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Alliés et ennemis de Damas s’inquiètent de l’après-Assad
D’Israël à l’Iran, les voisins de la Syrie commencent à envisager avec une certaine inquiétude la possibilité de la chute de la dynastie des Assad qui règne sur Damas depuis plus de quarante ans.
Il y a en outre ceux qui préfèrent fermer les yeux sur le renversement possible de leur allié baassiste syrien, comme le mouvement chiite libanais Hezbollah, soutenu aussi par l’Iran, allié stratégique de la Syrie dans la région.
Ils soutiennent la thèse voulant que la révolte qui gronde depuis un mois en Syrie soit le fait de bandes armées salafistes et autres fanatiques sunnites.
Dans son reportage sur l’assaut de l’armée syrienne à Deraa, berceau de la révolte en Syrie, la télévision du Hezbollah, Al Manar, a soutenu que les militaires avaient répondu aux appels des citoyens honnêtes qui réclamaient "la fin des meurtres et des opérations de terreur des groupes extrémistes".
Le mouvement chiite libanais s’était pourtant félicité des révolutions qui ont eu raison respectivement en janvier et en février de Zine Ben Ali en Tunisie et de Hosni Moubarak en Egypte.
Il s’est aussi félicité, comme son parrain iranien, du soulèvement populaire de l’opposition majoritairement chiite dans le petit royaume de Bahreïn.
Mais les guérilleros chiites libanais sont clairement plus réservés sur les risques de perdre le soutien du régime de Damas, leur protecteur et la plaque tournante de leurs fournitures d’armes provenant d’Iran.
Téhéran, dont la Syrie est le plus proche allié arabe sunnite dans la région, a évoqué pour sa part un "complot sioniste" contre Damas.
Et pourtant, Israël, qui occupe depuis 1967 les hauteurs syriennes du Golan, s’inquiète également d’un bouleversement politique sur son front nord. Même si les deux pays sont encore théoriquement en guerre, Assad et son père Hafez, auquel il a succédé il y a onze ans, ont maintenu un état de paix de facto depuis le conflit de 1973.
La crainte d’Israël, exprimée plus explicitement par les commentateurs que par les hommes politiques, est qu’une défaite de Baas ne débouche sur un régime encore plus intransigeant.
Bien qu’Assad soutienne le Hezbollah au Liban, le Hamas et le Djihad islamique à Gaza, il en a toujours joué avec tact.
Les implications d’un changement de régime à Damas seraient "énormes et totalement imprévisibles", juge l’analyste Rami Khouri basé au Liban.
"Ce qui rend la Syrie si particulière est que le régime et le système ont des liens structurels proches avec chaque conflit ou acteur de la région : le Hezbollah, le Hamas, l’Iran, le Liban Israël, l’Amérique, l’Irak, la Turquie ; dans tous ces cas, il y a une filière syrienne."
"Chacun dans la région s’inquiète d’une déstabilisation de la Syrie, même ceux qui n’aiment pas Assad, parce qu’il y a une chose qu’il a apportée à la région : un certain degré de prévisibilité et de stabilité", note Rami Khouri.
"Il a maintenu la trêve le long de la frontière israélo-syrienne et les gens savaient comment son gouvernement se comportait. Personne ne sait encore ce qui va se passer ensuite."
Alex Fishman, spécialiste des affaires militaires au quotidien à grand tirage Yedioth Ahronoth, résume l’inquiétude israélienne après la répression sanglante des manifestations par l’armée syrienne à Deraa.
"Cela peut sembler étrange mais l’’establishment’ israélien éprouve un certain sentiment pour la famille Assad. Ils ont tenu leurs promesses à travers les ans et ont même évoqué des arrangements avec Israël".
"Le seul intérêt qui guide Israël est celui-ci : si ce qui arrive en Syrie affaiblit l’axe Damas-Iran-Hezbollah, nous en sortirons plus fort."
A contrario, pour le Hezbollah et l’Iran, perdre le régime d’Assad serait certainement un rude coup.
"Je ne pense pas que quiconque qui soit sage ne soit pas inquiet de ce qui se passe en Syrie car c’est un voisin", résume Talal Salman, rédacteur en chef du quotidien As Safir de Beyrouth.
"Tout tremblement de terre en Syrie secouera le fragile équilibre du Liban. La stabilité du Liban est dans notre intérêt."
Pour le moment, Bachar al Assad a décidé d’emboîter le pas à son père en recourant à la force, comme celui-ci l’avait fait en 1982 contre une insurrection islamiste à Hama, qui avait fait une trentaine de milliers de morts.
Selon les groupes de défense des droits de l’homme, le bilan des victimes des troubles qui secouent la Syrie depuis un mois est de plus de 400 morts.
Mais pour Ali al Atassi, fils d’un ancien président emprisonné durant 22 ans sous le règne de Hafez al Assad, un autre "Hama" serait aujourd’hui impossible.
"La Syrie a atteint un point de non-retour. Elle ne peut plus revenir en arrière."
"Après ce qui est arrivé à Tunis et en Egypte, nous avons découvert qu’il existait une troisième voie entre despotisme et islamisme, la voie démocratique. C’est sûr que les islamistes y joueront un rôle, mais pas un rôle de premier plan", prédit-il.
"Les deux ou trois prochaines semaines seront réellement cruciales. Elles détermineront s’il (Assad) reste au pouvoir ou si son régime va s’effondrer", prédit l’analyste Rami Kouri.
Voir en ligne : http://www.lexpress.fr/actualites/2...