Ils sont où, les défenseurs des droits de la Femme ? Bertrand Cantat est enfin libre de nous chanter sa douleur

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Pendant les vacances, Notre Journal vous propose chaque semaine un morceau choisi des tribunes de Nemo. Cette semaine, vous l’avez sans doute appris par la presse, Bertrand Cantat, le chanteur de Noir Désir frappeur de femme (s ?) jusqu’à la tuer, est enfin libre de tout contrôle judiciaire. Nul doute que cette grande conscience va de nouveau s’exprimer contre le racisme, le libéralisme, sans oublier la violence et le féminisme...

L’occasion de relire la tribune de Nemo du 23 janvier, juste après le suicide de l’épouse de notre bienaimé chanteur engagé.

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Je regardais l’émission de FOG sur France 2 vendredi soir. Giesberg avait invité comme d’habitude trop de monde, mais il y avait heureusement Richard Millet , un écrivain dont je vous recommande chaudement la lecture. Il s’agissait d’un énième débat sur l’identité nationale, qui, comme chacun sait, n’intéresse personne, mais dont on n’arrête pas de parler, pour dire qu’il ne faudrait pas en parler.

Et Millet de jeter un froid en constatant, d’un air désabusé, qu’il faisait partie de cette majorité de Français à qui on ne donnait jamais la parole parce qu’ils avaient commis le crime d’être blancs, chrétiens et hétéros. Et il ajoutait tranquillement, pour ceux qui n’avaient pas bien compris, que n’avaient aujourd’hui le droit de s’exprimer librement en France, que les (je reprends ses mots, n’allez pas me faire un procès, j’ai enregistré l’émission) « pédés », les « noirs », les « arabes », et de préférence pour dénoncer tous les mauvais traitements que notre pays, pourtant des Droits de l’Homme, leur faisait subir.

Quel rapport avec la suite ? Vous l’allez voir :

J’ai regardé avec soin les photos du rassemblement de soutien à la comédienne algérienne Rayhana , aspergée d’essence par « deux inconnus » qui apparemment avaient l’intention d’en faire un barbecue. Je n’y ai pas repéré grand monde de connu, et encore moins des maghrébins. Alors que l’on nous bassine avec l’Islam des lumières, que l’on nous raconte que c’est un Islam de paix et de tolérance, à ne pas confondre avec l’horrible islamisme, soit, admettons. D’autant plus que c’est vrai. Mais alors, pourquoi n’y avait-il pas des milliers de musulmans pour soutenir Rayhana ? Il n’en manque pourtant pas à Paris. Et que penser de l’absence des partis politiques de gauche (à part Manuel Valls, il faut lui reconnaître une certaine constance), des ligues et associations antiracistes en tout genre, des islamofrancophiles, des droits de l’hommistes ? Quelle bonne occasion, pourtant, de rappeler avec courage les valeurs de l’Islam et les droits de la femme.

Imaginons une seconde qu’une femme voilée ait subi le sort de Rayhana…

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Et puis, je suis tombé sur le suicide de Kristina Radi, la femme de Bertrand Cantat. Radi n’est ni noir, ni beur, (oui, je sais, c’est une plaisanterie atroce, j’en demande pardon à la famille, mais c’est plus fort que moi). Elle est hongroise. Cantat, lui, est rose (il fallait le dire, et ce sera dit). Tout le monde le sait. Et voila que tout s’explique ! Discrétion assurée. Condoléances aux familles. De la décence, rien que de la décence, pas de polémique sordide. Respectons la douleur de Bertrand…

Pourtant, ce type, Bertrand Cantat, si on y regarde de plus près, il n’est pas si joli qu’on voudrait nous le faire croire :

D’abord, quand on donne des leçons au monde entier, on ne jette pas comme un kleenex une Kristina qui a abandonné une carrière brillante dans son pays pour vous suivre, et, qui plus est, vient de vous donner un enfant, sous prétexte qu’on a rencontré une Marie, même Trintignant, même si c’est de l’amour fou. Quand on est un homme, un vrai, on se met un nœud à la quéquette, on serre les dents, on attend que ça se passe, et on fait passer sa famille avant son petit bonheur égoïste.

Et puis, même bourré (de mauvaises intentions), quand on est un homme, un vrai, on ne tape pas sur une femme, même quand on l’aime. Et l’alcool n’excuse rien. On n’a pas besoin d’alcool pour être un salaud.

Enfin, et surtout, quand on a tué la femme qu’on a aimé d’un amour fou, on ne se dépêche pas, à peine sorti de prison, de recommencer comme si de rien n’était : nouvel amour avec une jeune brunette (merci Kristina, de m’avoir soutenu pendant que j’étais dans la merde, mais tu vieillis, et moi, j’aime pas les vieilles), nouvelle chanson pour dénoncer le sarkofascisme, ça marche toujours avec les jeunes, frustration de ne pouvoir s’épancher sur ses amours avec Marie Trintignant, ce qui lui est interdit encore quelques mois - c’était la condition inhumaine de sa sortie anticipée de prison.

Si un type comme ça est un type bien, une victime du destin, alors où sont passés les salauds ?

Vous allez voir, dans quelques jours, on va commencer à insinuer que Rayhana a tout inventé pour se faire de la pub. Et, dans quelques mois, dès que sa probation sera terminée, le beau (salaud) Cantat, (je ne l’appelle pas Monsieur, ce serait lui faire trop d’honneur,) va nous sortir un album bouleversant, dégoulinant du sang de ses mortelles amours et de ses noirs désirs. Ce sera un grand succès.

Quelle importance, tout cela, me direz-vous, quand Haïti pleure ses dizaines de milliers de morts ? Aucune, sauf que tous ces gens qui ferment leur gueule quand des salauds de culs bénis arrosent d’essence une femme au nom de l’Islam, ou qui se mettent aux abonnés absents quand un salaud de gauche fait le salaud, ce sont les mêmes que vous allez voir à la télé et entendre dans les radios vous sommer de verser votre obole et vos larmes de compassion pour les Haïtiens.

Comme c’est facile, de se payer une bonne conscience.

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