Dans les années 1950, 1952 exactement, j’allais souvent chiner des disques américains aux Puces à Saint Ouen et à cette époque, on y rencontrait des militaires américains dont la plupart venait de la base de Châteauroux, à plusieurs, dans leurs voitures que nous trouvions superbes quoique usagées sinon les sièges usés par les filles qui y avaient posées leurs "avantages". Ces GI’s et ces aviateurs venaient dépenser leur solde et faire la Tournée des Grands Ducs à Paris. Nous avions fait connaissance avec quelques uns d’entre eux. Je vous raconterais ça une autre fois.

C’est pour vous dire que notre tournée à nous aux Puces de Saint Ouen se terminait toujours dans un petit troquet à "Moules Frites" vers l’Impasse des Juifs et de la Rue Pasteur. Ca n’était pas pour déguster un plat de ce Muscullus Lamellibranche cuit dans une sauce muscadet de Sèvre et Maine mais pour remplir nos oreilles admiratives des compositions Manouches que nous jouaient les frères Reinhardt sur leurs guitares, parfois accompagnés par des musiciens de passage tels Benny Vasseur au trombone, Hubert Rostain et sa clarinette, Maurice Vendair au piano "déglingué" comme il l’appelait, Joseph et Django Reinhardt, plus quelques uns de leurs tribu bien entendu, avec un petit gamin que je crois être le petit "Boulou", le fils de Django qui devait avoir à peine dix ans, et qui tapait sur une caisse aussi grande que lui. Django en solo, les autres en accords solos et accompagnement : quel régal, le bistrot était petit, on en dégoulinait de chaleur mais aussi de plaisir.

Ecoutez moi ça, ça a pour titre "Guitare Jazz" :

Les frères Reinhard et leurs guitares Manouche