POUR EN FINIR AVEC "L’AFFAIRE CASSEZ" A vous de juger
La police et la Justice mexicaines seraient-elles intégralement et irrémédiablement corrompues, au point d’acheter des témoignages mensongers, de torturer à mort des “prévenus” cueillis au hasard des routes et d’inventer des complices qui n’existent pas ? Florence Cassez serait-elle la victime expiatoire d’une sinistre machination du pouvoir mexicain, pour préparer les élections présidentielles de 2012, en marquant des points contre le grand banditisme mexicain ? Voici les pour et les contre, les faits, les lieux, les dates, les motivations des Juges et les indignations de la Défense : à vous de juger !
Un mot d’abord du contexte,
et… ce n’est pas nous qui le disons !
« Au Mexique, pour lutter contre la criminalité organisée, l’Etat a lancé une vaste offensive appuyée sur l’armée et la police. Des affrontements violents entre des bandes de trafiquants de drogue ainsi que des fusillades entre les forces de l’ordre et les dites bandes peuvent parfois aussi affecter des personnes non impliquées.
« Dans les grandes villes, la criminalité a fortement augmenté ces dernières années. Elle est particulièrement élevée à Mexico-City ainsi que dans les villes proches de la frontière des États-Unis. Les agissements de pickpockets, les vols à la tire et les agressions armées sur la voie publique et dans les transports en commun sont fréquents.
« Les tentatives d’extorsion d’argent et les enlèvements sont fréquents, principalement dans le district fédéral de Mexico-City et dans l’État de Morelos ; les citoyens étrangers en sont également la cible. Nombreux sont les enlèvements éclair au cours desquels les victimes sont contraintes d’effectuer des retraits bancaires par carte de crédit. »
(Source : Confédération Helvétique, site du Département fédéral des Affaires étrangères)
« Selon les données du ministère de la Sécurité publique du Mexique (Secretaría de Seguridad Pública), 1 028 enlèvements auraient eu lieu dans ce pays en 2008 (…) Mais pour la" Comisión Nacional de los Derechos Humanos" du Mexique, un enlèvement sur quatre seulement est dénoncé, les trois quarts des enlèvements perpétrés faisant ainsi partie de ce que l’on désigne là-bas comme le chiffre noir des enlèvements.
On estime donc à environ 20 000 le nombre d’enlèvements de 2001 à 2008, alors que dans tout le Mexique 5 140 rapts ont fait officiellement l’objet d’une plainte. L’institut Civique des études sur l’insécurité estime de son côté le chiffre noir à huit enlèvements sur neuf. »
(Source : UNHCR : The UN Refugee Agency, 24/02/2011, )
Venons en à Florence CASSEZ
Les 7 arguments de l’accusation, traduits de l’enquête et des attendus du jugement
1. Florence Marie Louise Cassez Crepin, née à Lille le 17 novembre 1974, de nationalité française, est arrêtée au Mexique le 8 décembre 2005 sur une route qui mène à la capitale (Mexico-City). Elle se trouve a bord du véhicule de son “novio” (le bon copain durable, en espagnol), Israel Vallarta. Ce dernier est le chef chef présumé du gang "Los Zodiacos" , activement recherché par la police mexicaine pour plusieurs assassinats et une dizaine d’enlèvements crapuleux dans la banlieue “chic” de la capitale.
2. Dans la coquette villa campagnarde d’Israel Vallarta – le ranch Las Chinitas, à 29 km de Mexico –, la police découvre des armes et des munitions de guerre, réservées aux forces armées, ainsi que trois otages aux mains attachées, enfermés dans une petite dépendance de la propriété, le cuarto de servicio : Ezequiel Elizalde (20 ans), Cristina Rios Valladares (43 ans) et son fils Cristian (11 ans), enlevés le 19 octobre 2005 par la bande des Zodiacos.
3. Florence Cassez, interrogée par la police mexicaine, reconnaît le ranch Las Chinitas comme étant celui de sa résidence personnelle au Mexique depuis le mois d’octobre 2005. Elle déclare par ailleurs travailler dans un hôtel de Mexico (Fiesta Americana) où elle exerce les fonctions d’hôtesse d’accueil “à l’étage des VIP”. Elle précise aux policiers qu’elle dispose à cet effet en centre-ville d’un petit appartement de fonction fourni par la direction de l’établissement et que ses revenus mensuels, dans ce dernier emploi, comportent des primes saisonnières. Ses revenus nets évoluent à cette époque (toujours selon ses dires) entre 5000 et 7000 Pesos par mois : environ 360 €, dans la fourchette nationale du “salaire moyen”. – Ajoutons que Florence Cassez elle-même déclare le 8 décembre 2005 face aux caméras de télévision ne pas avoir été “bousculée” par la police mexicaine lors de cet interrogatoire, où elle avait bénéficié d’un avocat commis d’office et, comme tous les autres prévenus étrangers, d’un traducteur assermenté franco-mexicain.
4. Au lendemain de son arrestation, le compte en banque n° 4415 4500 7287798/98 de Florence Cassez à la Banamex de Mexico présente un solde créditeur de plus de 50 000 Pesos mexicains.
5. Parmi les effets personnels de Florence Cassez, qui “déménageait ses affaires” dans la voiture de “l’ex-novio” Israel au moment de son arrestation, la police mexicaine saisit une liste de 20 noms et adresses de familles fortunées de la capitale, ainsi que de nombreuses photographies d’amateur sur la réception très amicale de ses parents – Bertrand Cassez et Charlotte Crepin – au ranch Las Chinitas.
6. Les trois otages mentionnés au point 2 témoignent contre Florence Cassez, dénoncée de jour comme de nuit par son fort accent français. Ils la déclarent tous trois coupable de complicité active dans leur séquestration dans la “cabanne aux prisonniers”, le cuarto de servicio du ranch Las Chinitas. – Catégorique, Ezequiel Elizalde ajoute qu’elle portait une cagoule et des lunettes noires lorsqu’elle venait les nourrir ou vérifier les liens. – Cristina Rios Valladares et son petit garçon, pour leur part, reconnaissent seulement le timbre et l’accent de la voix, dont ils se souviendront longtemps….
7. Un membre important du gang Los Zodiacos, David Orozco Hernandez (dit El Géminis), arrêté en mai 2009, désigne lui aussi Florence Cassez comme responsable de la logistique du gang et du recouvrement des rançons, aux côtés d’Israel Vallarta. – Dans ses déclarations à la police, répercutées par tous les grands journaux mexicains, il précise ceci : “Florence Cassez nous a rejoint en 2004, et son influence pour imposer et isoler le chef, ou plutôt s’isoler avec lui, ont largement contribué à semer la discorde au sein de l’organisation… Ses fonctions dans la bande consistaient à planifier les rapts et à organiser le recouvrement des rançons… Israel et Florencia tenaient beaucoup à garder le secret, vis-à-vis des autres membres du groupe, sur les cibles potentielles des enlèvements et la réalité des sommes obtenues des familles d’otages… Ils estimaient que ces informations stratégiques n’avaient pas lieu d’être partagées.” (Sources : La Jornada, El Universal, Radio Trece, El Porvenir, 12-13 mai 2008, Mexico.)
Les 10 réponses de la défense, fournies par les comités de soutien de Florence et la “contre-enquête” de ses avocats
1. Florence Cassez “clame son innocence“ depuis plus de cinq ans dans la prison des femmes de Tepepan (Mexico), malgré les pauvres moyens de communication dont elle dispose encore aujourd’hui : visites du Consul et des avocats, coups de fil à Nicolas Sarkozy, interviews en print, on line et en direct accordées à la presse française et mexicaine, enfin publication en France d’un livre-choc, irrécusable, sur la brutalité et la corruption intégrales de la Police et de la Justice mexicaine : A l’ombre de ma vie (Michel Lafon, 232 pages, février 2010).
2. Cette brutalité et cette corruption sont bien connues de tous les touristes américains et des Français résidant au Mexique, qui doivent souvent multiplier les propinas administratives (pourboires non justifiés) pour obtenir satisfaction, voire glisser un billet de 10 Pesos dans leur permis de conduire pour éviter la contravention ! Attention à ne pas vouloir remonter en ce cas jusqu’au chef de poste, en poussant des hurlements : il vous en coûtera 100 Pesos, au moins, voire une nuit de mise au frais en supplément.
3. Florence Cassez se détachait clairement d’Israel Vallarta au moment des faits, comme le prouve son retour en voiture vers Mexico, avec tous ses effets personnels, retour qui a permis l’arrestation du chef de gang. (Les parents de Florence affirment même qu’elle faisait “chambre à part”, dans les dernières semaines, pour lui manifester son mécontentement.)
4. Israel Vallarta, en bon chef de bande clandestin, chargeait ses armes de guerre dans les toilettes du ranch et ne s’encagoulait que de nuit, à l’abri bien sûr des regards indiscrets. Il était passé maître, comme un certain Madoff, en l’art de détourner l’attention de ses activités. Florence et ses parents le croyait seulement “heureux en affaires”, bien qu’il se soit déclaré lui-même “vendeur de voitures d’occasion”. (Sic.)
5. Point cardinal et capital pour tous les défenseurs de Florence Cassez : l’arrestation du 8 décembre 2005 a été reconstituée à l’aube du lendemain 9 décembre par la police mexicaine – qui l’a reconnu par la suite – face à plusieurs chaînes de télévision mexicaines convoquées pour la circonstance, tout ceci dans le but évident de servir la propagande pré-électorale du gouvernement mexicain.
6. Au Mexique, si l’opinion publique condamne notre compatriote avec sévérité, les experts qualifiés des bureaux de l’épiscopat, après un an d’enquête sociologique et humanitaire, déclarent Florence Cassez victime d’une infernale machination gouvernementale téléguidée par le Président de droite catholique, nationaliste et fachisante : le peu recommandable Mexicain “baptisé par erreur” Felipe Calderon… Un homme qui s’oppose de toutes ses forces à l’avortement, l’euthanasie, le mariage homosexuel et la libération anticipée des criminels récidivistes !
7. En France, tous les grands partis politiques, les ministres du gouvernement Fillon et le Président Sarkozy lui-même unissent leurs voix à celles des militants catholiques, protestants et agnostiques d’innombrables comités de soutien pour exiger la libération et/ou le retour en France de Florence Cassez.
8. Les aveux d’Israel Vallarta et de ses complices ont été presque à coup sûr extorqués sous la torture, habilement dissimulée ensuite face aux caméras de télévision, tandis que les témoignages des soi-disant victimes ont été tous achetés à prix d’or par le gouvernement mexicain.
9. Cristina Rios Valladares, principal témoin à charge dans l’affaire Cassez, n’ose plus confirmer ses accusations à visage découvert devant la presse mexicaine : elle a même fui son pays, prétextant que le gang des Zodiacos – très partiellement démantelé par l’arrestation du chef – risquait de vouloir se venger sur sa personne et celle de son fils Cristian… N’importe quoi !
10. Enfin – last but not least – Hugues Kéraly, premier et principal avocat médiatique en France des prétendues victimes de l’Affaire Cassez, est tenu à l’écart depuis quarante ans par tous ses confrères, comme écrivain catholique de la pire espèce : monarchiste, anticommuniste, anti-œcuménique et anti-mondialiste forcené. Dans les années 70 et 80, ce triste sieur réactionnaire et polémiste n’a pas hésité à soutenir publiquement Alexandre Soljénitsyne, Vaclav Havel, Mère Teresa, pour ne rien dire du cardinal Ratzinger et de Jean-Paul II qui partageaient ses causes et appréciaient ses écrits…
Aujourd’hui, dans les éditoriaux de Secontra.fr – le ”site des chercheurs de sens” (sic) – ce “philosophe chrétien” (re-sic) soutient sans rougir les grandes réformes du quinquenat Sarkozy, mais critique vertement le pouvoir en place sur l’islam, la politique d’intégration, “l’homopholie” à l’école et la fiscalité “antifamiliale” du budget 2011, rien de moins !
Kéraly reste ainsi à travers toute son œuvre un méprisable affabulateur professionnel sans scrupules, tour à tour agent secret du Vatican, du Mossad et de la CIA (selon le Service qui versera sur son compte panaméen les plus grosses sommes d’argent) : ses contre-enquêtes à répétition en Amérique latine, sur le goulag de Fidel Castro (Cuba), les disparus du Chili, les terroristes argentins, la guerre civile au Salvador, les élections sandinistes au Nicaragua, Amnesty International, et la “Théologie de la Libération” l’ont suffisamment établi. (*)
A vous de juger !
Voilà le travail ! –
Amis lecteurs, nous avons pris le temps de tout dire et celui de tout résumer, dans la plus grande objectivité rendue possible par le climat passionnel de “l’Affaire Cassez”. Prenez le temps de tout lire, et de vous faire enfin par vous-même une idée précise sur les motivations réelles des deux camps, à savoir :
1. Les raisons qui ont motivé l’intime conviction des juges mexicains (censurées en France depuis le début de l’Affaire),
2. La valeur des arguments agités par la famille et les avocats de Florence Cassez (puissamment relayés en France par les pouvoir publics, les organisations humanitaires, les autorités religieuses et tous les grands médias).
Oui, assez d’insultes, de fatwas, de hurlements, de calomnies. Si vous savez lire, à vous de juger !
© Hugues Kéraly / sedcontra.fr / 25 février 2011
Voir en ligne : http://www.monde-diplomatique.fr/19...