Paris : Rue Mohamed Bouazizi ? ... Quel hommage pour nos héros ???

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En ce jour de commémoration de
la capitulation l’armée allemande le 8 mai 1945, ou se tiennent les
cérémonies en hommage à la victoire des Alliés sur
l’Allemagne nazie.
Plus de soixante ans après la Seconde Guerre Mondiale, il faut encore se battre, encore et
encore... Contre l’oubli maintenant ! 

 

* * *


Pourquoi donner à un lieu de Paris le nom du Tunisien
Mohamed Bouazizi
et ignorer nos soldats morts pour la
France
 ?

55 morts pour la France en Afghanistan...

Bertrand Delanoë, le maire de Paris, propose de baptiser
Mohamed- Bouazizi un lieu de la capitale, pour rendre hommage à ce jeune
chômeur, dont l’immolation, le 17 décembre 2010, fut à l’ origine de la
révolution tunisienne. N’ a-t-il jamais entendu parler du maître principal Loïc
Le Page, de l’ adjudant-chef Pascal Correia, du sergent Damien Buil, du caporal
Alexis Taani, du lieutenant Lorenzo Mezzasalma, de l’ infirmier Thibault
Miloche, du capitaine Benoît Dupin et de tant d’ autres, morts pour la France
en Afghanistan ?

Cinquante-cinq soldats français ont laissé leur vie depuis 2004 sur ce
théâtre.

lis sont, à plus d’ un titre, des figures de proue pour notre société, qui
hésite pourtant à les mettre en valeur, comme si l’ agenda médiatique ou
politique ne le permettait pas.

Aucun de ces cinquante cinq militaires n’ a encore donné son nom à une rue
ou à une place de France.

Est-il donc urgent de le faire, à Paris, pour Bouazizi ?
Leur sacrifice, net de toute considération sociale, ethnique ou religieuse, n’
est-il pas le meilleur des creusets d’intégration, dans une société qui en a
tant besoin ?

Les armées se posent ces questions.

Quinze ans de professionnalisation et le retour de la
guerre de haute intensité alimentent ces réflexions sur la
place accordée par la société à ceux qui risquent leur vie pour
elle. L’ambitieuse revue Inflexions, éditée par l’ armée de terre,
organise même, ce 27 avril, une journée d’ études sur le thème "Que sont les
héros devenus ?" Les points traités - "Héroïsme sans héros’ : "Pourquoi les
héros ont disparu" - traduisent bien les interrogations de l’ institution de
défense sur la légitimité de l’ héroïsme militaire.

Valoriser le statut de victime...

Les militaires constatent que notre société reconnaît le statut de héros aux
grands navigateurs, à des humanitaires et à
quelques sportifs (ndlr : et
artistes)
, mais, gommant la guerre, elle ostracise de
facto le héros militaire, valorisant au contraire le statut de
victime. La mort au combat semble presque devenue un accident du travail 
comme le montre la judiciarisation de l’ affaire d’Ouzbine -, sans la valeur de
sacrifice suprême et de dépassement de soi, consubstantielle au métier
militaire.

Nourrie d’ une forte tradition héroïque, la communauté militaire sait qu
’elle honore des modèles forts que la société civile oublie, rejette ou ne
comprend même plus. La France compte pourtant nombre de figures héroïques.
Enrichie au fil des siècles, cette cohorte fut exaltée par les historiens et
enseignée par les maîtres : ils savaient que cette geste nationale aidait à
souder les générations, à intégrer les nouveaux Français à ceux de souche.

Le malaise est né après 1945. Le rejet idéologique de la colonisation a
banni de notre mémoire d’authentiques héros, civils et militaires, ceux dont l’
action permet à notre pays de ne pas rougir de cette période. Les soubresauts
de la décolonisation ont entretenu le malaise. Les morts au
combat
et leurs camarades survivants de cette période sont tenus dans
le même opprobre.

L’ armée continue d’ honorer des héros guerriers, à travers les noms de
baptême de ses promotions d’ officiers et de sous officiers. Mais ces
cérémonies, comme les décorations pour faits
d’armes, restent encore trop souvent confinées dans des enceintes militaires,
loin du regard de la société, notamment de sa jeunesse. A quand un baptême de
promo ou une remise de Valeur militaire devant le Stade de France, place
Bellecour à Lyon, sur la Canebière à Marseille, ou les Quinconces à Bordeaux,
entre République et Bastille ?

Des soldats français risquent leur vie en opérations. Tous ne sont pas des
héros, mais certains se comportent de façon magnifique. Quelques-uns n’ en
reviennent pas. En d’autres temps, leur sacrifice aurait été beaucoup
mieux valorisé par les responsables politiques, raconté et expliqué sans
préjugés par les médias et les enseignants. Quelques maillons de cette chaîne
ne sont plus au rendez-vous.

Source : FRÉDÉRIC PONS

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Voir en ligne : http://infos.fncv.com/post/2011/05/...

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