Une vérité qui fait plaisir

, par  MORA , popularité : 18%

Ceux que l’on appelle les harkis ne sont pas un groupe ethnique. On n’est pas harki de génération en génération. Ce sont des citoyens français. Mais ils ont été des victimes de l’histoire, ils ont été les prisonniers d’un piège historique. C’est ce destin particulier qui les a constitués en une collectivité historique.

Certains d’entre eux ont fait l’expérience douloureuse de la trahison et de l’injustice, d’autres, la plupart d’entre eux, maintenant que les années ont passé, ont hérité du souvenir de la blessure qui a été infligée à leur père ou à leur grand-père. Si l’on n’est pas harki de génération en génération, il n’en est pas moins vrai que le souvenir du malheur, lui, se transmet de génération en génération.

Or, que nous apprennent les travaux de Mohand Hamoumou, qui fut mon étudiant et dont les travaux m’ont sensibilisée au drame des harkis, et d’autres travaux historiques ? Que le choix en faveur de la France au cours de la guerre d’indépendance, qui fut aussi une guerre civile, fut souvent lié à l’adhésion à la France et aux droits de l’homme, parfois au hasard de la guerre et des liens familiaux, parfois au refus du terrorisme du FLN.

La vérité n’est jamais simple. Mais, supplétifs recrutés par l’armée ou cadres de l’administration coloniale, tous sont devenus des victimes, constitués en collectivité historique par ce destin tragique. Ce que nous apprennent aussi les travaux des historiens, c’est que le chef de l’Etat [ le général de Gaulle] ne s’embarrassait pas de considérations morales.

Lorsque furent signés les accords d’Evian, malgré les engagements pris et après quelques semaines pendant lesquelles rien ou presque rien ne se passa, beaucoup d’entre eux (100 000, 150 000 ?) furent massacrés par le FLN victorieux. Les autorités militaires avaient reçu de Paris l’ordre de ne pas intervenir. C’est en désobéissant aux ordres du pouvoir politique qu’un certain nombre d’officiers, qui ne pouvaient pas accepter de renier leur parole, sauvèrent certains d’entre eux et les rapatrièrent en France. Il y furent mal accueillis, pour parler en termes neutres.

C’est que leur existence même gênait pour relire glorieusement l’histoire de la guerre. Par leur seule existence, ils empêchaient d’oublier la sale guerre qui avait été menée en Algérie. [ ... ] Les défenseurs des harkis n’étaient pas dans le bon camp, et toutes les victimes n’ont pas droit à la même solidarité.

Voir en ligne : Harkis

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