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Crimes de Kadhafi : Ftouh Souhail monte au créneau et interpelle le procureur général de Tunisie
Quelque deux cent cinquante personnes se sont rassemblées ce mardi 22 février devant l’ambassade de Libye à Damas, pour
dénoncer la répression meurtrière de Mouammar Kadhafi à l’encontre de son peuple.
Sous une pluie battante et dès 6H00, des étudiants et des citoyens se sont rassemblés pour crier leur colère contre le
régime de Tripoli, scandant : "La révolution libyenne attend que tu partes", "Kadhafi, criminel de guerre", "Arrêtez les assassinats de nos frères libyens","Kadhafi bourreau !", "Kadhafi dégage
!".
"Tunisiens et Libyens, même peuple, même avenir" pouvait-on lire sur les pancartes brandies par des
manifestants, devant le Consulat Général de Libye, avenue Mohamed à Tunis.
"Kadhafi a dit avoir lancé sa soi-disant révolution en 1969 à Benghazi (1.000 km à l’est de Tripoli) et
bien cette ville martyre creusera sa tombe", criait un étudiant avec un mégaphone. "Criminel de guerre, la justice t’attrapera Kadhafi" et "Va rejoindre ton ami Ben Ali et son épouse Leïla",
lançaient d’autres manifestants.
"On est fiers du peuple libyen qui s’est inspiré de notre révolution, il n’y aura pas de retour en
arrière", affirmait Aïda, 17 ans, enroulée dans un drapeau tunisien et le visage peint aux couleurs du drapeau libyen.
Selon Afif, étudiant en communication, "Kadhafi et ses fils doivent être jugés par un tribunal
international pour crimes de guerre. Le sang des martyrs de Benghazi et de Tripoli ne sera pas versé en vain" disait-il.
Moi-même, j’étais ce matin devant l’ambassade de Libye pour exprimer mon soutien au peuple libyen, et mon indignition
de l’usage disproportionné de la force contre les civils.
L’une des choses les plus chocantes de ce rassemblement était l’absence de représentants de la société
civile tunisienne. Ni la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme (Ltdh), ni le Conseil National pour les Libertés en Tunisie, ni les représentants des partis politiques ou des
syndicats, n’étaient présents pour condamner les crimes odieux du Colonel Kadhafi.
La veille, à la télévision tunisienne, se produisaient des chanteurs orientaux, dont Qasim Sultan,
autrefois célèbre pour ses chansons à la gloire de Saddam Hussein.
Ce mardi 22 février, j’ai interpelé un journaliste d’Al Jazeera qui se trouvait devant l’ambassade de
Libye, près de moi : « Nous assistons à des scènes chaotiques, l’aviation de Kadhafi bombarde le pays quartier par quartier. Ça ne justifierait pas que les intellectuels arabes réagissent avec
la même ferveur que celle constatée sur vos écrans en janvier 2009 ? "
"Des atteintes massives aux droits humains, notamment des violences sexuelles et des homicides, sont
commis à la fois par les forces libyennes et par les mercenaires africains pro-Kadhafi ". Ou sont t-ils les peusdo-humanistes arabes ? lui ai-je demandé.
Puis : "Alors que les forces de Kadhafi se livrent à des atrocités, et que leurs victimes n’ont aucun moyen d’obtenir
de l’aide, je me demande ce que font les hypocrites du clan arabiste qui ont pris l’habitude de stigmatiser Israël",
J’ai entendu toutes sortes d’accusations lancées contre Israël, en janvier 2009. Ils reprochaient à Israël d’utiliser
la force pour se défendre contre les attaques du Hamas. Pourtant, je ne vois pas, de la part des juristes arabes, un seul mot pour condamner les crimes monstrueuses de Kadhafi.
Un dirigeant peut donner l’ordre à ses avions de chasses, ses mitrailleuses, ses chars et ses canons de
tirer sur son peuple ? Où sont passés les donneurs de leçons sur les droits de l’Homme ?
Seraient-ils seulement obsédés par les palestiniens ? Les centaines de morts de Tripoli ou de
Benghazi ne valent pas autant qu’un mort Gazaoui ? Le sang libyen est t-il mois noble que le sang palestinien ?
A ce jour, ce sont plus de six cent cinquante libyens qui ont été assassinés par les forces libyennes et les
mercenaires africains. Des écoles, des hôpitaux et des mosquées ont été détruits. Mouammar Kadhafi dirige ce pays depuis quarante deux ans, et il continue de commettre les pires crimes contre
son peuple. Que font t-ils, ces spécialistes arabes du droit humanitaire ?
Les éternels défenseurs de la « compétence universelle », qui ont déposé autrefois des
centaines de plaintes pour crime contre l’humanité contre Ariel Sharon, mais aussi contre Barak, contre Livni et contre Olmert, cachent aujourd’hui leurs visages. Pour eux, la justice ne
fonctionne que dans un sens unique. Ces "juristes sélectifs" ont une approche bien spéciale du droit, instrumentalisé à des fins politiques et partisanes.
A la demande de quelques manifestants, devant le consulat général de Lybie, j’ai accepté la
proposition de saisir, dans les jours à venir, le procureur général de Tunis au sujet de Kadhafi et de son clan meurtrier, pour qu’ils ne foulent pas le sol tunisien.
Je m’attache pour le moment à rassembler le maximum de preuves sur les crimes de guerre, les
crimes contre l’humanité, du régime libyen (1). Les destructions et les morts, doivent, dans les conditions et selon la législation internationale et la morale fondamentale, être
attribués au dictateur libyen, qui s’est octroyé le titre délirant de ’’leader des dirigeants arabes, roi des rois d’Afrique et imam des musulmans’’.
Je trouve immoral que l’on accepte les persécutions contre les libyens, et que l’on favorise
la tyrannie de la ’victimitude’ des palestiniens. Depuis des dizaines d’années, les élites arabes ont cimenté le statut de « victime exclusive » au peuple palestinien.
Pendant ce temps, les libyens, tout comme le reste des peuples arabes, sont victimes des impitoyables méthodes dictatoriales de leurs tyrans.
S’identifier à des causes humanitaires est certe chose louable, mais je trouve scandaleux de se pencher
uniquement sur la question palestinienne, qui représente pour beaucoup un business plus juteux que les drames des peuples arabes. Depuis l’indépendance des pays arabes, rien n’a été fait
dans ces pays pour améliorer le niveau de vie des citoyens. Les peuples continuent à vivre dans des conditions misérables, sans routes convenables, parfois sans hôpitaux appropriés, sans
écoles de qualité et sans eau potable (2).
Quant à la barbarie "entre frères",<span style=
"font-family: arial, helvetica, sans-serif;"> elle atteint des sommets, et sans jamais aucune critique. Les massacres inter arabes ont pourtant provoqué, et de beacoup, un nombre de
victimes bien supérieur à tous les conflits avec Israël. Selon les chiffres disponibles, plus de onze millions de musulmans ont été victimes depuis 1948. Trente cinq mille, soit 0,3%, sont
morts durant les soixante ans de lutte contre Israël. Cela représente une victime musulmane du conflit avec Israël pour trois cent quinze victimes de conflits entre les arabes. Plus de 90% de
ces onze millions de victimes ont été tuées par d’autres musulmans. Sans compter les lapidations, les coups de fouet, les fatwas, et les assasinats pour apostat.
Je dis à tous les ignorants qui vilipendient Israël : la justice, ce n’est pas de détourner la tête pour
ne pas voir les atrocités "entre frères". Ces atrocités chez nous ne soulèvent pas la vindicte des "droit de l’hommistes" arabes. Cela non plus, on n’en parle pas.
Par conséquent, ils n’ont pas gagné le droit de nous dicter notre conduite et notre opinion sur Israël,
alors que des milliers de libyens continuent d’être massacrés.
Ftouh Souhail
(1) Les crimes de guerre sont définis par des accords internationaux et en particulier dans le Statut de Rome (les 59
alinéas de l’article 8), régissant les compétences de la Cour pénale internationale (CPI) ou aussi par des tribuneaux spéciaux. D’ailleurs l’ancien haut responsable serbe Vlastimir
Djordjevic a été condamné mercredi à 27 ans de prison par le Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis contre des
Albanais du Kosovo en 1999. Ancien adjoint du ministre de l’Intérieur serbe et chef de la sécurité publique (1997-2001), Vlastimir Djordjevic a été reconnu coupable d’avoir participé à une
campagne de "terreur" et de "violence" menée contre la population civile des Albanais du Kosovo en 1999.
(2) 40% de la population arabe vit sous le seuil de pauvreté, selon
un rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et de la Ligue arabe rendu public le 20 décembre
2009 au Caire.
Voir en ligne : http://www.drzz.info/article-crimes...