Le Couscous de Christian Vebel - chansonnier pied noir-
Christian Vebel avait l’art de dire tout haut ce que nous pensions tout bas. Il le disait en chanson pour raconter notre là-bas.
Aujourd’hui, plus que jamais d’actualité, ses "chansons" racontent notre vérité. La vérité de la France, celle qui nous a abandonnés.
Et si quarante six années sont passées, le couscous, lui nous est resté.
LE COUSCOUS
Dans les auberges parisiennes
On sert maintenant très souvent
Un plat qu’autant qu’il m’en souvienne
On n’y voyait jamais avant.
Ce plat qu’on fabrique en série
Et qui semble bien plaire à tous
Nous est arrivé d’Algérie
Et ça s’appelle le couscous.
Je ne sais pas ce qui se passe
Mais j’ai l’impression que ce plat
La sauce n’est pourtant pas grasse
Me reste un peu sur l’estomac.
Car sans être un vrai plat de riche
Etant même accessible à tous
Avec son mouton, ses pois chiches,
Il nous revient cher, ce couscous.
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Pour en obtenir la recette
Songez qu’on envoya Bugeaud
Il y laissa quelques casquettes
Quelques zouaves, quelques chevaux.
Il y trouva des lions, des moustiques
Des figuiers, pas mal de cailloux,
Et des gens qui bouffaient des briques
Ou - Mais pas souvent - du couscous.
Dans ces contacts entre deux races
L’un donne à l’autre ce qu’il a
C’est un échange qui se passe
Nous, nous apprîmes à ces gens-là
A lire, à cultiver la terre
La méd’cine et la loi pour tous
Eux ? La seul’ chos’ qu’ils savaient faire
Ils nous ont appris... le couscous.
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Dès lors, pendant cent trente années
Des Français vinrent en bateau
Avec eux des villes sont nées,
Des vignobles, des hôpitaux.
Puis quand le pays fut prospère
On les a virés d’une secouss’
Disant : " Nous gardons vos affaires
Et vous, vous emportez l’couscous ".
Cette histoire, qui paraît folle,
Présente au moins un intérêt :
C’est d’apprendre à la Métropole
Tout un monde qu’elle ignorait.
Car nombreux sont ceux qui s’écrient
Au restaurant, d’une voix douce’
" ça existait donc l’Algérie
Puisqu’il existe le couscous !
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Les rapatriés d’Algérie
Dans tout ça... font un peu bâtards...
Cert’ ils ont quitté leur pays
Sous le choc d’un pied quelque part.
Mais, las de les entendre geindre,
Ceux qui n’aim’nt pas se fair’ de mouss
Leur dis’ : Quoi ? Vous n’êt’ pas à plaindre
Puisqu’à Paris, y’a du couscous.
Princes ! Si par quelque féerie,
Bugeaud revenait, s’il disait :
" J’vous avais donné l’Algérie.
Qu’en fîtes-vous ? ". On répondrait :
" Nous avons lâché blé, pétrole,
Oran, Bône et Béni-Messous...
Mais la France qui n’est pas folle,
N’abandonn’ra jamais l’couscous !
_ Christian VEBEL