Juste prier en paix

, par  Jean Claude THIODET ✞ , popularité : 8%

Témoignage. Une église profanée à Avignon.

Des semaines et des mois d’incivilités, comme il sied de dire aujourd’hui. Des semaines et des mois de jets de pierres et de pétards dans les jambes de ceux qui se rendent à la messe ou qui viennent entretenir notre église. Des tags et autres graffitis dessinés à la peinture rouge sur toute une façade. Des inscriptions vantant les mérites de telle ou telle communauté.

Des jets de bouteilles d’alcools divers contre les murs et, après chaque week-end, le ramassage des débris en espérant que personne ne sera tombé et se sera blessé sur un tesson.

Une entrée d’église prise pour un urinoir et qu’il faut nettoyer chaque matin. Des jets d’excréments contre les murs de l’église et ce, régulièrement, une fois par semaine environ, avec ce que cela représente en tant que symbole, mais aussi en tant que difficulté pour faire disparaître une telle souillure. Un porche d’église maculé de tout ce qui peut se manger, emballages de nourriture de fast-food ou biscuits apéritifs, paquets de cigarettes vides, etc. Des jets de pierres dans les vitres sans doute avec l’espoir de finir par arriver à en achever une.

Des tirs de ballon au moment de l’office mais aussi des jets de bâton, sans s’inquiéter du fait que cela puisse blesser physiquement quelqu’un.

Des rodéos avec des voitures volées sur le parking, au début uniquement la nuit mais maintenant aussi en plein jour. D’ailleurs, un bébé a failli être blessé avec sa nounou il y a quelques jours, frôlé par une voiture conduite par deux personnes manifestement pas en âge d’avoir le permis. C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de victimes.

Des barreaux de fenêtres tordus, un robinet d’arrosage volé, des bloque-portes disparus, des boîtes aux lettres forcées dernièrement. Deux voitures brûlées tout contre l’église depuis le début de l’année, une première tentative d’incendie volontaire en s’en prenant au tableau d’affichage extérieur et, cette nuit, une seconde tentative en incendiant un cyprès de 10 mètres situé tout près de la porte du presbytère.

Voilà en quelques lignes le quotidien de notre paroisse Saint-Jean- Baptiste à Avignon. Incivilités ? Non. Profanation ! Il faut appeler un chat un chat. Ils ne savent pas ce qu’ils font ? Mais bien sûr, ils le savent. Et ils le font en riant parce que personne ne dit rien, le silence est de mise de la part des autorités et de la presse.

Nous vivons dans un pays qui respecte la liberté de culte et il est de notre droit de pouvoir pratiquer notre religion dans le lieu de notre choix sans avoir à craindre de prendre un jet de pierre quand nous nous y rendons. On ne doit pas craindre de prendre un mauvais coup quand on va prier. Nous avons le droit de nous réunir pour prier sans avoir à craindre que notre foi ne soit la source de conflits insupportables ni l’objet de provocations injustifiées.

Notre Seigneur a déjà été crucifié une fois dans l’indifférence de ses contemporains, ne le laissons pas subir à nouveau des outrages inqualifiables en nous disant que ce n’est pas si grave. Si, c’est grave de s’en prendre à une église. C’est inadmissible de rester silencieux. C’est à nous de dire stop. Il faut arrêter cela.

Cette église de Saint-Jean-Baptiste accueille tout le monde. C’est un lieu de prière mais c’est aussi un lieu où les plus pauvres d’entre nous reçoivent écoute et aide à travers le Secours catholique. Nous ne demandons à personne ni son origine ni sa foi. Cela doit rester un lieu ouvert à tous, c’est important. Les enfants jouent sur le terrain de l’église et cela doit continuer. C’est un lieu où doivent se rencontrer l’amour de son prochain, la solidarité, l’entraide. La peur ne doit pas devenir notre quotidien. Et avec elle, son corollaire : la colère.

Nous demandons que soient respectés notre lieu de prière et notre foi. Nous demandons qu’on ne ferme pas systématiquement les yeux sur des actes de profanation qui ne sont pas anodins, loin de là. Nous demandons que le silence coupable qui entoure ces actes soit rompu. Nous demandons à pouvoir continuer notre bénévolat dans des conditions normales de fonctionnement.

Nous demandons tout simplement que soit juste respecté notre droit de prier en paix. Est-ce trop demander de nos jours ?

Père Gabriel Picard d’Estelan, curé de la paroisse Saint-Jean-Baptiste d’Avignon

Voir en ligne : http://www.valeursactuelles.com/par...

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