De quoi les pieds noirs ont-il eu peur ? suite
« Algérie 1962 : de quoi les Pieds-noirs ont-ils eu peur ? »
C’est la question qu’ils se posaient.
Nous pourrions poser la même question à ces organisateurs-débatteurs du débat du 26 mai dernier car le sujet est tellement actuel, qu’il n’aurait pas besoin d’historiens pour analyser, mais seulement, comme pour nous d’ailleurs, des « fuyards encore vivants » pour raconter.
La seule différence sera le pays.
Au lieu de parler de l’Algérie, nous parlerons de la France,
Au lieu de dire « les Pieds-Noirs » nous les nommerons « les banlieusards » …
Essayons ensemble de retracer les jours heureux de ces familles françaises qui vivaient … à Paris, par exemple.
Jusque dans les années 60, un bon père de famille ouvrier travaillait plus de huit heures par jour et sept jours par semaine. La maman n’avait guère de loisirs, sans machine à laver, sans lave-vaisselle, elle s’occupait vaillamment d’élever ses trois ou quatre enfants (c’était la moyenne nationale).
Elle faisait ses courses au marché du quartier ou chez les commerçants de sa rue. Tous les pères n’avaient pas la chance de posséder une voiture et partaient travailler à pied, à bicyclette ou en métro.
Les enfants, tout proprets dans leurs habits de tous les jours, allaient à pied à l’école du quartier. Et même si tous n’allaient pas à la messe, les parents étaient fiers de se promener avec toute la famille , dans leurs beaux habits du dimanche que l’on brossait , lavait et rangeait jusqu’au dimanche d’après.
Avec le petit dernier qui venait de naître, souvent le deux-pièces humide en hiver ou pas très ensoleillé que l’on chauffait avec le poêle à charbon devenait vite exigu.
Contre un deux pièces humide , on vous proposait - moyennant un loyer modéré - quatre pièces chauffées, avec vue sur un joli bois, ou encore un espace vert aménagé pour que les enfants puissent respirer le bon air de la campagne tout en conservant les avantages de la ville toute proche.
Tous étaient de braves français, employé de banque, ouvrier, magasinier, ou fonctionnaire, pas riches, mais pas pauvres non plus, qui se voyaient obligés de quitter le quartier pour vivre mieux.
Ainsi est née la « ceinture » parisienne. La banlieue !
Les municipalités ont multiplié les « cités » qui faisaient la fierté des maires. Les spéculateurs, aussi, ont vu le vent venir et ont construit à tout va , dans les villes à l’entour.
Peu à peu, les parisiens ont appris à migrer. Ils sont devenus les "banlieusards" mais ils vivaient heureux.
Ouvrons ici, une parenthèse pour dire que, à tort, certains français ont jugé responsable de la flambée des loyers, l’arrivée des pieds noirs à cette époque. Certes, il fallait bien loger un million de français qui n’étaient pas prévus dans leur programme, mais en y regardant honnêtement, ils y ont tous gagné !
Moult cités et autre h.l.m ont ainsi poussé comme des champignons à l’orée des villes.
Neuves et flambantes, tous leurs occupants ne cherchaient qu’à les embellir. Les fleurs égayaient les balcons, les "Maisons de Quartier" accueillaient jeunes et moins jeunes. Les périodes de vacances étaient occupées par ceux qui ne partaient pas - ils étaient nombreux - à se réunir, bavarder, jouer. Les Cités étaient devenues de grandes familles.
Et puis le « social » a changé la donne.
On n’appelle plus une Habitation à Loyer Modéré, on appelle un
« logement social ».
Ce n’est plus considéré comme un logement avec tout le confort destiné aux familles nombreuses, c’est devenu l’ endroit où on loge les familles immigrées. Et elles se sont multipliées ! Aussi, à chaque fois qu’un parisien bon teint libérait un appartement on le remplaçait pas une famille d’immigrés.
Donc, ces familles-là ont dû penser qu’elles étaient parquées dans des bidonvilles. Et c’est certainement dans cet esprit qu’elles ont élevé leurs enfants. « – Voilà ce qu’on nous donne à nous !!! ».
Alors, pourquoi respecter cet endroit dont personne ne veut sauf nous les pauvres malheureux ? Petit à petit ces endroits sont devenus de véritables taudis par la volonté destructrice de leurs habitants à tout casser.
Et comme ce n’était pas suffisant avec ses nouveaux locataires, la haine a remplacé la joie de vivre dans ces cités.
Mais pour quelles raisons les banlieusards ont-ils eu peur de rester dans leur cité ?
A-t-on crié au loup quand ces familles fuyaient ce qui est devenu des bidonvilles ?
A quel prix certaines familles françaises ont-elles payé leur départ forcé de ces h.l.m ?
Pour quelles raisons ? Pour quelles peurs ? Pour préserver leurs enfants ? Parce qu’elles se sentaient menacées ?
Ces quelques dessins humoristiques parlent bien plus que de longs discours, tant ils sont criant de vérités, n’est-ce pas ?
Que s’est-il passé dans les banlieues ? Pourtant ces beaux immeubles ont eu une vie agréable il y a si peu d’années .
Combien de parisiens vous racontent aujourd’hui les moments de bonheur qu’ils ont eus dans ces cités ?
Que vous répondent-ils si vous leur demandez-leur d’y retourner !
Auriez-vous le courage de leur poser ces questions ?
Auriez-vous le courage d’organiser un débat sur le thème :
« Mais de quoi les européens français des banlieues ont-ils eu peur pour quitter les cités ? »