Expulser des immigrés, c’est un sale boulot Une fois qu’on a dit cela, on fait quoi ?

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Comme chaque semaine pendant les vacances, nous vous proposons de relire une tribune de Nemo. Cette semaine, l’actualité, c’est le démantèlement des camps de Roms... En octobre 2009, c’était le renvoi de trois Afghans dans leur pays. L’histoire est un éternel recommencement...

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Il n’y a pas la moindre chance pour que vous ayez ignoré que dans la nuit du 20 au 21 octobre, la France a réexpédié à Kaboul trois afghans entrés illégalement sur le territoire national.

Vous n’avez pas été surpris par conséquent que les associations, France Terre d’Asile en tête –c’est sa vocation- aient vigoureusement protesté, que Martine Aubry ait dénoncé le « charter de la honte », et que les medias nous aient servi toute la journée les protestations unanimes venues de toutes parts, rangs UMP compris, c’est vous dire l’iniquité de la mesure…

Bref, la routine (et en omettant soigneusement au passage d’englober dans l’opprobre la Grande Bretagne, d’où l’avion venait, avec à son bord vingt afghans invités à regagner leurs pénates par sa Gracieuse Majesté, sans que cela fasse un foin de tous les diables sur l’île qui a inventé l’Habeas Corpus, mais aussi l’évidence que dans une démocratie, la loi s’imposait à tous).

Mercredi matin, sur Europe 1, Eric Besson, le ministre coupable de cet odieux forfait, corde au cou et de bure vêtu, répondait à un véritable interrogatoire de police : les expulsés sont des hommes dans la force de l’âge, on n’a expulsé ni femme ni enfant, ni vieillard. L’avion disposait de tout le confort. On a ramené les clandestins à Kaboul, dont ils sont originaires, et où ils ne courent pas plus de risque que le reste de la population. Jamais on ne les aurait renvoyés dans des zones tenues par les talibans. On leur a donné de l’argent (2000 euros chacun) pour qu’ils voient venir. Ils seront logés dans un hôtel confortable, et suivis par un délégué de l’Ambassade de France qui les aidera à trouver du travail.

Inutile de préciser que Besson n’a pas convaincu. A l’évidence, une telle opération ne peut avoir qu’un but : donner un signal fort aux électeurs du Front National qui ont voté Sarkozy à la présidentielle et qui seraient tentés de revenir à leurs premières amours.

Je vous raconte tout cela pour être complet, mais en fait mon propos n’est pas à ce niveau. Je vais même sans doute vous surprendre, je partage totalement les arguments des défenseurs des immigrés (qu’ils soient clandestins ou légaux ne change rien à l’affaire) : ce n’est pas par plaisir qu’ils abandonnent leur pays, mais c’est la misère, la peur, l’espoir d’une vie meilleure qui les chasse. Dans leur situation, et à leur place, n’importe quel homme en ferait autant, s’il en avait le courage. Les immigrés que l’on renvoie chez eux sont venus (quand ils ne sont pas morts en route) en Europe dans des conditions épouvantables. Quand on renvoie des clandestins qui sont arrivés jusque chez nous, on tue leur espoir au moment où il se concrétise. C’est un sale boulot, et le faire le plus proprement possible n’assure pas le repos de l’âme.

Voilà, c’est dit. Et maintenant que j’ai fait reluire ma bonne conscience, qu’est-ce qu’on fait ? On s’arrête et on attend ?

Parce que à y regarder de plus près, nous, européens, nous sommes particulièrement bien placés pour évaluer les conséquences d’une politique d’immigration. Doit-on rappeler que nous-mêmes, au cours des siècles, nous avons été les champions du monde de l’émigration : de l’Europe pauvre vers l’Europe riche, l’Amérique, l’Afrique ou l’Asie, il n’y a pas un bout de terre sur toute la planète qui n’ait pas recueilli notre pipi. Alors malgré toute la compassion dont nous sommes capables, nous ne pouvons pas ignorer ce qui arrive aux indigènes d’un pays ou d’un continent qui se laissent déborder par l’immigration : au mieux ils deviennent des esclaves, au pire ils disparaissent.

Les indiens, les africains ou les asiatiques n’avaient sans doute pas les moyens de se défendre devant des émigrants disposant d’une énorme supériorité militaire. Les premiers ont quasiment disparu, les autres ont mis très longtemps à retrouver leur liberté. Allons-nous pour autant, nous, européens d’aujourd’hui, sachant ce que nous savons, et étant en capacité de nous défendre, au mieux nous laisser réduire, au pire disparaître sans réagir ?

En quoi devrions-nous faire la place aux malheureux enfants d’une Afrique indépendante et maîtresse de sa destinée qui s’est dotée librement de leaders qui l’enfoncent au lieu de l’élever ? Pourquoi devrions-nous abandonner notre identité au profit d’un monde musulman qui n’est pas soluble dans les valeurs occidentales ?

Parce que nos ancêtres les auraient « colonisés » ? C’est un argument qui ne résiste pas à l’analyse : les européens n’ont jamais colonisé l’Afrique, et encore moins l’Orient, moyen ou extrême d’ailleurs (pas plus que les africains essaient aujourd’hui de nous coloniser). C’est une énorme falsification de l’Histoire : les européens d’Afrique étaient des immigrés. Les immigrés n’émigrent pas par plaisir, mais à cause de la misère, de la peur, de l’espoir d’une vie meilleure… Et pourtant les africains les ont renvoyés dès qu’ils ont pu, sans grande délicatesse d’ailleurs, dans leurs pays… Et personne n’y a trouvé à redire (sauf, peut-être, les européens d’Afrique, mais ça, tout le monde s’en fout).

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