C’est pas une sardine qui bouche le port de Marseille Putain, c’est le "syndicat dominant", con.
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C’est sûr, on va encore me taxer d’anti-syndicalisme primaire, voire de Sarkozysme secondaire, mais tant pis. Le pré-rapport de la Cour des Comptes, dévoilé il y a une quinzaine de jours, sur les avanies que subit le Grand Port Maritime de Marseille (GPMM), franchement, je ne pouvais pas laisser passer, et croyez moi, ça vaut son pesant de cacahuètes.
Dans le style neutre qui la caractérise, la Cour des Comptes, pourtant plutôt portée à gauche, étrille sans le nommer le « syndicat dominant » de la « manutention verticale », en clair la CGT, traite le gouvernement de dégonflé, et les dirigeants du Port d’ectoplasmes. Je vous résume tout cela dans les paragraphes qui suivent, vous allez vous faire une idée !
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D’abord la Cour des Comptes constate que le port de Marseille, qui bénéficie pourtant d’atouts naturels et financiers qu’Anvers, Rotterdam ou Hambourg pourraient légitimement lui envier, se situe pourtant non seulement loin derrière, mais qu’il continue à perdre régulièrement des parts de marchés. Même dans les hydrocarbures, où il bénéficie d’une rente de situation (puisque c’est à partir de Marseille/Fos qu’une bonne partie de la France s’approvisionne), il réussit à faire nettement moins bien que ses concurrents.
Quant au transport de conteneurs, le plus porteur d’avenir, le GPMM détient le bonnet d’âne : avec 2% du marché européen, et la 27ème place en Europe, c’est tout juste si la Suisse ne fait pas mieux que nous, c’est dire. Et ne retournons pas le couteau dans la plaie : le trafic passagers Corse ou Maghreb a fondu grâce aux grèves à répétition de la SNCM : Marseille se fait maintenant dépasser par Toulon, Nice et Gènes… et la chute se poursuit.
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Après ce bilan plutôt catastrophique, la Cour des Comptes dit pourquoi. Je cite : « Les conflits sociaux, qui minent le port, dégradent sa fiabilité, indicateur essentiel pour les armateurs »... Et il est très vraisemblable que les clients perdus le soient définitivement. Les grèves à répétition, et les avantages extravagants obtenus par les grévistes couleront le GPMM si on ne fait rien.
Quelques exemples :
une organisation déficiente du travail fait que les portiqueurs (grutiers) sont effectivement en poste en moyenne 12 heures par semaine à Marseille, et 14 heures à Fos, contre au moins le double dans les ports normalement actifs.
Pour être mieux servies, ou moins mal, les entreprises de manutention ont pris l’habitude de compléter la rémunération des portiqueurs (en clair c’est un Bakchich plus ou moins forcé, déclaré au fisc mais interdit par la loi) : la rémunération effective nette de tous ces damnés de la Terre est entre 3500 et 4500 euros par mois - rapporté au nombre d’heures travaillées, c’est une paie de cadre très très sup.
avant 2005, les portiqueurs bénéficiaient de 120 primes différentes. Depuis la grève de 2005, nous sommes passés à 132 primes.
bien que travaillant plutôt peu que beaucoup, nos joyeux syndiqués ont réussi l’exploit d’être créditeurs au jour du rapport de 133.000 heures de « récupération », dont la plupart ne sont justifiées par rien d’autre que leur déclaration de bonne foi. Je dirai même plus, ils arrivent à faire de plus en plus d’heures supplémentaires, alors que le nombre total d’heures travaillées diminue ! « Manifestement, la gestion des heures supplémentaires appelle plus de rigueur", note finement la Cour…
enfin, et je m’arrêterai là, pour vous éviter une apoplexie, les portiqueurs trouvent assez de temps entre deux grèves pour concourir au championnat du monde d’absentéisme : 26,53 jours en moyenne, sans doute épuisés par les cadences infernales qu’une direction inhumaine et attachée au seul profit de ses actionnaires leur impose.
Bref, c’est à se demander, à l’énoncé de tout ce qui précède, si les portiqueurs du port de Marseille n’ont pas inventé le temps de travail négatif !
Et la Cour des Comptes de conclure son réquisitoire par une phrase définitive : « il manque au port de Marseille que s’y applique l’état de droit normal », c’est-à-dire, en clair, que les hors-la-loi (le syndicat dominant) soient traînés devant les tribunaux chaque fois qu’ils commettent un délit, voire un crime, excusez du peu.
Hé bien pour ma part, je voudrais préciser à la Cour des Comptes que ce n’est pas d’hier, que l’état de droit ne s’applique pas dans le port de Marseille. A ma connaissance, c’est au moins depuis 1962 que nos "très chers" dockers se sont mis hors la loi, en se servant dans les valises des rapatriés, ou, pour les portiqueurs, en faisant tomber exprès les cadres (conteneurs de l’époque) des Pieds-Noirs à la mer, histoire de les priver du peu qu’ils avaient réussi à sauver. Ça va faire bientôt 50 ans, et c’est toujours les mêmes enfoirés. Il serait temps que ça s’arrête, vous ne croyez-pas ?