Pourquoi René Gallinier reste en prison. Oui, la Cour d’Appel a bien jugé

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La décision de la Cour d’Appel de Béziers la semaine dernière n’a pas fait la une des journaux télévisés, ni celle des radios, ni même celle des grands quotidiens. Pourtant l’affaire était d’importance : il s’agissait de savoir si, devant la pression inadmissible de ses amis fachos, on allait relâcher René Gallinier, retraité de 73 ans et dangereux criminel qui a commis l’acte inouï, barbare, et incompréhensible de tirer à la carabine, chez lui, dans son salon, sur deux jeunes femmes Roms, sous le prétexte futile qu’elles étaient en train de le cambrioler. En maintenant René Gallinier, la Cour d’Appel, je n’hésite pas à l’écrire, a fait preuve d’un grand courage et d’une grande responsabilité, que les médias se sont bien gardés de célébrer.

Alors félicitons ici la Cour d’Appel, dans Notre Journal, qui est le vôtre. On ne le répètera jamais assez, tirer des coups de feu sur des gens qui s’introduisent chez vous pour vous voler est un acte criminel odieux, qu’une société démocratique, nourrie aux deux mamelles des droits de l’Homme et de la fraternité, ne saurait ni comprendre et encore moins excuser. René Gallinier est d’autant plus coupable qu’il a été combattant de la guerre d’Algérie, par conséquent possiblement voire probablement tortionnaire, sans doute partisan de l’Algérie Française. Inadmissible ! Impardonnable ! Et comme si ça ne lui avait pas suffi, il a tenu des propos à caractère raciste sur les Roms devant les flics qui l’ont arrêté !

Si la peine de mort n’avait pas été abolie, il avait droit à la guillotine, et sous les applaudissements des forces de gauche et des associations de défense des Droits de l’Homme et de lutte contre le racisme réunies dans un même opprobre !

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Bon, je m’arrête là-dessus, ça m’énerve, c’est mauvais pour le cœur. Non, je voudrais plutôt en revenir au droit. Parce que d’un point de vue juridique, et aussi surprenant que cela puisse paraître à un néophyte, il semblerait que la Cour d’Appel ait parfaitement joué son rôle. En effet, depuis des lois de 1996 et 2000, la détention préventive a été sérieusement encadrée, et il n’est possible d’enfermer quelqu’un dans l’attente de son jugement que dans des cas bien précis, tels que :

- empêcher une pression sur les témoins ou les victimes
- éviter une concertation frauduleuse entre la personne mise en examen et ses complices
- protéger le mis en examen
- mettre fin à l’infraction ou/et éviter son renouvellement
- garantir le maintien de l’intéressé à la disposition de la justice, c’est-à-dire éviter sa fuite
- préserver l’ordre public. Pour cette dernière notion le législateur, face à sa grande utilisation, est venu préciser son sens : l’infraction doit avoir provoqué un trouble exceptionnel et persistant à l’ordre public auquel la détention est l’unique moyen de mettre fin.

Par exemple, dans l’affaire de la fusillade du casino de Grenoble, l’individu soupçonné d’avoir été le deuxième tireur (le premier est décédé, paix à son âme) a été remis en liberté parce que, bien que les charges aient été sérieuses, et encore que l’individu ait été déjà condamné 7 fois pour des affaires similaires, il n’entrait apparemment dans aucune des catégories visées par la loi. Les juges ont en particulier estimé qu’il ne risquait pas de renouveler l’infraction (sans doute ont-ils pensé qu’il n’allait pas être assez stupide pour cambrioler deux fois le même casino), qu’il n’essaierait pas de se soustraire à la justice (pourquoi le ferait-il, puisque il ne sera pas plus condamné que lors de ses précédents exploits), qu’il ne troublerait pas l’ordre public en restant dehors, alors que, bien au contraire, s’il restait enfermé, ses amis pourraient continuer à bruler des voitures et à caillasser la police. La Cour d’appel a donc strictement appliqué la loi !

Mais dans l’affaire de Béziers, c’est une autre paire de manches. Il est incontestable que René Gallinier rentre dans aux moins deux cas qui ont motivé la décision de la Cour d’Appel : le premier, c’est le trouble à l’ordre public, puisque la communauté gitane à laquelle appartiennent ces deux malheureuses filles (oui, ce sont des malheureuses, qui préfèreraient sans doute aller à l’école, avoir des parents qui vivent normalement, plutôt que d’être contraintes à voler, avec la menace permanente de la baston si le butin est trop mince) n’aurait pas manqué de saccager des édifices publics et taper sur des flics en signe de protestation indignée, et le second, l’emprisonnement comme seul moyen d’éviter au papy flingueur de se faire zigouiller. La Cour, encore une fois, a appliqué le droit français.

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Alors, c’est vrai qu’il a été dit beaucoup de choses sur cette affaire, y compris sur l’incongruité qu’il y a à mettre en prison quelqu’un parce que la société n’est pas capable de le protéger autrement, mais je crois qu’on n’a pas vu l’essentiel :

L’essentiel dans cette histoire, c’est l’aboutissement d’un long chemin de renoncements et de reculades qui nous a conduits à un renversement absolu de nos valeurs. Parce que nous y sommes, et les cours d’Appel de Grenoble et de Béziers, en interprétant des textes de loi dans le sens de la veulerie et du renoncement n’ont fait qu’entériner la décadence de notre Société : aujourd’hui, en France, on fera tout pour que vous échappiez à la prison, au nom des droits de l’homme, même si vous êtes mortellement dangereux pour vos contemporains, à condition que vous soyez dans la bonne case, c’est-à-dire celle des minorités et des victimes officielles d’une société capitaliste cruelle et impitoyable.

Mais à l’inverse, au nom « d’un ordre républicain » bien pensant et totalitaire, on vous enfermera sans hésiter à la moindre incartade lorsque vous faites partie de cette majorité de Français qui est, comme le disait Richard Millet, blanche, chrétienne et hétéro, et donc par définition coupable.

Hé bien ça, je vous le dis, mes amis, c’est la fin des haricots, le règne des Shadoks, la mort du petit cheval !

N.B. pour ceux d’entre vous qui n’ont aucune compétence juridique, Notre Journal vous offre la clé qui vous permettra de décrypter toutes les décisions de justice, y compris les plus farfelues : les lois ne sont pas faites pour les honnêtes gens, qui n’en auraient pas besoin. Elles sont faites pour les malfaisants, qui les utilisent à merveille. CQFD !

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