L’ISLAM ET L’OCCIDENT Article reçu par mail

, par  Jean Claude THIODET ✞ , popularité : 27%

José CASTANO a écrit :

Pour mieux comprendre la philosophie de l’Islam vis-à-vis du monde occidental, il faut se plonger dans les textes.

Parmi les « usages de la vie sédentaire » -tels que nous les définissons, nous, Occidentaux- nous établissons un lien étroit entre la prospérité industrielle et commerciale et la démographie, entre le développement économique et les loisirs en y englobant la culture scientifique et l’affinement intellectuel.

Pour l’Islam, ce constat est synonyme de richesse, de bien-être, de luxe, avec son influence amollissante et dissolue. « Une tribu qui se livre aux jouissances du luxe se crée des obstacles à elle-même, prépare sa chute, elle va à l’avilissement et à la servitude ». Ainsi parlent les textes !…

Une civilisation est une crise passagère de jouissance, gracieux prodrome du néant. Il est vrai que les civilisations successives héritent les unes des autres, elles se « transmettent de la dynastie qui précède à celle qui la remplace », des Perses aux Omeyyades, puis aux Abbâssides, etc…, mais c’est l’inverse de notre vitai lampada tradunt (apporter la lumière de la vie).
Ce que les dynasties se repassent ainsi, c’est le germe de mort, le lot de microbes dont l’habitat des sédentaires ne peut jamais être aseptisé.

Quand on lit attentivement les textes arabes, on constate qu’entre l’Orient et l’Occident, une des différences fondamentales est que l’Oriental a - du passé humain, de l’histoire - une conception biologique, et nous, géographique.

Pour eux, leur force réside dans « l’esprit de clan », dans « cette sympathie et ce dévouement qui portent chaque nomade à risquer sa vie pour le salut de ses amis ».
On voit ici la différence avec notre patriotisme. Une patrie est un pays géographique, un territoire délimité, c’est de la terre « qu’on n’emporte pas, disait Danton, à la semelle de ses souliers » ; c’est du sol fixe hors duquel on se sent exilé. Et l’amour de ce sol, le patriotisme, est un sentiment de sédentaire.

Le clan, au contraire, est un groupe humain de générations –considéré indépendamment de son substratum régional- une race, une espèce biologique.
L’esprit de clan est un élargissement de l’esprit de famille, un orgueil de race. Il s’agit de sang et non de sol… ce qui nous permet de mieux comprendre le phénomène migratoire actuel des populations arabes.
Et les textes nous éclairent encore à ce sujet : « Ne possédant pas un territoire où elles puissent vivre dans l’abondance, elles n’ont rien qui les attache à leur pays natal…, alors elles envahissent les pays lointains » ; ce qui revient assez exactement à dire que les grands peuples sont ceux qui n’ont pas de Patrie.
Tout cela est très conforme au sentiment universel de tout l’Orient et ça n’a aucune espèce de rapport avec le nôtre.

Les deux points de vue se font repoussoir l’un à l’autre, géographique et biologique.

C’est l’Occident qui a donné au monde arabe la notion de Patrie.
Avant qu’il ne propage son œuvre colonisatrice, les arabes avaient-ils seulement une Patrie ?
Cette Patrie, ils l’ont longtemps abritée sous leur tente, « la maison de toile », plus accommodée que l’habitation de tourbe ou de pierre à leur fatalisme toujours prêt à la nécessité du départ, habitué à secouer sans regret la poussière de leurs semelles puisqu’il est écrit dans leurs écritures que « ce qui est passé est mort », et que la patrie des Musulmans n’est nulle part, étant partout.

L’un des problèmes sur lequel la Tradition musulmane se heurte de plus en plus aux impératifs et aux valeurs du monde moderne est celui de la condition de la femme, soumise à trois lois : la polygamie, le droit du jebr (mariage des mineurs sans les consulter) et la répudiation unilatérale.

Sur la vie familiale –cellule de base de nos sociétés occidentales- les conceptions de l’Islam sont totalement étrangères aux nôtres.
Elles assujettissent la femme aux privilèges masculins.
Il y a quelques années de cela, à la suite des contestations qui avaient opposé, en France, des Européennes divorcées de musulmans se plaignant de s’être vu enlever leur enfant (c’est encore le cas aujourd’hui) –illustrant bien l’incompatibilité dramatique de deux conceptions différentes- le cheikh Abbas Ben Cheikh El Hocine, à l’époque, recteur de la Mosquée de Paris, s’était permis de mettre en garde les femmes françaises qui épouseraient des Maghrébins.
Il avait déclaré : « la future mère qui épouse un musulman doit savoir que les enfants issus de cette union seront musulmans. L’enfant est appelé à perpétuer le nom et l’identité religieuse de son père ».

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Cette attitude s’explique dans une société où la lignée l’emporte sur l’individu, et les droits de l’homme sur ceux de la femme. A cet effet, la sourate IV du Coran indique clairement :
« Les hommes ont autorité sur les femmes… Celles dont vous craignez l’indocilité, admonestez-les ! Si elles vous obéissent, ne cherchez plus à les contraindre. Allah est auguste et grand. »

En Orient, hors de la religion, rien n’est concevable, ni l’ordre civil, ni la discipline militaire.
Rosten (le général Persan vaincu à Qadecya), ayant vu les soldats musulmans se rassembler pour faire la prière, s’écria :
« Voilà Omar qui me met au désespoir, il enseigne aux chiens l’organisation ».

Les Arabes ont toujours trouvé quelque chose d’insupportable dans l’immobilité et dans l’ordre. Par contre, tout devient exaltant dans les vertiges du désordre…
Or, bâtir une nation, fonder un ordre, le défendre et l’enrichir, c’est d’abord admettre des compromis avec l’absolu. Mais le monde arabe ne sait pas encore se plier aux disciplines élémentaires sans lesquelles il n’est pas de nation, et ce refus l’empêche de réaliser les rêves de grandeur qui l’obsèdent.

Alors il accuse le monde de le lui interdire… et il part en guerre contre l’injustice, offrant volontiers des générations en otage pour fonder, sur tant de souffrances accumulées, un bonheur épanoui dans l’absolu, aggravant chaque jour un peu plus le fardeau qui pèse sur le présent dans l’orgueilleux dessein de contraindre un jour le futur à se parer des couleurs et des grâces de la chimère.
Et c’est ainsi que la révolution s’impose à chaque musulman comme une religion furieuse et dogmatique avec son appel aux sacrifices monstrueux, ses flots de sang, ses haines ininterrompues, avec aussi ses résignations, ses rêves et ses aspirations qui soulèvent les âmes.

Aujourd’hui, les religieux ont enchaîné l’Islam au temps du Prophète.

Aveuglés par l’intransigeance de la passion religieuse, ils oublient le véritable message du prophète Mahomet (II, 7 et 8) :
« Dieu ne vous défend pas d’être bons et équitables envers ceux qui ne vous ont point combattus à cause de la religion et ne vous ont point expulsés de vos foyers. Il aime ceux qui agissent avec justice."
Mais la grande Guerre Sainte, dit Mahomet, est celle que l’on mène contre soi pour se réformer moralement.

Par conséquent, la lutte contre ses propres défauts est le Grand Jihad, le grand effort sur le chemin de Dieu, mais ces religieux-là refusent à la fois ce que la vrai foi leur commande et ce que la raison leur propose… et ils s’établissent dans le vague… comme on voyage dans la nuit.
Ils développent devant les foules passionnées le thème classique qui consiste à opposer le spiritualisme de l’Orient au matérialisme occidental et à cet effet, on ne connaît que trop leur refrain (pour l’avoir assez entendu en Algérie !) qui répète sans cesse que nous sommes des ravisseurs et des bourreaux, des exploiteurs de la misère arabe ; qui se lamente sur la liberté de l’Islam profanée par des satrapes ; sur la patrie arabe dévastée par le fer et par le feu !
Et pour renforcer leur argumentation, ils n’hésitent jamais à citer ces deux principes immuables qui font la force de l’Islam : il faut se défier des alliances avec les hérétiques parce qu’il est écrit dans le Coran… « Dieu vous défend de vous entendre avec ceux qui vous tuent en votre religion … » et il faut être unis comme les doigts d’une même main parce qu’il est aussi écrit dans le Livre : « Ô vous qui croyez, appuyez-vous tous ensemble à la corde d’Allah… et ne vous divisez pas. »

Cependant, le remède à cette division serait pour le monde arabe de posséder ce sens des disciplines collectives qui fait la force de l’Occident et que celui-ci s’est efforcé de lui enseigner des années durant.
Mais assoiffé d’indépendance, le monde arabe a interrompu l’initiation avant qu’elle soit achevée… et dans sa précipitation, ne s’est pas rendu compte qu’il avait changé un ordre contre un autre. Il n’a pas réussi à édifier une société démocratique, juste et pacifique, respectueuse des « droits de l’homme », de l’individu quelle que soit sa confession et la religion qu’il pratique.

Il n’existe actuellement dans le monde arabe aucun régime démocratique.

Tous les pays islamiques ont des régimes autoritaires, dictatoriaux, à parti unique, oppressif et tyrannique. Seul le Liban constituait une démocratie, grâce à une faible majorité de chrétiens. On sait ce qu’il est advenu…

Aujourd’hui, l’Islam est enfermé dans une étrange contradiction. Il est entré en guerre au nom d’on ne sait quelle soif de bonheur contre la seule partie du monde qui peut lui en offrir au moins un reflet : L’Occident.

D’ailleurs, il ne trompe personne… C’est un faux prétexte ! Ce n’est pas de cela qu’il a soif… C’est de pouvoir !… C’est de puissance !… C’est de revanche !
Il garde à l’Occident une inépuisable rancune de l’avoir aidé à combler un retard dans lequel il s’est assoupi à un moment capital de l’évolution de l’humanité. Et aveuglé par ce ressentiment, il ne voit pas qu’il ne peut attendre que de lui l’initiation qui lui permettra de refaire totalement ce retard, c’est-à-dire aidera les théologiens et les penseurs à rendre au message divin son véritable sens et sa véritable destination.
Et cette rancune alimentée par les déclarations des chefs terroristes de tous bords qui appellent à la lutte armée, au djihad ; les théories des révolutionnaires, les vaticinations mystiques des religieux –cette rancune-là- se transforme en une haine monstrueuse et effrayante qui pousse jusqu’à une frénésie maladive les confuses nostalgies qui paralysent les peuples et les consument déjà.
Ainsi, obsédés par la chimérique poursuite d’un rêve, ces peuples perdent jusqu’au sens de la liberté puisque l’anarchie qu’engendre leur intransigeance les met à la merci des hezbollahis, les « fous de Dieu ».

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