Sarkozy : le vote inutile ? Faire élire Sarko, ce ne serait pas bon à rien, ce serait mauvais à tout…

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Vous êtes, comme moi, un Français (une Française) et un électeur (une électrice) qui aime son pays tel qu’il est et pas nécessairement tel que certains voudraient le voir changer. Vous êtes, comme moi, de droite, c’est-à-dire que vous privilégiez l’intérêt général aux intérêts particuliers. Vous n’en avez pas honte, et vous vous dites, comme moi, que, bon gré, mal gré, entre deux maux, il faut choisir le moindre. Vous vous apprêtez donc à voter, certes en traînant des pieds, pour Nicolas Sarkozy.

Hé bien, je vous le dis, arrêtez de torturer votre conscience ! Arrêtez de vous faire du mal ! Et faites comme moi, restez chez vous ou votez blanc, mais surtout, surtout, n’allez pas voter Sarkozy en pensant qu’il va sauver la France des socialistes, ou, tout au moins, les empêcher de l’enterrer. Votre geste part sans nul doute d’un sentiment qui vous honore, mais ce serait le pire service que vous pourriez rendre à notre vieux et malheureux pays.

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Si vous avez lu mes tribunes précédentes sur le sujet, j’attirais votre attention sur le fait que Nicolas Sarkozy ne pouvait être élu qu’en faisant le plein des voix de Marine Le Pen. Je m’avançais aussi à pronostiquer que les « électeurs du FN », contrairement aux scrutins précédents, n’étaient plus disposés à reporter leur vote, quel que soit le risque à gauche, sur un candidat qui, tout en sollicitant leurs suffrages, continuerait à cracher sur le parti de leurs espoirs. Et cela, d’autant plus qu’ils ne comprennent pas pourquoi, à gauche, personne n’a la décence de se pincer le nez quand il s’agit de se partager les sinécures avec le parti du grand démocrate Mélenchon.

Or, ce qui se passe aujourd’hui, c’est que Nicolas Sarkozy, qui ne veut pas être le Président dont l’Histoire retiendrait qu’il aurait été le premier à avoir laissé un parti fasciste entrer dans la bergerie démocrate, continue à s’obstiner dans la politique chiraquienne de barrage au Front National… tout en faisant la danse du ventre devant les électeurs de Marine le Pen.

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Bon, admettons quand même que Nicolas se métamorphose en Noureïev, que tous les électeurs de Marine le Pen décident, par pur patriotisme, de voter pour Sarkozy. Notre président serait reconduit haut la main et les doigts dans le nez, si tant est que cette figure de style soit réalisable. Chapeau l’artiste, Sarko aurait accompli un exploit unique dans les annales (le mot « annal » est particulièrement à propos), et… que se passerait-il ensuite ?

Au mois de juin, mes amis, il y a les élections législatives… Et c’est là que les Athéniens s’atteignirent : barrage au FN à droite, comme d’habitude, Front Républicain à gauche, comme de juste, et l’UMP va, garanti sur facture, se ramasser une piquette comme elle n’en a jamais pris !

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Résultat des courses : une configuration inédite de cohabitation ! A droite, le Président de la République, tout seul, et à gauche le Gouvernement, l’Assemblée Nationale, le Sénat, les Régions, les Conseils Généraux, les grandes villes, et, comme si cela ne suffisait pas, l’Administration, Justice et Education nationale en tête, les entreprises publiques, les médias, les intellectuels, les artistes, les sportifs, les syndicats… Vous mesurez le rapport de forces ? A quoi servirait-il, le Président ? A rien ? Si seulement ! Mais non, Sarkozy resterait la tête de turc idéale, celui que les socialistes pourraient continuer à accuser de toutes les plaies d’Egypte : Y a plus de boulot, c’est Sarko ! vin trop cher, on boit de l’eau, c’est Sarko ! la misère, les impôts, c’est Sarko ! il fait pas beau, c’est Sarko ! Comment voulez-vous qu’avec le président des riches, nous, les socialos, qui vous aimons tant, nous puissions construire enfin cette France plus juste, plus ouverte, plus égalitaire, que nos immigrés et nos bobos exilés en Suisse ou en Belgique appellent de leurs vœux ?

Je vous le répète, camarades : le 6 mai, restez chez vous, laissez élire François Hollande, laissez aux socialistes tous les pouvoirs, et on verra bien ce qui va se passer. De toutes façons, comme dit un proverbe chinois, « quand les riches maigrissent, les pauvres meurent ». Alors les riches, qu’on soit de gauche ou de droite, on fait très attention à leur poids.

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