En finir avec le syndrome Malik Oussekine Ou comment les fouteurs de m.. se servent de sa mort
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Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, dans l’habituel prolongement violent d’une manifestation étudiante contre la loi Devaquet, Malik Oussekine, étudiant sans histoire - on ne sait pas très bien s’il rentrait chez lui après avoir assisté en curieux à la manif ou s’il revenait d’un club de jazz – est pris pour un casseur, se fait tabasser copieusement par des voltigeurs de la police, et meurt des coups reçus, aggravés par une insuffisance rénale sévère.
Le lendemain, le ministre de l’enseignement supérieur démissionnait, la modernisation indispensable des Universités était enterrée par Jacques Chirac, à l’époque premier ministre, et plus connu depuis pour son amour de la tête de veau vinaigrette que pour son courage politique. Le tout arrosé par les larmes de crocodile de François Mitterrand, président de la République de cohabitation, trop heureux d’envoyer son ennemi intime au tapis pour le compte, fût-ce au prix de la mort d’un jeune homme.
Il n’est pas de mon propos de consacrer cette chronique à la mort de Malik Oussekine, encore qu’il y aurait beaucoup à redire sur l’exploitation éhontée qui en est faite depuis plus de vingt ans maintenant. Juste une réflexion : je ne sais pas à quel point les deux flics qui l’ont tabassé étaient coupables, je ne les connais pas, je ne sais pas ce qu’ils avaient en tête ce soir-là, mais les responsables de la mort d’Oussekine, je les connais, ça oui ! Les responsables, les vrais, ce sont ceux qui ont semé le vent, et qui malheureusement, comme toujours, ont laissé à d’autres le soin de récolter la tempête.
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C’est donc dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986 qu’est né le « syndrome Malik Oussekine ». Depuis ce jour funeste pour la France, le droit de grève et le droit de manifester sont devenus pour des minorités extrêmement bien organisées et très attentives à leurs propres intérêts le droit absolu d’emmerder un maximum de monde, de mettre le pays à genoux, et comme si ça ne suffisait pas, le droit d’interdire à ceux qui ne sont pas d’accord avec eux d’exercer leur propre droit de travailler, de se déplacer, voire d’émettre la moindre opinion qui n’aille pas dans le sens de la solidarité avec les grévistes.
Et si vous renâclez, ils vous ressortent aussi sec que le droit de grève est un droit constitutionnel, et que les empêcher de vous emmerder est une atteinte grave à la constitution. Vous insistez quand même, en dépit de leurs doctes explications ? Ils exhibent de leur manche l’arme absolue, des bataillons de lycéens-in-in, ils sont encore plus faciles à manipuler que les étudiants-dian-dian, en supputant qu’une bonne bavure CRS-s-s clouera définitivement le bec de tous les réactionnaires qui ne pensent qu’à enterrer les droits sacrés des travailleurs.
Et c’est ainsi que depuis quelques jours une poignée de ces autoproclamés « damnés de la terre » trouve absolument naturel de bloquer tout l’approvisionnement en carburant de la France. Le gouvernement, ne faisant que son boulot, se permet de faire dégager l’accès aux raffineries ? Aussitôt, un délégué syndical, relayé par des « forces de gauche » toujours prêtes à semer le vent dont je parlais plus haut, n’hésite pas à lancer sur tous les médias un appel vibrant à la résistance contre des rafles qui d’après lui seraient comparables aux rafles de juifs sous Pétain, rien que cela. Quant on sait que les CRS sont allés à mains nues à la manœuvre ! Il y a des moments où on se dit que les « forces de l’ordre » devraient les prendre au mot, tous ces « résistants », pour voir…
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Je ne sais pas pour vous, mais moi, tous ces grévistes qui me bloquent depuis des années dans des aéroports, des quais de gare (ou de port, ça m’est arrivé entre la Corse et Marseille) à des centaines de kilomètres de chez moi, à la veille du week-end de préférence pour que l’emmerdement soit maximum, qui voudraient en plus m’interdire de circuler avec ma voiture, ou de prendre des vacances que je mérite au moins autant qu’eux, et qui m’expliquent le plus sérieusement du monde qu’ils se battent pour la sauvegarde de « mon » service public ou pour « ma » retraite à 60 ans, alors qu’eux ne sont pas concernés, que je ne leur demande rien, et que « leur » service public, j’y tiens d’autant moins que le service privé me coûte infiniment moins cher, est souvent de meilleure qualité, et n’est pas tout le temps en grève, ça me met franchement les boules, comme disent les djeuns.
D’autant plus qu’une partie significative de mes cotisations sociales et de mes impôts vont au renflouement de leurs propres caisses de retraite, déficitaires chroniques, et pour cause, puisqu’ils cotisent nettement moins qu’ils ne reçoivent, et qu’avec l’allongement de l’espérance de vie, ils sont plus nombreux à jouir d’une retraite confortable qu’à travailler…
Alors quand je lis ou j’entends que 70% des Français sont d’accord avec ces grévo-manifestants professionnels qui les empapaoutent depuis des lustres, franchement, je me dis que j’aurais mieux fait de faire carrière à la CGT.
Note : :-P il semblerait bien que dans la guerre entre police et syndicats sur le décompte des manifestants, ce soit la police qui ait raison, pour une fois. Ce ne serait donc pas trois millions de mécontents professionnels qui descendent dans la rue chaque fois qu’il y a un pet de travers quelque part, mais un seul petit million de braillards. Pour s’opposer à la majorité silencieuse, c’est un peu cheap, ne croyez-vous pas ?