Le Couscous de Christian Vebel - chansonnier pied noir-

, par  Danièle LOPEZ , popularité : 26%

Christian Vebel avait l’art de dire tout haut ce que nous pensions tout bas. Il le disait en chanson pour raconter notre là-bas.

Aujourd’hui, plus que jamais d’actualité, ses "chansons" racontent notre vérité. La vérité de la France, celle qui nous a abandonnés.

Et si quarante six années sont passées, le couscous, lui nous est resté.

LE COUSCOUS

Dans les auberges parisiennes

On sert maintenant très souvent

Un plat qu’autant qu’il m’en souvienne

On n’y voyait jamais avant.

Ce plat qu’on fabrique en série

Et qui semble bien plaire à tous

Nous est arrivé d’Algérie

Et ça s’appelle le couscous.

Je ne sais pas ce qui se passe

Mais j’ai l’impression que ce plat

La sauce n’est pourtant pas grasse

Me reste un peu sur l’estomac.

Car sans être un vrai plat de riche

Etant même accessible à tous

Avec son mouton, ses pois chiches,

Il nous revient cher, ce couscous.

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Pour en obtenir la recette

Songez qu’on envoya Bugeaud

Il y laissa quelques casquettes

Quelques zouaves, quelques chevaux.

Il y trouva des lions, des moustiques

Des figuiers, pas mal de cailloux,

Et des gens qui bouffaient des briques

Ou - Mais pas souvent - du couscous.

Dans ces contacts entre deux races

L’un donne à l’autre ce qu’il a

C’est un échange qui se passe

Nous, nous apprîmes à ces gens-là

A lire, à cultiver la terre

La méd’cine et la loi pour tous

Eux ? La seul’ chos’ qu’ils savaient faire

Ils nous ont appris... le couscous.

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Dès lors, pendant cent trente années

Des Français vinrent en bateau

Avec eux des villes sont nées,

Des vignobles, des hôpitaux.

Puis quand le pays fut prospère

On les a virés d’une secouss’

Disant : " Nous gardons vos affaires

Et vous, vous emportez l’couscous ".

Cette histoire, qui paraît folle,

Présente au moins un intérêt :

C’est d’apprendre à la Métropole

Tout un monde qu’elle ignorait.

Car nombreux sont ceux qui s’écrient

Au restaurant, d’une voix douce’

" ça existait donc l’Algérie

Puisqu’il existe le couscous !

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Les rapatriés d’Algérie

Dans tout ça... font un peu bâtards...

Cert’ ils ont quitté leur pays

Sous le choc d’un pied quelque part.

Mais, las de les entendre geindre,

Ceux qui n’aim’nt pas se fair’ de mouss

Leur dis’ : Quoi ? Vous n’êt’ pas à plaindre

Puisqu’à Paris, y’a du couscous.

Princes ! Si par quelque féerie,

Bugeaud revenait, s’il disait :

" J’vous avais donné l’Algérie.

Qu’en fîtes-vous ? ". On répondrait :

" Nous avons lâché blé, pétrole,

Oran, Bône et Béni-Messous...

Mais la France qui n’est pas folle,

N’abandonn’ra jamais l’couscous !

_ Christian VEBEL

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