L’Islam, illégal en Italie ? Articles EXPRESS

, popularité : 42%

diffusé par Henri Bidaut

L’Islam, illégal en Italie ? Leçons à méditer...

Par Francis Percy Blake le 5 décembre 2008

Nos amis italiens sont bien plus méfiants envers la “religion de paix et d’amour” que nos concitoyens français. Récemment, plusieurs projets de loi font la une de la presse italienne, et traduisent cette méfiance envers le mahométisme.

La Ligue du Nord vient de proposer un “moratoire” sur toute construction de mosquée. Cette proposition reçoit le soutien du Ministre de l’Intérieur Roberto Maroni, qui n’hésite pas à dénoncer la “matrice islamiste” que constitue les pays nord-africains et leurs émigrés. On imagine mal des propos analogues de la part de Michèle Alliot-Marie ou de Rachida Dati…

Notons également l’objectivité des grands médias italiens sur ce projet de loi. Les arguments des partisans des mosquées comme ceux des adversaires sont présentés de façon uniquement factuelle, citations à l’appui, sans jugement de valeurs. Seule quelques médias de gauche prennent parti pour les mosquées. Dont La Stampa (équivalente au Monde), qui présente une tribune libre pro-mosquées, mais sur un ton interrogatif et peu offensif : en interdisant les mosquées, ne risque-t-on pas de favoriser le repli communautaire et la radicalisation des musulmans résident en Italie ?

Le ministre de l’Intérieur fait un lien très clair entre terrorisme et mosquée. Il est vrai que les autorités ont fermé la mosquée que fréquentaient deux présumés terroristes marocains arrêtés récemment. Si on faisait de même en France, on aurait déjà fermé des dizaines voire des centaines de mosquées, en particulier celle de la rue de Tanger à Paris fréquentée par plusieurs jihadistes de la “filière irakienne” !

Conjointement au “moratoire” sur les mosquées, deux autres projets de loi sont en cours d’étude en Italie. L’un conditionne toute construction de mosquée à l’approbation de l’assemblée régionale (dont les pouvoirs sont bien plus importants qu’en France) et à une approbation par référendum des citoyens (et on imagine le résultat d’une telle consultation populaire). Il précise de nombreuses limitations : taille et hauteurs des bâtiments, situation à plus d’un kilomètre d’une église ou d’une synagogue, etc. Bref, les mosquées sont traitées comme des lieux dont il faut se méfier. L’autre projet de loi envisage l’interdiction totale de l’abattage sanglant de moutons lors de l’Aïd. Il présente cette festivité musulmane comme “une barbarie à éviter”. Rappelons qu’en France, on a condamné Brigitte Bardot pour avoir dénoncé cette barbarie !

Devant tous ces débats sur la place de l’islam en Italie, des juristes ont commencé à éplucher la Constitution italienne, et y relevé une superbe perle.

Son article 19 dit : “Tout individu a le droit de professer librement sa foi religieuse sous quelque forme que ce soit, individuelle ou collective, d’en faire propagande et d’en exercer le culte en privé ou en public, à condition qu’il ne s’agisse pas de rites contraires aux bonnes mœurs.”

Cet article autoriserait l’islam et les mosquées, mais l’expression vague “bonnes mœurs” (“buon costume” en italien) laisse une large marge d’interprétation, puisqu’elle pourrait mettre un frein à tous “us et coutumes”, littéralement, contraires à ceux des Italiens. Et l’islam est aussi incompatible avec les “bonnes mœurs” italiennes qu’avec celles des Français ou d’autres Européens.

Mais encore plus fort, c’est l’article 8 de cette Constitution italienne : “Toutes les confessions religieuses sont également libres devant la loi. Les confessions religieuses autres que la confession catholique ont le droit de s’organiser selon leurs propres statuts, pour autant qu’ils ne s’opposent pas à l’ordre juridique italien. Leurs rapports avec l’État sont fixés par la loi sur la base d’ententes avec leurs représentants respectifs.”

La dernière phrase suppose que chaque “confession” doit fixer ses “rapports” avec l’Etat italien selon une “entente” (“intese” en italien, “intention, objectif”), une sorte d’accord ou de concordat. Si l’Eglise catholique fut bien sûr la première bénéficiaire d’une telle “entente” (les fameux accords de Latran, toujours opérationnels), chaque “confession” fit l’objet de normes législatives ultérieures, et en particulier dans les années 1984 à 1996. Ainsi, les différentes églises protestantes ont chacune leur “entente”, y compris des groupuscules évangélistes, et évidemment la “communauté hébraïque italienne”, autrement dit les juifs.

Mais aucune “entente” formelle n’a encore été établie avec les musulmans ou les représentants de l’islam. Personne n’a fixé les “intentions” ou les “objectifs” des mahométans transalpins, et leur adéquation à l’Etat italien.

En conséquence, à défaut d’”entente” légale, des juristes italiens se demandent si le culte de “Mahometo” a un quelconque droit de cité en Italie.

Bien qu’on puisse considérer l’islam comme ayant le droit de “s’organiser selon ses propres statut” (à condition de ne pas déroger à l’article 19 de la Constitution, donc aux “bonnes mœurs” de nos amis italiens), ses “représentants” chargés de cette organisation (les imams autoproclamés) auront quelques difficultés à défendre d’une part leur représentativité, et d’autre part un quelconque accord fixant leurs “rapports” avec l’Etat italien… et les Italiens.

Navigation

Brèves Toutes les brèves