Le CRI et Droit de Mémoire communiquent

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diffusé par Jean Paul Robert

LE CRI

et

DROIT DE MEMOIRE

Ligue du Droit des Français à disposer de leur Mémoire

Ce 18 Novembre 2008

Monsieur,

L’injonction de Monsieur le Préfet des Bouches du Rhône concernant la stèle de l’Algérie Française du cimetière de Marignane ainsi que les manœuvres concertées à Béziers et à Perpignan de staliniens désoeuvrés contre de mêmes stèles mobilisent subitement toute la communauté des Français attachés au droit de mémoire.

Après les promesses formelles de Nicolas Sarkozy, lors de la campagne électorale, de rendre justice aux victimes de la tromperie algérienne, quelle n’est pas la surprise de tous d’assister à ce déferlement inattendu de haine contre trois concessions dans trois cimetières d’un pays qui compte plus de 35.000 communes ?

C’est cette subite volonté de profanation organisée qui nous conduit à nous adresser à vous pour vous faire témoin d’une situation intolérable.

S’il est bien un poncif, c’est de dire que l’Histoire, aidée par le Temps, transforme l’apparence des faits.

Ainsi, un évènement qui a fait, essentiellement à Paris, entre 25 000 et 30 000 morts en deux mois donne lieu, chaque année, le 1er mai, à des cérémonies de commémoration au cimetière du Père Lachaise à Paris.

En effet, chaque année, à l’initiative du Parti Communiste Français et du Grand Orient de France, des gerbes sont déposées et des discours sont prononcés devant le Mur des Fédérés où 147 Communards furent, le 28 mai 1871, fusillés par les Versaillais aux ordres de Thiers.

De quoi étaient donc coupables ces Communards ?

Leur idéologie de « communistes autogestionnaires » et d’anarchistes les avait conduits à s’opposer au gouvernement légal de la République et, à partir du 18 mars 1871, des émeutes avaient ravagé Paris…

Ces événements faisaient suite à la débâcle de 1870 et à l’entrée des Prussiens dans Paris. La classe ouvrière, férue de Marx et de Proudhon, se souleva et entra en rébellion contre le gouvernement qui avait négocié avec l’ennemi vainqueur, jugeant que le peuple avait été trahi et décidant de prendre elle-même sa défense en mains, en refusant de livrer aux Prussiens les canons des fortifications parisiennes et en exécutant deux généraux, l’archevêque de Paris Darboy, les Dominicains d’Arcueil et les jésuites de la rue Haxo, entre autres.

Force dût rester à la loi et au Pouvoir versaillais, incarné par Thiers. Il s’ensuivit une terrible répression… Des milliers d’arrestations, de déportés, de fusillés, de bannis. Seul l’écrivain Albert de Mun s’éleva contre cette répression.

Voilà une succincte relation des faits.

Dans toute l’Histoire de notre pays il y avait rarement eu d’évènements aussi graves et aussi fondateurs puisque la Révolution d’Octobre 1917 s’en inspirait, et que le Drapeau taché du sang de la Commune de Paris se trouva dans le premier satellite soviétique.

Cependant, notre Histoire récente a connu également un drame similaire, lors de la guerre d’Algérie, avec la révolte des généraux et du peuple d’Algérie le 22 avril 1961 et les événements qui s’ensuivirent.

Cette révolte, démarrée par le putsch qui ne fit officiellement qu’une victime, était motivée par le refus des militaires français - qui estimaient à juste titre, de l’avis unanime des historiens, tant algériens que français, avoir gagné la guerre sur le terrain - de capituler et qui voyaient De Gaulle trahir tous ses engagements et tous ses serments. Ils avaient, dans son sillage et forts du précédent indochinois, donné leur parole aux habitants de l’Algérie et n’admettaient pas de devoir les abandonner.

C’est de là qu’est née l’OAS, Organisation Armée Secrète qui, comme le poisson dans l’eau, était fortement implantée dans la population, tant d’origine européenne que nord africaine. Cette insurrection, militaire et populaire, (comme la Commune de Paris) se défendit désespérément contre les fallacieuses promesses que De Gaulle avait généreusement distribuées pour parvenir à conquérir le Pouvoir. Le peuple d’Algérie qui avait offert 20 ans plus tôt des milliers de ses fils pour la libération de la métropole venait d’offrir les clés du gouvernement à un général qui le trahissait presque aussitôt. La révolte fut inévitable.

La répression dans l’armée fut féroce. Nombre de militaires démissionnèrent.

Des attentats contre des personnes ou des biens appartenant à des tenants de l’indépendance de l’Algérie furent organisés, tant en Algérie qu’en métropole.

Pour lutter contre l’OAS, le pouvoir organisa des polices parallèles, recruta des barbouzes grassement payées pour exécuter les basses besognes et anéantir la résistance populaire autour du général Salan.

L’historien Guy Pervillé estime à 2 200 le nombre de tués imputables à l’OAS.

Des attentats visant à arrêter ou à abattre De Gaulle furent vainement tentés. Les militants de la Résistance algérienne – l’OAS - furent massivement arrêtés, ils périrent les armes à la main par dizaines. Des milliers d’habitants de cette Algérie française disparurent ou furent assassinés. Près de 500 militaires Français prisonniers furent purement et simplement abandonnés entre les mains du FLN. Entre 100.000 et 150.000 Harkis furent livrés par trahison entre les mains de leurs bourreaux. Ils périrent ébouillantés, enterrés vivants, jetés dans des concasseurs, traînés dans des champs de cactus. Parmi ceux que le gouvernement français osa renvoyer en Algérie un grand nombre préféra la mort par noyade en haute mer avant l’arrivée à Alger. Près de 10.000 combattants de l’OAS passèrent devant les tribunaux et quatre d’entre eux furent passés par les armes au terme de jugements prononcés par des tribunaux d’exception.

Les noms de Roger Degueldre, de Claude Piegts, d’Albert Dovecar et de Jean-Marie Bastien-Thiry figurent dans toutes les encyclopédies, aux côtés de celui du Colonel Louis Rossel, ministre de la guerre de la Commune de Paris et de ses compagnons exécutés pour l’exemple.

Pour quelle raison ces différents insurgés – pourtant tellement semblables et tellement proches – sont-ils traités aussi différemment ?

On honore Cadoudal en Bretagne. On commémore les Communards à Paris. Mais on interdit cérémonies, commémorations et monuments aux fusillés de l’OAS. Pourquoi ?

Est-ce là l’égalité républicaine ?

Est-ce là une bonne façon de favoriser la fraternité ?

Est-ce là une bonne façon de favoriser la liberté, la liberté d’expression, à plus forte raison quand une loi d’amnistie a effacé l’intégralité des jugements !

Est-ce là une bonne façon de calmer les esprits et de cicatriser les plaies alors que les cérémonies et les commémorations en faveur du F.L.N. - Front de Libération Nationale algérienne - auteur d’enlèvements et de massacres sur les populations d’Algérie durant 8 ans, se multiplient sur notre sol, sans réaction de la part des autorités françaises face à cette apologie à sens unique ?

Les "porteuses de feu" auraient donc droit à nos faveurs et à notre compréhension bienveillante, sous les yeux effarés de leurs victimes invalides encore en vie, et pas nos propres frères et soldats qualifiés de "perdus" parce que fidèles à la parole donnée ?

Que répond votre sens de l’équité devant cette injustice criante ?

Comment interpréter le fait que François Mitterrand ait totalement parachevé l’œuvre d’amnistie du président Pompidou en rétablissant tous les putschistes dans leurs droits et leurs titres ?

Comment garder sous silence que le Président de la République, socialiste, ancien Garde des Sceaux de Mendès-France, ait fait guillotiner à ce titre les terroristes du FLN et qu’en considérant que les Insurgés de 1961 aient eu de larges circonstances atténuantes, il ait remis en cause la validité des Accords d’Evian, entérinés pourtant par le général De Gaulle alors qu’ils étaient devenus, sur le champ, des chiffons de papier ?

Comment interpréter enfin la présence du successeur de Jean Moulin, le Président Georges Bidault, au cœur de cette seconde Résistance populaire et son occultation pure et simple depuis 46 ans en mode d’explication historique ?

Nous espérons que cet appel aura su vous faire prendre conscience du douloureux et injuste problème que pose cette iniquité et que vous aurez à cœur d’intervenir pour aider à sa résolution.

Cela consisterait d’abord à faire cesser toute action judiciaire ou administrative à l’encontre de nos stèles et de nos lieux du souvenir en hommage à nos morts fusillés pour avoir pris à la lettre les serments du Chef de l’Etat.

Ensuite, il convient de réhabiliter ces hommes, de leur redonner la place qu’ils méritent en raison de leur sacrifice et de leur motivation patriotique et humaine. Le Général De Gaulle et le Ministre J.-P. Chevènement ont rendu publiquement hommage au Colonel Rossel, fusillé légalement à Satory en 1871. Rien n’empêche les élus de la Nation, 47 ans après les faits, de réhabiliter les Louis Rossel de l’Algérie Française

« Les maudits de leur temps sont souvent devant l’Histoire les sauveurs de la Patrie ». Charles De Gaulle.

Dans l’attente, veuillez croire, Monsieur, en notre sincère considération.

Pierre Barisain-Monrose – Jacques Torrès – Guy Rolland

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