DROITE POPULAIRE ? Lu dans Le FIgaro
· Thierry Mariani, un des fondateurs du « collectif de la droite populaire », est le rapporteur du très stratégique projet de loi sur l’immigration. Crédits photo : AFP
Les députés du « collectif de la droite populaire », qui seront reçus à l’Elysée le 9 septembre, se réjouissent de l’offensive sécuritaire de Nicolas Sarkozy et fourbissent leurs armes à quelques jours de la rentrée parlementaire.
Lorsqu’ils ont créé leur collectif début juillet, les députés de l’aile droite de l’UMP ne ménageaient pas leurs critiques à l’encontre de Nicolas Sarkozy.
A force de d’ouvrir son gouvernement à la gauche, prétendaient-ils, le chef de l’État en avait oublié ses fondamentaux.
« Les paroles sur la rupture ont séduit en 2007, les actes n’ont pas suivi », déplorait alors Lionel Luca, le député des Alpes-Maritimes à l’origine du mouvement
.
Puis il y a eu Grenoble, son discours, ses mesures. Depuis, le ton des députés du collectif a changé.
« On est satisfaits, assure Lionnel Luca. Le cap est enfin tenu. Nicolas Sarkozy mène la politique pour laquelle il a été élu ». « Le discours de Grenoble ? C’était bien, renchérit Thierry Mariani, l’autre membre fondateur de la ‘droite populaire’. Le chef de l’État a entendu ce que ressentait nos électeurs ».
Deux mois après sa création, le collectif est déjà très en vue à l’Elysée, qui regarde déjà vers 2012 et cherche à récupérer l’électorat populaire qui a fait défaut lors des régionales. Les 37 députés du mouvement seront ainsi reçus par Nicolas Sarkozy pour un petit-déjeuner, jeudi prochain. A la veille du remaniement, le nom de Thierry Mariani revient souvent dans la liste des candidats potentiels à un maroquin. Le député du Vaucluse reste prudent : « On me l’a tellement promis que, maintenant, je suis passé à autre chose ».
Les « bombes » de Mariani
Plutôt que de se reposer sur ses lauriers, le parlementaire préfère se préparer sa rentrée à l’Assemblée. Il a travaillé tout l’été sur le projet de loi sur l’immigration, dont il est rapporteur.
Avec ses collègues du collectif, Thierry Mariani compte déposer une centaine d’amendements au texte, qui sera examiné à partir du 27 septembre au palais Bourbon. L’auteur de la très controversée proposition sur les tests ADN a préparé de nouvelles « bombes », comme il les appelle. Sur la déchéance de nationalité,
il veut par exemple aller plus loin que le chef de l’Etat, qui propose de la circonscrire aux « auteurs de violences à l’encontre de personne dépositaire d’une autorité publique ». Mariani, lui, veut étendre la sanction à l’ensemble des auteurs de crime condamnés à au moins 5 ans de prison ferme et Français depuis moins de dix ans. « C’est de la logique, explique-t-il. Pourquoi punir les assassins de policiers et pas les autres ? Soit on se conduit correctement et on est digne d’être Français, soit on ne l’est pas »
.
Autres propositions à l’étude : durcir l’accès à l’aide médicale d’État pour les sans-papiers et revenir sur l’acquisition automatique de la nationalité pour les mineurs nés de parents étrangers, s’ils sont délinquants.
Le « bon vieux temps » de Pasqua
De son côté, Lionel Luca n’est pas en reste.
Il propose que l’obtention de la nationalité pour les enfants nés en France de parents étrangers soit conditionnée à une « manifestation de volonté ». « Cela peut être un serment en mairie, par exemple. Mais ça ne doit pas se faire automatiquement »
. La proposition avait déjà été soumise par Charles Pasqua, en 1993. « Le bon vieux temps », sourit Luca. Avec Jacques Myard, un autre membre du collectif, le député des Alpes-Maritimes s’apprête aussi à
« mener le combat » contre les Quick halal. Quant à l’expulsion des Roms, Lionel Luca la considère comme « normale » et va même plus loin. « On pourrait faire la même chose avec les Tchétchènes qui ont passé à tabac un policier sans raison à Nice… De façon générale, ces mesures d’expulsion doivent concerner toute communauté qui n’adhère pas aux principes de la Nation ».
Sécurité et immigration… les deux clés pour gagner en 2012, prétendent les députés de la droite populaire, qui assument sans complexe la visée électorale de leur entreprise.
« Quand on fait de la politique, si ça n’est pas dans le but d’être élu, on peut changer de métier ! », s’exclame Lionel Luca. Thierry Mariani assure quant à lui que la stratégie est la bonne : « Nicolas Sarkozy a été élu en 2007 car il était à contre-courant des médias et du politiquement correct. Pour être réélu en 2012, il est condamné à surprendre. Même si ça ne plaît pas à tout le monde… »