Mémoire contre l’Exposition "Guerre d’Algérie" de la FNACA - Préambule
2 Note liminaire :
Ce début de texte constitue une proposition de méthode et d’objectif.
Il ne fera pas l’unanimité, c’est certain.
Nous avons privilégié une forme d’expression qui nous parait adaptée au problème et à son contexte. Il ne s’agit pas "d’essayer de tout refaire" ni de se placer "en redresseur d’erreurs".
Nous sommes partis du principe simple qui veut que pour être écouté, il faut être audible. 2
Préambule
Ce document est réalisé à partir de l’examen de l’exposition "Guerre d’Algérie" réalisée par la FNACA, l’ensemble est constitué de panneaux, qui phase par phase, exposent une chronologie de cet épisode de 1954 à 1962.
Les documents ayant servis de référence à ce texte, sont ceux publiés sur le site internet de la FNACA à l’adresse http://www.fnaca.org et plus précisément à http://www.fnaca.org/page.asp?IDPAGE=326 chaque panneau étant récupérable en ligne par téléchargement.
La FNACA sur son site dit :
2002, POUR L’ANNEE DU
40e ANNIVERSAIRE DE LA FIN DE LA GUERRE D’ALGERIE, UNE NOUVELLE EXPOSITIONCette nouvelle exposition est totalement différente de celle qui circule depuis maintenant plus de 20 ans. Elle comporte 35 panneaux de 2 m de haut x 0,85 m de large se répartissant ainsi : - un panneau de présentation ; - 14 panneaux thématiques (femmes, enfants dans la guerre, action psychologique, mémoire, vie quotidienne des soldats, etc.) ; - 20 panneaux chronologiques. Ils sont abondamment illustrés en couleur à l’aide de photos d’époque et de coupures de presse. Des textes explicatifs très clairs commentent l’iconographie.
La FNACA est la seule, et peut en être fière, à aborder certains sujets considérés comme tabous ou souvent dénaturés, sortis de leur contexte par quelque média ignare ou mal intentionné : violences et tortures, femmes dans la guerre, enfants dans la guerre, prisonniers et disparus, missions humanitaires, mémoire, messages d’espoirs,… Elle est fidèle à sa mission : rechercher la vérité et la dire, car si la guerre d’Algérie s’est faite avec du sang et des larmes, elle doit s’écrire avec une plume et non une gomme.
Témoignage sur cette guerre, cette exposition se veut être un message de réconciliation et de paix, une condamnation de la guerre, ce mal qui déshonore le genre humain et conduit l’humanité toute entière à sa perte.
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Nous sommes partisans de l’introduction de la vie sociale, de l’histoire et de toutes disciplines dans le cadre scolaire. Même si l’impact en est varié, cet apport ne peut qu’être profitable aux élèves, collégiens ou autres étudiants. Un apport externe est une démarche utile.
Nous appartenons à la communauté des rapatriés européens d’Algérie et à ce titre, nous avons un vécu personnel, très variable d’ailleurs, de cet épisode historique. Nous sommes tout à fait favorables à l’utilisation d’expositions pour sensibiliser les personnes, notamment dans le contexte social qui est celui de la France actuellement.
Provoquer des questions, c’est aussi appeler des réponses et donc de l’information.
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C’est donc dans ce contexte pacifique, dépassionné et prêts [fond jaune]à aborder certains sujets considérés comme tabous ou souvent dénaturés, sortis de leur contexte par quelque média ignare ou mal intentionné : violences et tortures, femmes dans la guerre, enfants dans la guerre, prisonniers et disparus, missions humanitaires, mémoire, messages d’espoirs,… Elle est fidèle à sa mission : rechercher la vérité et la dire, car si la guerre d’Algérie s’est faite avec du sang et des larmes, elle doit s’écrire avec une plume et non une gomme.[/fond jaune] que nous avons passé en revue les éléments de cette exposition, par ailleurs d’une très grande qualité de réalisation.
Nous avons voulu produire sans tarder, ce début d’étude, car différentes expositions sont en cours ou prévues et nous souhaitons ATTIRER l’attention des décideurs et des RESPONSABLES sur les questions et problèmes soulevés par cette exposition.
Bien entendu, le réalisateur est le seul responsable des contenus, de leur traitement et des choix éditoriaux qui composent nécessairement une telle exposition.
Pour celles et ceux qui veulent VRAIMENT étudier la Guerre d’Algérie, il existe une bibliographie impressionnante, nourrie et très variée sur le sujet.
Il nous parait aussi évident que "faire des choix éditoriaux" relève de la pertinence historique mais aussi de la vue d’ensemble que l’on souhaite donner à son travail. Il y a donc une double approche, celle qui tend à donner une perception globale et des points de repères, basés sur l’Histoire, puis une autre qui cherche à dégager des sens et des significations.
Ceci ouvre une première zone de dangers : - à partir de l’HISTOIRE réelle, il y a sélection des sujets et interprétation de ceux ci, il y a donc, même si l’on souhaite rester objectifs, un premier schéma d’arbitraire ! Ce risque est couru par tous ceux qui s’approchent de l’Histoire.. _ Nous considérons d’ailleurs ce risque comme sain et productif, puisque, par nature, il va provoquer la diversité des regards et leurs enrichissements potentiels. _ Mais il y a une deuxième zone de dangers : - de quelle autorité et de quel pouvoir, faut-il disposer pour promouvoir une écriture unique ? Qui doit valider le travail ? Qui peut ou doit le contester ? _ Dans notre cas, c’est logique : - l’exposition aborde une partie de l’Histoire (récente) de la France : elle doit donc être validées par des historiens ET des historiens à visions variées et potentiellement contestataires. |
Il y va de la crédibilité des contenus.
Il s’agit ici d’une question ouverte :
[|Qui a validé cette exposition ?|]
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Ce point là nous préoccupe au plus haut niveau !
Pourquoi ?
Car sans être historien professionnel, des inexactitudes ou des manques ou des choix sans valeur de repère, sont identifiés pratiquement sur chaque panneau.
Ou pourrait dire que dans l’absolu, ce n’est pas grave, mais il y a un hic !
C’est que cette exposition est utilisée en TANT QUE RÉFÉRENCE HISTORIQUE !
Peut-on admettre des inexactitudes dans un cursus de formation et d’enseignement ?
Comme ce texte ne constitue qu’un préambule, nous avons voulu donner quelques exemples clairs et précis sur des points qui ont attiré notre attention.
Parmi ces points, il y en a auxquels on peut attribuer une valeur symbolique et d’autres qui, puisque de valeur "formatrice" présentent des erreurs de sens, de référence ou bien simplement des erreurs historiques.
Leur degré de gravité entre, pour une part, dans une appréciation subjective, nous éviterons donc de leur donner ce sens là.
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Pour limiter la taille de ce préambule, nous regardons les trois premiers panneaux de l’exposition.
Pour réduire la taille des commentaires, nous invitons le lecteur à prendre connaissance de chaque panneau qui est commenté, pour une meilleure appréhension des observations. Les panneaux cités sont dans le portfolio en bas d’article.
Panneau 1 - La Guerre d’Algérie
Il s’agit du panneau d’introduction au sujet. La réalisation est belle et très esthétique.
Elle est essentiellement basée sur des images. Ces images, représentent une sorte de fresque imaginaire avec tous les clichés français sous l’Outre Mer lointain, l’oasis et ses chameaux, ânes, femmes voilées, paysage urbain de vieille ville. Et au centre comme une déchirure du papier, le titre : "Guerre d’Algérie 1er nov - 19 mars 1962"
Texte/image concerné | Observation | Contre écriture |
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Guerre d’Algérie | le terme est inexact (car très récent) et ne décrit pas la nature et la réalité du type de conflit, ni les protagonistes | Nous proposons "Terrorisme et Guerre civile d’Algérie".
Ce conflit selon la référence historique est le premier conflit basé sur le terrorisme. Le terme Guerre d’Algérie induit immédiatement en erreur puisqu’il ne s’agit pas d’un pays contre un autre pays, mais d’une guerre civile entre français d’origines différentes. Cela n’empêche pas de la désigner ailleurs comme ’Guerre d’Algérie" mais pour une exposition à but sans doute didactique, est-ce nécessaire ? |
1er novembre 1954 - 19 mars 1962 | S’il est habituel de prendre le 1er novembre 1954 comme date de "départ", il est incongru de prendre la date du 19 mars 1962 comme celle de fin, puisque les textes officiels la situe au 2 juillet 1962 | Nous proposons 1er novembre 1954 - 2 juillet 1962. |
Ensemble des choix illustratifs | le choix des images, nous parait subjectif, cela donne l’impression d’un pays "Au Moyen Age" qui oublie l’état d’avancement de certaines zones urbaines ou agricoles. | Nous proposons un choix plus large d’images plus descriptives - campagnes - villes, etc. Globalement plus représentatif de la réalité de ces périodes. Tout en préservant la qualité esthétique de l’ensemble. |
Panneau 2 - Afrique du Nord
Il s’agit du panneau d’exposé général sur l’Afrique du Nord. Il est en 4 zones : une carte générale puis trois bandeaux horizontaux, un pour chaque pays : Maroc, Algérie, Tunisie.
Des textes accompagnent chaque partie, une vue sur le long terme pour l’ensemble de l’AFN et des séries de dates et commentaires pour chacun des pays, avec quelques photos illustratives.
Texte/image concerné | Observation | Contre écriture |
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Texte introductif : L’Afrique du Nord a subi, au cours des siècles, de nombreuses invasions. Son histoire comprend quatre périodes qui correspondent à ces dominations successives : 1er la période phénicienne ; 2e la période romaine ; 3e la période arabe et turque ; 4e la période française. |
cette approche est inexacte et ne reflète pas du tout les cursus historiques. Le MAROC et la TUNISIE ont été des états souverains - états scélérats certes puisqu’ils vivaient de la piraterie et de l’esclavage, mais états constitués.
C’est d’ailleurs pour cela qu’ils ont été des "protectorats". Il est indispensable et surtout honnête de préciser que la structure tribale présente en Barbarie, n’a jamais été un pays constitué, mais un vassal ottoman à l’arrivée des français. |
Nous proposons une réécriture concertée |
Texte introductif : en 1926, .... l’AFN comprend : une colonie et 2 états protégés. | Les bons mots pour les bonnes choses seraient plus adaptés à une attitude d’enseignement. | Nous proposons :
L’A.F.N. comprend 3 départements français, l’Algérie, et 2 pays sous statut de protectorats, le Maroc et la Tunisie. D’ailleurs comment expliquer la présence de nombreuses victimes arabes à VERDUN pendant 14-18, enrôlés de force ou soldats français ? |
Texte sur l’Algérie-Dates . | Quelques dates clés semblent omises :
1849 nom de baptême : ALGERIE avant la zone n’avait pas de nom établi. Décret CREMIEUX (nationalité française et droit musulman :coranique) pourtant significatif sur le plan local et national et l’attitude de respect de la France à l’égard des cultures locales (il faut se situer dans l’époque d’alors.). Choix de passer sous silence ou d’évoquer trop rapidement plusieurs phases significatives. 1871 Révolte kabyle, Sétif, etc.. laissent à penser que seuls les autochtones musulmans ont agi. Notons également que la majorité musulmane adhérant à la France n’est pas du tout évoquée. |
Nous proposons de revoir plus finement les dates clés afin d’équilibrer les informations et de dégager plusieurs types de point de repères. A la fois sur les mouvements d’indépendance et des actions de l’Etat Français et des habitants européens de l’Algérie, ainsi que les mutations très significatives des courants de pensée chez les musulmans.
Occasion essentielle aussi de rappeler qu’hélas l’Algérie est toujours en guerre civile depuis 1962 - Signe qu’à l’évidence les avis n’étaient pas monolithiques. |
Texte sur le MAROC et la TUNISIE-Dates . | Comme pour l’Algérie, le choix des dates et leurs évocations ne recouvrent pas un fil historique identifiable et objectif. | Nous proposons là aussi un affinage des choix de dates pour imager tous les mouvements ayant une portée historique |
Panneau 3 - 1830 - La conquête
Il s’agit du panneau d’exposé général sur 1830. Il est en 3 zones horizontales.
Trois coups de chasse mouche : récit très incomplet de l’origine du conflit Alger/France
Entrée victorieuse de l’Armée à Alger
Les combats durent plusieurs années
Le style et les contenus décrivent l’arrivée de la France comme une démarche de conquête globale, programmée et désirée. Nous sommes dans l’histoire fiction. Des références exactes sont empruntées à l’Histoire réelle.
Texte/image concerné | Observation | Contre écriture |
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Textes | Le ton et la description du début de l’intervention française porte trop d’inexactitudes pittoresques.
L’empire ottoman n’est pas cité, ni l’organisation tribale de la Barbarie dans le cadre ottoman. Le DEY n’était compétent QUE sur Alger et alentours, pas le pays en entier. En outre, le titre fait penser au lecteur qu’il s’agit d’une décision d’invasion du pays, ce qui est historiquement inexact, puisque seule ALGER était la cible des difficultés. |
Nous proposons que l’attitude du DEY soit mieux exposée ;
Par exemple : en 1815 le président Madison invite le DEY à relâcher les citoyens américains pris en esclavage et le bombardement d’Alger en 1816 par les forces navales américaines, pour obtenir la libération des esclaves - sans doute l’un des sujets les plus durs entre l’Occident et l’Empire Ottoman et ses vassaux, et donc pour la France et le DEY d’Alger outre de parler de la livraison à la France de céréales avariées ayant suscité un différent politico-commercial, il serait opportun de parler d’un différent entre l’Europe et la piraterie et de la pratique systématique des enlèvements et de l’esclavage. Ceci n’enlève rien à l’Histoire et l’éclaire quelque peu différemment. |
Textes et choix | Le "retournement" d’Abd el Kader est assez peu évoqué. | Nous proposons d’exprimer un peu mieux les doutes et les interrogations de peuples musulmans sur la présence française. |
Textes et choix | L’ensemble des textes ignore totalement les ralliements aux français faits par de nombreuses tribus - en fonction de leurs intérêts - berbères - kabyles etc - et de leur souhait de quitter le joug ottoman.
L’organisation tribale (comme l’Afghanistan par exemple) doit être connue car c’est le seul moyen de comprendre les choses. |
il est correct de rattacher le présent et le passé pour être percutant et efficace dans les méthodes d’enseignement.
L’Afghanistan et la drogue sont les pendants de l’AFN et des esclavagistes ! |
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Nous arrêtons à ce stade notre préambule. L’ensemble des panneaux est en cours d’examen et nous produirons un Mémoire de contestation, soumis à signatures multiples afin d’exprimer à tous les niveaux, nos désaccords ou divergences.
Mais dans l’immédiat, si avec trois panneaux nous trouvons autant d’inexactitude ou de choix arbitraires, nous pensons que c’est suffisant pour attirer votre attention, provoquer des doutes et des interrogations et surtout de surseoir à toute exposition paraissant tellement inexacte ou partisane.
- notez SVP que nous avons expurgé grandement la liste des observations par panneau, dans le but d’alléger ce document.
[(Il reste 32 panneaux et certains vont aborder des sujets plus délicats et vraiment supports de controverse ! Nous craignons le pire pour la rectitude de l’enseignement de l’Histoire à nos enfants et pour l’information simple de nos concitoyens !)]
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NotreJournal appelle ses lecteurs à se prononcer sur cette méthode de communication, qui change des méthodes de protestation utilisées depuis 47 ans, qui, il faut bien le dire ont donné peu de résultats. Ceci ne présage en rien de son efficacité, mais laisse augurer du fait qu’une autre approche (au moins, parmi d’autres) est possible.
Nous avons choisi le parti de communiquer VERS L’AUTRE, vers ceux que nous voulons convaincre et informer. L’impact positif de la VRAIE HISTOIRE dépasse largement le cadre des positions partisanes.
Faire la paix des esprits et des coeurs, pour les anciens et les nouveaux, c’est aussi prendre la mesure de toutes les réalités. La première phase de cette position passe par une lecture éclaircie de l’histoire des hommes et des groupes sociaux.
Contrairement à ce que croient beaucoup d’ignorants opposés aux rapatriés, ceux qui veulent "remettre les choses à leurs places" n’envisagent pas de vivre dans la "nostalgérie", puisqu’ils vivent dans le présent. CQFD.
En procédant ainsi nous souhaitons aussi attirer les professionnels de l’Histoire, historiens, professeurs et souhaitons qu’ils veuillent bien participer à cette observation globale du travail de la FNACA. Nous tenons à rappeler que le travail considérable de montage et de création fait par la FNACA est respectable et à certains égards, admirable.
Porter la connaissance est essentiel, la diffuser aussi.
Nous souhaitons que certains aspects soient revus, dans le sens où cette information diffusée à grande échelle doit porter une vérité didactique, la plus objective possible.
Reconnaître des torts est du domaine politique, cela concerne toutes les parties,
exposer l’Histoire, c’est exposer tous les faits marquants ET concerne AUSSI toutes les parties.