Flics ou voyous ?

, par  Jean Claude THIODET ✞ , popularité : 6%

Non, journalistes !

Le traitement médiatique des déboires du commissaire Michel Neyret, suspecté de corruption pour ses liens aussi inquiétants avec le Milieu que l’efficacité de ses résultats contre la délinquance était saluée – ou parfois jalousée, sans doute – de sa hiérarchie, laisse sceptique.

S’il est évident qu’on ne l’ait pas mis en garde à vue sans raisons, après plusieurs mois de mise sous surveillance, le déchaînement médiatique depuis l’annonce de celle-ci l’a déjà condamné dans l’Opinion publique avant même qu’il se soit s’expliqué. Cette présomption d’innocence dont on se targue tant en France n’aurait avant tout de sens que si on laissait policiers et juges faire leur travail dans la discrétion et la sérénité, ce qui n’est jamais le cas. Les journalistes se substituent sans cesse avec arrogance aux uns comme aux autres.

“Il avait le meilleur taux d’élucidation de France, tout le monde l’applaudissait et le respectait, ça fait vingt ans que sa hiérarchie est dithyrambique sur lui”, explique David Metaxas, l’avocat du grand banditisme à propos de l’intéressé.

Si les charges contre Neyret et d’autres fonctionnaires de police sont suffisantes et qu’ils se retrouvent tous au minimum mis en examen, voire placés en détention, gageons que l’affaire si bruyante depuis deux jours, disparaisse aussitôt des médias dans la foulée. Tout ayant été dit, grossi, déformé, non vérifié sinon inventé avant même que prouvé, il faudra bien alors que les professionnelles tant avides d’informations sensationnelles changent de sujet pour justifier non seulement leur salaire, mais plus encore leur morgue.

Et si ce Commissaire, super flic au-dessus de tout soupçon voilà encore moins d’une semaine, devait sortir de sa garde à vue sans mise en examen, quelle importance ! Mais aucun journaliste, à l’évidence extrêmement bien renseigné, ne l’envisage.

On verra ce qu’il en est dans la journée, mais quel que soit l’avenir de cet “as des as” de la police, le “mal médiatique” est fait. Et pas seulement pour sa seule réputation et celles de quelques-uns de ses hommes. C’est l’image même de la police qui est salie, moins par l’éventuelle réalité des soupçons qui pèse sur les « encore simplement » suspects, que par l’image qui est ainsi donné d’elle.

Car pas un journaliste ne relève que si la police peut abriter malheureusement des moutons noirs dans ses rangs, elle n’hésite également pas à y faire le ménage. La preuve !

Le plus étonnant est l’impudence des médias dont certains s’offusquent dans le même temps de l’apparition du site CopWatch qui diffuse des informations sur les policiers, soit un véritable site de délation anti-flics où sur ceux-ci « tout est dit, grossi, déformé, non vérifié sinon inventé avant même que prouvé »… Leurs propres traitements de l’information n’est guère plus estimable.

Il arrive qu’il soit difficile de faire la différence entre flics et voyous, c’est vrai ! Mais quand les journalistes prennent la place des premiers, il est somme toute logique qu’il soit tout aussi difficile de faire la différence avec les seconds.

Voir en ligne : (www.philipperanda.com)

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