L’Islamisme dans la guerre d’Algérie : 3ème épisode

, par  Jean Claude THIODET ✞ , popularité : 1%

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3° EPISODE

La guerre d’Algérie se met en place

La guerre d’Algérie est en train de se mettre en place cette année-là.

Une arme révolutionnaire que, plus tard, nos grands spécialistes de la guerre subversive et de la guerre psychologique ignoreront totalement dans leur souci de "chinoiser" à outrance la guerre d’Algérie.

Ii s’agit tout banalement de l’arme de la malédiction divine. Car ce que veut exprimer Omar Smail c’est ceci : "la France veut faire de vous des citoyens français, mais ce qu’elle prétend en réalité c’est faire de vous des chrétiens et vous subirez en temps voulu les effets de la malédiction divine".

La malédiction divine, voilà la menace brandie contre ceux qui refuseraient de suivre la Révolution algérienne.
- 
Mais Omar Smaïl demande aux oulémas des cénacles une seconde chose :

"Il vous appartient dorénavant d’exercer votre action en faisant un usage exclusif de la langue arabe littérale".

Il s’adresse à des oulémas presque tous Berbères comme lui. Il exige d’eux qu’ils s’expriment en arabe littéral. Mais il sait que cela ne pose aucun problème à ses interlocuteurs, étant donné le niveau culturel exceptionnel des hommes auxquels il ! s’adresse.

En prenant cette décision il recherche et obtient un double résultat :

- Il impose la nouvelle arabité de l’Algérie pour faciliter le combat contre la France. La fameuse "arabité rénovée" sur laquelle nous sommes très peu nombreux à insister ;

- il incorpore ainsi ce combat dans les exigences culturelles de la Nahdah, dont l’émir libanals Chekib Alan est le principal animateur, nous le savons déjà.

Cette action des cénacles dure cinq ans et en 1925 il peut ne peut se permettre d’aller plus loin.

Il fonde une deuxième association : le "nadi at taraqqui", le cercle du progrès".

Dans cette nouvelle association, il attribue au statut personnel des musulmans d’Algérie une valeur de plateforme révolutionnaire ultime, sur laquelle la France finira par se casser les dents.

En 1931, enfin, il créée une troisième et dernière association, au cours de deux cérémonies solennelles :

- la première le 5 mai 1931 : il fonde ce jour-là l’association des oulémas d’Algérie, le conseil supérieur des docteurs de la foi coranique ;

- la seconde le 7 mai : il fait élire, à la présidence de l’association Abdelhamid Ben Baddis, mufti de Constantine et à la vice- présidence un autre Berbère des hauts plateaux sétifiens -l’homme de Tocqueville -Ras el oued, El Bachir El Brahimi ou Ibrahim Bachir Cheikh"

Or ces deux Berbères, comme tous les autres de l’association, sont depuis longtemps sous l’influence spirituelle de l’émir Cheikib Arslan le Druze ennemi de la France depuis 1922, condamné à mort par contumace en 1926, qui a milité ouvertement pour génocide arménien en 1915, et qui dirige depuis l’étranger le combat islamiste contre la France.

Après la déclaration de guerre (septembre 1939), Ben Baddis est astreint à résidence surveillée dans un camp de concentration français. il y meurt le 23 avril 1940.

El Bachir El Ibrahimi, le vice- président de l’association, l’ homme des Hauts- Plateaux sétifiens, bien qu’assigné à résidence dans la petite ville d’Aflou, près de Tiaret , devient le président "de facto" ; Astreint à résidence certes, mais libre de ses mouvements et de ses contacts dans les limites de cette ville.

Pendant le déroulement du conflit mondial, le mufti de Jérusalem, Asmine El Husseini rejoint Adolphe Hitler à Berlin.

L’émir Chekib Arslan le suit très peu de temps plus tard. Il va participer, par la voix radiophonique allemande à la préparation d’un soulèvement des musulmans d’AFN.

Il est fait prisonnier par les alliés à la fin de la guerre, en même temps qu’ Asmine El Husseini devenu depuis son séjour en Allemagne le grand mufti de Jérusalem.

On les "laisse" s’évader et Chekib Arslan donne le signal de l’insurrection le jour de la capitulation effective de l’armée allemande, c’est-à- dire le 7 mai 1945.

Nous avons apporté, par ce parcours très schématique et nécessairement incomplet une explication au "pourquoi" de la date du 8 mai 1945.

Il fallait que l’insurrection se déclenchât alors que l’essentiel de l’armée d’Afrique se trouvait encore en Allemagne ou répartie dans des centaines de garnisons de France, d’Afrique du Nord et du Proche-Orient.

Il ne restait dans le Constantinois qu’un effectif de forces militaires classiques extrêmement restreint. Donc le 8 mai, c’était vraiment la date limite favorable à l’insurrection, avant le rapatriement d’effectifs militaires conséquent, habitués au combat depuis 1943.

Mais pourquoi cet appel dont le résultat, bien que sanguinaire, fut un fiasco complet, s’est-il révélé efficace sur le territoire des Hauts-Plateaux sétifiens et à Guelma , et sur ces territoires seulement.

Pour deux raisons sur lesquelles d’une part nos accusateurs et d’autre part nos défenseurs, à la combativité ramollie ne veulent pas insister.

- Première raison : le 23 avril 1945 "se déroulent dans le Constantinois des manifestations destinées à commémorer d’une façon spectaculaIre le cinquième anniversaire de la mort de Ben Baddis décédé en 1940 dans un camp de concentration français.

« Assassiné » par les Français, diront les organisateurs de cette commémoration.

Et c’est dans un climat passIonnel tout a faIt exceptIonnel d’une extrême violence, que va se dérouler cette célébration.

Si l’on ne veut pas connaître et retenir cette phase préalable de l’événement, il est inutile de prétendre à défendre notre peuple pied-noir contre les attaques dont il est l’objet.

A plus forte raison, il est impossible, dans l’éventualité de ce comportement, de contre-attaquer sur le drame du 8 mai 1945.

Au cours de ces cérémonies, la haine de la France fut non seulement proclamée mais, surtout, elle fut psalmodiée :

c’est- a-dire qu’elle fut chantée, modulée en cadence au nom de Dieu, accompagnée du rituel balancement latéral et rythmé de la partie supérieure du corps. La haine connut ainsi, une expression physiologique, sous la forme d’une transe collective ressentie biologiquement par une foule littéralement envoutée.
Les scouts musulmans ont joué un rôle décisif dans la transmission des mots d’ordre et dans la préparation psycho-religieuse de l’action. C’était le "cantique des cantiques de la haine et du sang",.

Deuxième raison : tout cela se déroulait sur la terre de l’exécuteur en chef, le cheikh El Bachir El lbrahimi, né à Toçqueville- Ras El Oued, président en fonction à cette époque de l’association des oulémas.

C’est-à-dire qu’en lui, s’illustrait le père spirituel et militaire de la révolte. "N’qatlan ensara", " tuez les Chrétiens", voilà le cri de guerre chantonné et psalmodié en cadence.

Le jour de la manifestation du 8 mai 1945, autorisée par le Gouverneur Général Chataigneau dans toute l’Algérie, bien qu’il fût informé par son bureau militaire du déclenchement d’une insurrection le jour même de la capitulation allemande.
Tout était prévu pour qu’au premier incident, quel qu’il fût, se déclenchât le massacre.

Un massacre non pas localisé dans la ville de Sétif, mais répandu sur le territoire des Hauts-Plateaux avec une extension â Guelma. Pour les déclencheurs, une généralisation à l’ensemble du territoire était espérée.

Nous avons dit qu’El Bachir El lbrahimi était à Aflou. Mais il y résidait librement.

De la même manière que Messali Hadj était assigné à résidence à Revel-Chelala à l’ouest d’Alger.

Il ne porte aucune responsabilité personnelle dans le déclenchement de l’émeute.

Au contraire, à Aflou, le président de l’association des oulémas recevait des messagers et transmettait depuis la fin avril les consignes émanant de l’émir Chekib Arslan, soutenu lui-même par Asmine El Husseïni, qui depuis son ralliement à Hitler était devenu le Grand Mufti de Jérusalem.

Prisonnier des alliés depuis quelques semaines il s’ évade. Il se rend à Genève et sera plus tard remis aux autorités françaises.

Après un séjour confortable au château de Rambouillet il s’évadera une fois de plus pour rejoindre d’autres sites plus accueillants dans le but de continuer son combat contre les Juifs et contre la France, car pour lui c’est le même combat.

Beaucoup plus tard, en octobre 1962, il assistera à Alger aux cérémonies commémoratives du 45ème anniversaire de la révolution bolchevique et on le photographiera en train de serrer la main de l’ambassadeur soviétique.

De Hitler aux soviets il y avait un petit pas à franchir et ce pas passait par Sétif ,les Hauts-Plateaux, par nos concitoyennes violées et massacrées, nos frères écharpés, tout cela sous l’indulgence béate des ennemis de l’Algérie française d’hier et d’aujourd’hui.

Le début des massacres de Sétif, des Hauts-Plateaux et de Guelma fut d’une atrocité obscène. En quelques heures, sur tout ce territoire des hommes furent littéralement lynchés par dizaines, des enfants tués et disons le une fois de plus, des femmes violées collectivement avant d’être éventrées et d’avoir les seins coupés.

Le "fait de tuer" avait été sublimé, en quelque sorte "consacré", par les incantations et les psalmodies des jours précédents. C’est"à-dire pendant la période du 23 avril au 8 mai 1945 et les quelques jours qui ont suivi.

C’est au nom de Dieu que l’on a voulu humilier les Français d’Algérie de toutes confessions. C’est comme si l’on avait voulu projeter une malédiction sur un peuple de Français d’Algérie qui, depuis toujours, avaient établi d’excellentes relations avec les Berbères. Et je suis de ceux qui attribuent à des malheureuses femmes violées le rang de saintes martyres de notre terre.

Aucune justification sociale, économique, ou plus banalement humaine ne pouvait être invoquée.

C’était encore une époque coloniale certes, mais tout à fait légitime et légale, au cours de laquelle les relations entre les peuples étaient déterminées par des règles différentes des règles modernes qui ont vu le jour par la suite.
Règles imposées par la logique et par la raison. Et auxquelles nous avons adhéré. Mais rien ne justifiait une fureur animale de cette envergure.
En particulier on ne pouvait invoquer "la faim". Car il s’agissait de terres à blé et les populations qui y vivaient étaient les mieux nourries d’Algérie.

C’est au nom de Dieu, au cri de jihad que fut déclenché le massacre de notre peuple français. Le génocide amorcé des Français avait été l’expression choisie de la foi en Dieu. il fallait arrêter le massacre.. Donc, il a fallu riposter !

La riposte fut terrible.
Oui. C’est vrai.

2 000 morts, plus 800 musulmans fidèles à la France assassinés par les musulmans ; mais chiffres des plus vraisemblables.

Et heureusement.

Pour être efficace elle se devait d’être violente, cruelle même, en tout cas spectaculaire.
Car en quelques heures il était devenu nécessaire de se comporter en égorgeurs pour ne pas être égorgés. Au diable la timidité, les fausses pudeurs la lâcheté : et les manifestations méprisables de pitié a posteriori. Le moment était une terrible tragédie. Il fallait la réduire à sa plus faible durée !

il fallait survivre d’abord, ensuite protéger la vie de nos concitoyens menacés de mort, de lynchage, de dépeçage et de viols :

Une question, la dernière, doît être posée.

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