Nos "chers" parlementaires La vérité sur l’après mandat
Il revient en ce moment sur le net un texte très bien documenté et quelque peu populiste qui éreinte une fois de plus nos « chers » parlementaires.
Leur rémunération nette plus que confortable, les indemnités –copieuses et multiples - qui leur sont allouées pour qu’ils fassent vivre leur petite entreprise, des conditions de retraite qui feraient presque pâlir d’envie nos PDG du CAC 40, sans compter les innombrables « petits » avantages qu’ils n’éprouvent aucune honte à se voter –on n’est jamais si bien servi que par soi-même-, au nom du sacrifice de « leur personne » à la France. Tout ça passerait encore, si une mesure prise peu avant les dernières élections législatives de 2007 ne faisait pas déborder le vase : en cas de perte de leur siège, les parlementaires ont eu le culot de se voter des indemnités de chômage à taux plein (plus de 5000 euros net) d’une durée de 5 ans ! Rien que ça !
En multipliant le nombre de parlementaires sortis par le montant de l’indemnité vous tombez sur un chiffre faramineux, oeuf corse…
Sauf que, et je crois que je vais vous surprendre (une fois de plus, j’adore ça !), c’est, de mémoire de vieux constitutionnaliste, la première fois que des parlementaires n’hésitent pas à prendre une mesure qui au fond les désavantage, et cela dans le seul intérêt du pays. Parfaitement ! Et je vous explique pourquoi :
Le gros problème de notre représentation parlementaire, pour ceux qui se sont penchés sur la question, c’est qu’elle est constituée à plus de 50% de fonctionnaires, ce qui vous explique au passage pourquoi les fonctionnaires sont si bien traités en France (Vous ne voudriez pas non plus qu’ils se fassent du mal à eux-mêmes) !
Le reste des élus se répartit entre diverses professions libérales, cadres sup de très grandes entreprises, rentiers (aujourd’hui on dit gestionnaires de patrimoine), et quelques agriculteurs, comme François Bayrou par exemple (je rigole). Si vous cherchez des salariés lambda du privé dans nos « chères » assemblées, vous aurez du mal à en trouver. Il n’y en a pour ainsi dire pas, alors qu’ils représentent l’essentiel des forces du travail, comme disent les cocos.
Et savez-vous pourquoi ? Cela va peut-être vous étonner, mais une des causes du manque de représentation des salariés, c’est la difficulté à retrouver un job à la sortie, pour eux comme pour n’importe quel salarié viré autour de la cinquantaine.
Eh bien, c’est pour qu’il y en ait un minimum que les parlementaires, et c’est tout à leur honneur, parce qu’ils n’y gagnent que des concurrents, ont voté cette mesure. Cinq ans d’indemnité s’ils ne retrouvent pas de boulot après leur mandat. C’est peut-être cher, mais si c’est le prix à payer pour contrebalancer la place excessive de la fonction publique dans la représentation nationale, je crois que ça vaut et le coup et le coût. (rassurez-vous, moins de 10 députés concernés aux dernières élections).
Ne sont pas concernés : les parlementaires de profession libérale. Eux touchent d’autant moins d’indemnités de chômage qu’ils n’ont jamais quitté leur travail, tout simplement parce que la plupart des « libéraux » continuent à exercer leur métier pendant leur mandat. Elu ou battu, le médecin continuera à ausculter d’un même stéthoscope son patient et son électeur, l’avocat ou le notaire à conseiller son client et son partisan, en évitant de se faire prendre pour conflit d’intérêt, et en envoyant sa note d’honoraires.
Ne sont pas concernés non plus, les fonctionnaires. Ouf, me direz-vous, heureusement, vu comme ils sont nombreux.
He bien ne vous réjouissez pas trop vite ! S’il y a peu de chances que la mesure sur le chômage des députés ruine le pays, vous payez déjà fort cher, et beaucoup plus que ce que le texte qui circule sur le net ne dénonce, vos députés fonctionnaires. A croire que son auteur est lui-même fonctionnaire.
Vous ne me croyez-pas ? Lisez la suite. Je vous ai résumé 5 points du statut du fonctionnaire parlementaire :
1 – un fonctionnaire de catégorie B ou C élu à une assemblée nationale devient automatiquement cadre A, au jour de son élection.
2 – Pendant son mandat, le corps d’origine du fonctionnaire continue à verser pour lui l’intégralité (part salariale et part patronale) des cotisations de retraite, à l’échelon correspondant du cadre A qu’il est devenu.
3- toujours pendant son ou ses mandats, le fonctionnaire continue à progresser dans son corps d’origine, échelons, promotions etc (je ne sais pas si la progression se fait à l’ancienneté ou au mérite, quelqu’un pourrait peut-être m’éclairer)…
4- Bien entendu, le fonctionnaire cotise pour sa retraite de député ou de sénateur, laquelle se cumulera avec sa retraite plein pot de fonctionnaire.
5- Si d’aventure (je n’irai pas jusqu’à dire par malchance) le parlementaire fonctionnaire est battu, son corps d’origine est tenu de le réintégrer, et donc de le payer, à son nouvel échelon. Si on ne lui trouve pas immédiatement un poste – et pas n’importe quoi, n’importe où-, on le paye quand même, et on lui fournit un bureau et ce qui va avec (poste de travail et avantages de la fonction…)
Et après vous vous étonnez que tant de fonctionnaires ne pensent qu’à servir leur pays ? Moi, ce qui m’étonne, c’est qu’ils aient pensé à faire un peu de place pour les autres... Ou alors c’est qu’il y a anguille sous roche : l’état du pays serait-il si calamiteux qu’on cherche des boucs émissaires ?