par des moyens divers — cargos, avions, chalutiers —, 300 enfants orphelins ou que les évènements ont séparés de leurs parents et quelques centaines de personnes ayant préalablement atterri à Marignane ou à Orly et qui ont ensuite décidé de rejoindre le département du Var pour y retrouver de la famille, des amis, des voisins.

L’antenne du Secrétariat d’Etat aux Rapatriés de Toulon a commencé à traiter quelques centaines de dossiers. Cela semble peu, eu égard au nombre d’arrivées à Marseille qui, entre le 11 et le 24 juin, comptabilise en moyenne journalière environ 3500 arrivées. Mais c’est beaucoup si l’on considère que la municipalité toulonnaise ne reçoit aucune aide gouvernementale ou préfectorale et qu’elle s’appuie sur l’entraide associative et l’abnégation des bénévoles à qui elle offre un soutien inconditionnel.

Le 27 juin, toutefois, le Conseil des Ministres qui, jusque-là, considérait les réfugiés comme des “touristes”, décide enfin d’agir en donnant aux préfets et aux élus le droit de réquisitionner des résidences de vacances destinées à la location. Cette ordonnance ministérielle pourra être appliquée jusqu’au 1er juillet 1963.

Dans le même temps, à Marseille, les événements prennent un tour dramatique pour les réfugiés. Le 29 juin, un mouvement de grève s’est déclaré sur le port. Les marins et officiers réclament une hausse des salaires, le paiement des jours fériés, une indemnité de fin de carrière, un 13ème mois, une allocation supplémentaire d’ancienneté, une relâche d’au moins 18 heures dans les ports entre deux voyages. Les armateurs refusent. Les bateaux à destination de Marseille sont détournés sur Toulon.

D’autres navires sont alors réquisitionnés pour effectuer des aller-retour Toulon – les ports d’Algérie. Des vaisseaux militaires seront même amenés à transporter les Européens fuyant l’Afrique du Nord.

Toulon devient alors le port de transit des repliés. Le 30 juin, trois bateaux détournés, en provenance de Philippeville, d’Oran et de Bougie débarquent à l’Arsenal 3.326 personnes et 208 voitures. Le 1er juillet ce sont 622 passagers, le 2 juillet 960, le 3 juillet 840, le 4 juillet 1700. Le 5 est une journée d’accalmie mais le 6 juillet ce sont 576 réfugiés de confession musulmane (en fait les premiers harkis) qui descendent du Phocée et 23 Européens arrivés sur un navire de guerre. Le 9 juillet, le porte-avions La Fayette accoste avec à son bord 2500 personnes originaires d’Oran et Mers El Kébir.

En neuf jours, ce sont donc près de 11.000 personnes qui sont arrivées à Toulon. Bien évidemment ces réfugiés ne restent pas tous dans la ville. Un certain nombre repartent vers des destinations lointaines : la Seine-Maritime, l’Aisne, l’Oise car pour le gouvernement ni le Var ni les autres départements littoraux méditerranéens ne doivent être des départements d’accueil.

Malgré cela, nombreux sont les rapatriés qui se dirigent vers les communes varoises. Pourquoi ? Parce que quelques-uns ont en poche l’adresse d’un parent lointain ou une recommandation destinée à un employeur. D’autres choisissent tel lieu au hasard d’une petite annonce lue dans le journal local et offrant un logement, d’autres enfin n’écoutent que la rumeur, souvent infondée, qui fait miroiter l’accueil idyllique qui cumulerait l’emploi, le toit, la famille.

Les Comités d’accueil aux rapatriés au Muy, à Hyères, à Saint-Raphaël, au Luc, soutenus par les municipalités se démènent pour venir en aide aux réfugiés. Les aires réquisitionnent des locaux pour les accueillir. A Toulon et dans son agglomération ce sont successivement le lycée de la Rode, la caserne Beaulieu du 4ème Colonial installée au Mourillon, l’Ecole des apprentis de Saint-Mandrier. A Carqueiranne, le maire applique l’ordonnance du Conseil des ministres du 27 juin qui permet de réquisitionner les logements vacants.

Qu’en est-il à La Seyne ?

Le 25 juin 1962, un Comité d’accueil des rapatriés est créé, qui rassemble six personnes. Alors que dans les autres communes du département, la municipalité a prêté une permanence, il n’en est rien ici. Le comité doit se replier dans un petit local, quai de la Marine, que lui a loué un sympathisant à sa cause. A partir de cette date, 20 à 30 personnes arrivent quotidiennement à La Seyne.

Même si certaines ne restent que deux ou trois jours, se pose rapidement le problème de l’hébergement. Les hôtels sont vite pleins. Les membres du comité d’accueil et leurs amis se dévouent et hébergent quelques familles mais ils sont vite débordés. Bien que sollicitée par courrier ou par des demandes d’entrevue, comme l’atteste le quotidien communiste local Le Petit Varois, la municipalité conduite par Toussaint Merle, ne réquisitionne aucun bâtiment ou répond par des fins de non-recevoir.

Face à l’urgence et à la détresse des réfugiés -des témoins parlent d’une population pauvre apportant avec elle non des valises mais des ballots-, des membres du Comité d’accueil décident de forcer, le lundi 23 juillet, les portes du Grand Hôtel de Tamaris fermé depuis douze ans.

Avec les Rapatriés d’Afrique du Nord ; Le Grand Hôtel de Tamaris à ouvert ses portes après douze ans de fermeture pour accueillir 233 rapatriés (Le Provencale du 25 Juillet 1962)

A onze heures, les portes de l’hôtel s’ouvraient et à quatorze heures 51 familles représentant 233 personnes étaient déjà arrivées. Quelques jours plus tard, le nombre de “squatters” s’élevait à 350, dont 112 enfants. Très vite, la population seynoise des environs de Tamaris mais aussi de Fabrégas donne qui un matelas, qui des couvertures, des chaises, des tables, pour meubler les chambres du Grand Hôtel qui en étaient, en grande partie, démunies.

Un article du Provençal du 25 juillet rapporte que le Comte de Pierredon, propriétaire de l’hôtel, et sa mère la Comtesse de Polignac ont obtenu à Paris l’assurance d’un prochain secours de la Croix-Rouge pour que les rapatriés puissent avoir le matériel de literie nécessaire à un logement décent. Par ailleurs, les autorités militaires de Marseille doivent fournir une cantine roulante. Il semble avéré, quarante ans après les faits et après audition des témoins de l’époque que le Comte de Pierredon, prévenu de cette occupation illégale, non seulement la cautionnait mais y apportait son soutien inconditionnel.

L’événement est couvert par la presse nationale (Paris-Match offre un dossier conséquent), par la presse régionale, (la République de Toulon, le Provençal de Marseille consacrent quelques colonnes en pages intérieures à l’affaire). Par contre le journal communiste le Petit Varois n’en dit mot. Il faut attendre le 30 juillet pour que l’éditorialiste de la page consacrée à La Seyne (éditorialiste signant du pseudonyme d’Estancaïre) suggère qu’un des membres du Comité d’Accueil qui “se fait construire un magnifique immeuble, loge les rapatriés”.

Le même jour, un commissaire arrivant de Toulon vient donner l’ordre aux occupants du Grand Hôtel d’évacuer les lieux. Il est accompagné de deux cars de police. La tension est extrême. Des négociations s’engagent entre les membres du Comité d’accueil, le commissaire, des rapatriés. Le Ministère de l’Intérieur est prévenu par téléphone ainsi que le Comte de Pierredon.

Les négociations commencent à 14h30 et durent de longues heures à l’issue desquelles la police se retire. Les rapatriés peuvent rester. La petite communauté s’organise : les murs sont badigeonnés, le parc de l’hôtel débroussaillé. Les membres du Comité d’accueil usent de leurs relations et persuadent des Seynois d’apporter par des dons –- vaisselle, mobilier – un peu de mieux-être à cette population désargentée. La Fondation Maréchale De Lattre apporte aussi son soutien au mois d’août, la Maréchale se déplaçant en personne. Bien vite, certains réfugiés trouvent un emploi, un logement décent et un turn over s’impose qui permet, entre 1962 et 1965, l’accueil d’un millier de personnes environ.

Mais que s’est-il passé le 30 juillet et en particulier qui a demandé l’intervention de la police ? Ce n’est pas le propriétaire puisque nous savons de source sûre qu’il approuvé l’occupation “illégale”. Serait-ce la municipalité ? Un article de presse, mais publié trente-neuf ans après les faits, le laisse entendre. Mais les élus communistes de l’époque contestent cette version.

Il a été suggéré que le responsable de l’envoi de la police a été le préfet du Var. Ce serait pour le moins étonnant quand on sait qu’il pouvait user de son droit de réquisition des logements et que dans le Var il l’a délégué aux élus municipaux. Ce droit le préfet l’a utilisé très tôt. Dès le mois de juin il a pris un arrêté prévoyant d’accorder des secours aux rapatriés nécessiteux. Bien que les archives préfectorales pour 1962 et celles émanant en particulier du cabinet du préfet ne soient pas toutes accessibles au chercheur, cette intervention de police ne semble pas être dans l’esprit du préfet de l’époque, M. Armand Berthet.

Ce que l’on peut affirmer c’est que les relations entre la municipalité et le Comité d’accueil des rapatriés sont mauvaises, ce qui n’est pas le cas dans les autres communes du Var où les comités reçoivent un soutien important soit par l’attribution d’un local, d’un relais près de la population locale ou sous la forme de dons. Certes le conseil municipal de La Seyne, le 29 juin, a attribué au comité d’accueil une subvention de 1000 nouveaux francs. Mais il faut souligner que le préfet avait précédemment dégagé un secours exceptionnel de 800 nouveaux francs à la commune de La Seyne pour répondre aux besoins des rapatriés nécessiteux. Cette somme de 1000 francs sera la seule distribuée pendant les mois cruciaux de juillet et août. Même si le conseil municipal cessait ses travaux pendant la période estivale, la situation exceptionnelle qu’était l’arrivée en terre varoise de milliers de rapatriés ne méritait-t-elle pas une séance extraordinaire du conseil ?

Un témoin, très proche du maire Toussaint MERLE, assure que le conseil municipal de l’époque était divisé en “sectaires” refusant tout soutien à une population qualifiée en bloc d’O.A.S. et de fascistes, et en “humanitaires” qui pensaient qu’il fallait aider ces gens démunis.

Dans le Petit Varois et en particulier dans les éditoriaux de l’Estancaïre consacrés à La Seyne-sur-Mer, il est évident que ce sont les “sectaires” qui l’emportent. Les membres du Comité d’accueil sont qualifiés de gaullistes, de poujadistes, de tartufes. Alors que dans les autres communes varoises, les Comités d’accueil se retournaient d’abord vers la municipalité pour obtenir un soutien, l’Estancaïre leur demande d’adresser requêtes et suppliques au Général et au Banquier qui gouvernent, c’est-à-dire au Général de Gaulle et à son premier ministre Georges Pompidou.

Le maire lui-même, Toussaint Merle, dans une lettre parue dans le Petit Varois du 24 juillet (en pleine affaire du Grand Hôtel de Tamaris donc) adresse au président du Comité seynois d’aide aux rapatriés une mise en demeure de cesser d’adresser des courriers aux élus pour obtenir des avantages et de solliciter une entrevue avec le premier magistrat de la commune.

Il y a donc quelque ironie à lire dans le Bulletin Municipal de décembre 1963 ce passage s’adressant aux rapatriés : « Durant l’été 62, certaines personnes que nous connaissons bien vous ont répété : surtout n’allez pas à la Mairie, la Municipalité n’aime pas les Rapatriés, elle ne fera rien pour eux ». A dix huit-mois d’intervalle quelle contradiction !

Sans doute le Petit Varois, voix officielle du Parti Communiste dans le département, n’était pas le Bulletin Municipal. Mais c’est bien Toussaint Merle qui a signé la lettre du 24 juillet 1962 et tous les témoignages concordent pour affirmer que sous le pseudonyme de l’Estancaïre se cache le maire de l’époque qui le plus souvent écrivait l’éditorial signé d’un pseudonyme.

Il est donc indéniable que la municipalité de l’époque n’a joué aucun rôle dans l’accueil des rapatriés au cours de l’été 1962.

Elle jouera un rôle plus effectif à partir de l’automne quand elle sera mise devant le fait accompli : l’installation durable des rapatriés et la nécessité, parmi d’autres, de scolariser leurs enfants.

Ainsi le Conseil Municipal du 12 décembre 1962 obtient l’autorisation de la construction de cinq classes légères sur le terrain de Balaguier, lequel terrain a été affecté aux classes fournies par l’Etat au titre des rapatriés d’Algérie. Le Bulletin Municipal de décembre 1963 rappelle que les enfants de rapatriés qui l’ont demandé ont bénéficié de cantines scolaires gratuites.

Les témoins rencontrés, anciens élus de l’époque, insistent tous sur le fait que la municipalité a tout mis en œuvre pour loger rapidement les rapatriés. A la fin de 1963, 100 familles auraient été relogées.

De fait, la municipalité communiste avait élaboré depuis 1956 pour certaines écoles, depuis 1958 pour la Cité Berthe, des projets d’urbanisation et de construction de groupes scolaires et « c’est l’arrivée des rapatriés en 1962 qui va permettre à la Mairie de faire accélérer les procédures administratives » . Les auteurs de l’étude « Une mairie communiste à La Seyne : la municipalité Toussaint Merle 1947-1969 » confirment cette volonté : « La Municipalité va saisir l’opportunité du rapatriement pour demander la mise en adjudication du groupe scolaire de la Rouve qui était prévu dans le plan de 1956. Pour cela elle signale que c’est à cet endroit que les Français d’Algérie sont les plus nombreux. Le 24 août 1962, l’ Etat autorise la construction de 4 classes légères et au mois de décembre, 6 classes sont ajoutées ». Quant à Marius Autran , membre de l’équipe municipale de l’époque, dans le tome 3 d’ “Images de la vie seynoise d’antan”, il constate : « Le rapatriement des Français d’Algérie arrivés à La Seyne par centaines et par milliers dans notre département posera de graves problèmes aux administrateurs locaux ».
A quel nombre peut-on évaluer les rapatriés arrivés à La Seyne en 1962 ? Difficile de fournir avec exactitude un chiffre, sans doute quelques centaines et peut-être un millierau maximum. Entre le 29 juin et le 29 juillet 17.000 transitent par Toulon. Le pic est certainement atteint fin août-début septembre, bien que les repliements ralentissent. Le problème de l’évaluation est difficile car il y a un grand mouvement de départs et d’arrivées au sein de la population. Nombreux sont ceux qui repartent vers d’autres points de France, mais nombreux sont ceux également qui après avoir transité par Paris ou Marseille sont désireux de se fixer dans le Var ou à La Seyne. Là, les 100 familles relogées en 1963, et dont fait état le Bulletin Municipal de cette époque, doivent représenter 500 à 600 personnes auxquelles il faut ajouter ceux qui vivent dans des conditions précaires (au Grand Hôtel de Tamaris ou ailleurs). En tout un petit millier de rapatriés.

Ce qui est certain, c’est que les arrivées vont se poursuivre tout au long des années 63,64, 65. A La Seyne, le patrimoine H.L.M. s’accroît. Si l’année 1963 ne peut pas être prise en compte car le programme de constructions (160 logements) était antérieur à 1962 et qu’en 1964 aucun logement nouveau n’est construit, 1965 est bien l’année qui marque un véritable boom immobilier : 340 logements H.L.M. construits dont 148 au Floréal parmi lesquels, selon un témoin interrogé, 144 sont accordés aux rapatriés.

Entre 1962 et 1965, la population seynoise augmente d’environ 5000 personnes. Sur ce nombre, on peut estimer que cette augmentation est constituée pour 50% de rapatriés si l’on part d’un calcul statistique à partir des logements construits.

2.500 Pieds-Noirs à La Seyne en 1965 ! Vraisemblablement plus en 1968. Le recensement de 1968 donne à La Seyne 44.548 habitants. Sur un échantillon de lieux de naissance de 2.220 habitants, 263 étaient nés en Algérie soit 12% de la population totale. On peut donc évaluer le nombre des Pieds-Noirs à La Seyne à cette époque entre 4.500 et 5.000 personnes dont 34% d’Oran ou des communes avoisinantes (Mers El Kébir, Arzew, Mostaganem).

Est-ce cela qui fait dire à Marius Autran : « L’arrivée massive de centaines de familles en provenance d’Alger, d’Oran, de Constantine, de Tizi-Ouzou (pourquoi cette dernière localité ? Sur les 263 rapatriés recensés, pas un n’était natif de cette ville. Est-ce la connotation exotico-arabe qui l’a fait choisir par l’auteur ?) et de bien d’autres localités nord-africaines cause véritablement un choc dans la population seynoise. Les Pieds-Noirs se firent souvent rabrouer par les autochtones qu’ils accusaient presque d’être à l’origine de leurs déboires ».

Quelques pages plus loin dans ce même ouvrage, Marius Autran souligne :
« Quand le flot des Oranais avec les Sanchez, les Martinez, les Garcia, les Alfanez, les Gonzalez, les Gimenez, les Navarro, déferla sur nos rivages, nos ports de pêche, nos ateliers, nos administrations, les Seynois eurent parfois le sentiment de voir leur terroir devenir une colonie espagnole » et l’auteur de rajouter, sans qu’on voie véritablement l’utilité de ce rappel : « Il n’est pas inutile de rappeler au passage que la ville d’Oran avant d’être française en 1871 avait appartenu aux Arabes mais aussi aux Espagnols ».

Les termes utilisés sont intéressants : choc, rabrouer, le flot déferla, récrimination, sans oublier la longue liste de patronymes espagnols ni la longue liste des adjectifs possessifs. Ils soulignent le sentiment d’un patrimoine en péril et menacé par des envahisseurs.

Ce texte est cependant le reflet - tardif et toujours vivace puisque écrit en 1990 - des relations conflictuelles qu’entretint une frange de la population locale se voulant le garant d’une politique intransigeante et le conservateur d’un patrimoine immobile. Heureusement une autre frange de la population sut apporter son soutien et permit l’assimilation dans, pour parodier l’historien local Marius Autran, une grosse bourgade provençale devenue depuis une cité moderne et cosmopolite.

* Source : Un exposé de Gérard Crespo, docteur en histoire, au colloque organisé le 16 novembre 2002 par l’Association pour l’Histoire et le Patrimoine Seynois->http://www.histpat-laseyne.net/]

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