Le Respect Humain ou l’aventure du vent et de la girouette
Respect humain
Avez-vous remarqué ce que fait la girouette,
Quand doucement souffle la bise ou que le vent
Dans une grande fureur arrive à la tempête,
Et secoue les palais comme les humbles auvents.
A toutes les risées, plus ou moins elle oscille,
Haut placée sur son axe, elle miroite au Soleil,
En laissant échapper toujours les mêmes trilles,
Sans le vent, corps sans âme, qui voit tout et ne veille
Sur ces points ressemblants à ce jouet du vent,
Au cours de notre vie combien de nous humains
La tête et le cœur nuls, vides de sentiments,
Succombons tous les jours sous l’étrangère main.
Cette main gigantesque qui sans elle nous étreint,
Nous broie, puis nous façonne sans repos ni sans trêve,
Nul ne peut la connaître et personne ne la craint,
Tant occupés nous sommes, courir après un rêve.
Si notre âme est empreinte de douce mélancolie,
Pourquoi, parce qu’un jour vous entendez du bruit
Curieux, des insensés partager la folie !
Et vous retrouvez seuls dans une épaisse nuit.
On continue de vivre ; on remplace oui par non,
Ce que vous estimiez passe à votre critique.
Détruire son édifice, c’est maintenant le ton ;
Faites et inclinez vous. Il n’y a point de réplique.
On suit : plus tard, entraîné par le tourbillon,
Fou, aveuglé, on n’a même plus la prescience,
De voir que c’est un vaste tombeau, ce sillon
Dans lequel les humains promènent leur conscience.
On n’a plus la parole, le geste lent qui donne
A la détresse des âmes la douce consolation,
Aux enfants, aux vieillards la très discrète aumône,
Seules raisons de croire. Toutes fleurs de rédemption.
De la plus tendre enfance jusqu’au bord de la tombe,
Tout être aura subi des assauts intérieurs
Qui donnent la vraie joie, la plus douce et profonde,
Celle qui s’acquiert ainsi : agir selon son cœur.
Qu’y a-t-il de plus grand que celui qui peut dire
Je pensais comme ceci, je n’ai fait autrement.
De moi tous mes Amis peuvent à l’envie médire,
Pour leur faire plaisir, à moi-même je me mens.
Allons ! Tous au combat ! Et debout sur la brèche
Agissons aujourd’hui, trop tard sera demain,
Dénonçons à nos frères dans un convaincant prêche
La main qui nous étreint. C’est le respect humain.
Ce poème date du 16 mai 1917 et a été composé par un Poilu des Bois Bourru à Verdun, A.Fouchez. D’actualité, je tenais à lui rendre hommage en cette fin d’année 2008.
Et n’oublions pas :
Tous les baisers valant ce qu’on les prise
Les uns se voulant chauds, d’autres préférant la bise
On s’embrasse. Enfin que n’embrasse t-on pas,
Qui des baisers ne connaît les appas ?
Mais de ces vers je ne voudrais pour prix
Qu’un seul vers vous sans abattre l’esprit,
Qu’un seul, pour vous, tende à espérer
Mille bonheurs à venir pour votre nouvelle année