Edwin Black, journalisate d’investigation américain, vient de lever le voile sur un épisode méconnu de la collaboration entre autorités nazies et islamiques (sujet que nous avions abordé pour l’Europe), son livre The Farhud : Roots of The Arab-Nazi Alliance in the Holocaust (Dialog Press, nov 2010) est une contribution importante dans la lignée des travaux de Stefano Fabei auteur de Le Faisceau, la croix gammée et le croissant (Akribeia,2006).

Dès les années 30, l’ambassade allemande commence à diffuser de la propagande antisémite, qui se materialisa par le rachat du journal « Al-arabi d’Al-alam » (« le monde arabe »), la diffusion de Mein Kempf en langue arabe ou un soutien à Al-Fatwa, une organisation de la jeunesse basée sur le modèle des Jeunesses hitlériennes.

En avril 1941, un coup d’état fomenté par le général Rashid Ali el-Gaylani en relation avec le Grand Mufti de Jérusalem, tous deux pro-nazis, renverse le régent Abdul Ilah, homme des Anglais. Le 25 mai suivant, Hitler communique dans un ordre de commandement : « Le mouvement arabe de liberation dans le Moyen-Orient est notre allié normal contre l’Angleterre. À cet égard lune importance particulière est attachée à la libération de l’Irak… J’ai donc décidé de me déplacer en avant le Moyen-Orient en soutenant l’Irak." Le 20 Novembre 1941, le ministre allemand des affaires étrangères, Joachim von Ribbentrop, reçut le Grand Mufti Al-Husseini à Berlin afin de mettre au point une stratégie commune face aux alliés « judéos-croisés ».

Le sort des Juifs d’Irak fut alors scellé, il s’agit du pogrom , farhud en arabe, méthodiquement organisé.

Sami Michael, un témoin du Farhud, : La « propagande antisémite était émise par la radio locale et par radio Berlin en arabe. de divers slogans anti-Juifs ont été écrits sur des murs comme « Hitler les gènes juifs ». les magasins propriétés des musulmans ont eu des « musulmans » écrits sur leurs vitrines, afin de ne pas être endommagés dans le cas d’ émeutes anti-Juives. »

Shalom Darwish, le secrétaire de la communauté juive à Bagdad, témoigna que plusieurs jours avant le Farhud, les maisons des juifs ont été identifiées par un symbole rouge de paume (« Hamsa »), par la jeunesse d’Al-Fatwa.

Deux jours avant le Farhud, Younis Sabawi, un ministre de gouvernement qui s’est proclamé le gouverneur de Bagdad, a recommandé au rabbin Sasson Khduri, le chef de la communauté, que les juifs restent dans leurs maisons pour les trois jours suivants comme mesure de protection. Un comité d’investigation a plus tard constaté que Younis eut l’intention de tuer les juifs, sa règle de sauvegarde à Bagdad ne dura seulement quelques heures...

En raison du Farhud, environ 200 juifs furent tués, 2000 blessés, 586 entreprises juives furent pillées et environ 900 maisons juives détruites, selon l’historienne Semha Alwaya dans son ouvrage Les réfugiés oubliés du Moyen-Orient.

Le Farhud a marqué le tournant pour les juifs de l’Irak qui, après cet événement, n’ont cessé d’être visés par le biais de violences, persécutions, boycotts, confiscations, avant d’arriver à leur expulsion complète en 1951. Aujourd’hui, les Chrétiens vivent le même Calvaire.

Stefano Fabei, Les arabes de France sous le drapeau du Reich, Ars Magna, 2005 résumé disponible ici

Stefano Fabei, Le faisceau, la croix gammée et le croissant, Acribeia, 2006

Roger Faligot, Rémi Kauffer, Le Croissant et la croix gammée : Les Secrets de l’alliance entre l’Islam et le nazisme d’Hitler à nos jours, Albin Michel, 2000