Fatima Ghailan - En Espagne aussi, le spectre de l’hydre islamophobe Une mécréante veut faire mettre un imam en prison

, popularité : 9%

Vous ne connaissez pas Fatima Ghailan ? ça ne m’étonne pas.
Il faut dire que les médias et les associations français sont restés très discrets dans cette histoire…

Mais quand je vous aurai précisé qu’évoquer l’affaire Fatima Ghailan présente un risque non négligeable de stigmatiser les musulmans et d’attiser les flammes de l’islamophobie, vous saluerez comme moi le sens des responsabilités que nos porteurs de valeurs ont encore une fois manifesté.

Jugez-en vous-même : Fatima Ghailan vit en Catalogne, à Cunit, une ville moyenne de la province de Tarragone. Ce n’est pas la France, certes, mais autant dire que l’affaire se déroule à notre porte. Fatima est Espagnole d’origine Marocaine, mariée, un enfant. Elle est fonctionnaire municipal, employée à la Mairie de Cunit pour faciliter le rapprochement entre les cultures Catalane et Maghrébine – les musulmans représentent près de 20% de la population – beau projet, belle ambition de la ville.

Le problème avec Fatima, c’est que, malgré les injonctions et les menaces amicales de l’imam de l’endroit, un dénommé Mohamed Benbrahim, Marocain de nationalité, elle refuse obstinément de porter le voile, bafouant ainsi l’autorité de l’imam, elle conduit sa propre voiture, et, horreur et abomination, elle ose fréquenter des Espagnols, et pas seulement des femelles, des mâles aussi. Oui, vous m’avez bien lu, des mâles Espagnols !

Mettez-vous à la place de l’imam. Qu’une municipalité ne trouve rien de mieux que de confier à une impie impudique, qui fait honte à sa communauté, une mission de rapprochement entre les musulmans et les chrétiens, si ce n’est pas une provocation, une insulte personnelle et confessionnelle, n’ayons pas peur des mots, du racisme et de l’islamophobie, c’est quoi ? Hein ? Je vous le demande.

D’où la réaction ô combien compréhensive de l’imam : que son sang n’ait fait qu’un tour, qu’il ait poursuivi Fatima, son mari et leur fils dans les rues de Cunit à la tête d’un commando punitif auquel s’était joint le président de l’Association Islamique de Cunit, Abderramane El Osri, lui aussi hautement indigné, quoi de plus compréhensible ?

Et que, Fatima ayant réussi à lui échapper et, comble de l’infamie, ayant porté plainte auprès de la justice de l’endroit, l’iman ait entrepris une démarche officielle auprès du Maire de Cunit, Judith Alberich, membre du Parti Socialiste Catalan et de par le fait humaniste, antiraciste et pacifiste, pour qu’il licencie Fatima, et qu’il l’oblige à retirer sa plainte, quoi de plus naturel ?

Hé bien figurez vous que malgré l’intervention du Maire, non seulement Fatima, allant jusqu’au bout de sa trahison, et n’écoutant que son aversion pour ses coreligionnaires, a maintenu sa plainte, mais en plus elle a réussi à trouver un juge, sans doute islamophobe et raciste, il faut hélas avouer qu’il y en a beaucoup en Espagne, peut-être la mémoire de cinq siècles de colonisation positive par les Arabes, pour poursuivre l’imam et son séide, et même pour demander son incarcération provisoire, compte tenu du risque que courait Fatima. Dans quel monde vit-on ?

Heureusement, il y a au moins une femme de courage à Cunit : le Maire, usant de ses pouvoirs de police, et n’écoutant que son sens du devoir, a suspendu l’arrestation, afin d’éviter de créer une situation conflictuelle entre une communauté musulmane déjà trop stigmatisée et le reste de la population.

Voilà où nous en sommes. Fatima se cloitre, l’imam plastronne, et les musulmanes de Cunit se voilent.

- !- !- !- !- !- !- !- !-

Ce qui est le plus choquant dans cette affaire, ce n’est pas que des crétins fanatiques et illuminés essaient d’imposer leur loi, ça c’est dans l’ordre des choses. Ce qui est désespérant, c’est encore une fois qu’une autorité de l’Etat, en l’occurrence le maire d’une ville de 13000 habitants –il ne s’agit pas d’un village sans ressource-, recule devant une oppression qu’il a les moyens et le devoir d’empêcher légalement, par la force publique si nécessaire, après tout elle est faite pour cela, pour acheter une paix sociale qu’elle n’obtiendra de toutes façons jamais de cette façon.

Parce qu’en plus on le sait tous, et l’histoire l’a systématiquement démontré : ce n’est pas la passivité ou la peur manifestée par les opprimés qui arrête les oppresseurs, c’est la révolte et la lutte. Chaque fois que l’on se laisse arracher un morceau de liberté, on se prépare à en perdre un autre, et encore un autre.

Reculer, ce n’est pas résoudre le problème, c’est générer le problème suivant.

Navigation

Brèves Toutes les brèves