CLAUDE POLI : L’Algérie en 1830

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L’Algérie en 1830

En Afrique du Nord, les territoires compris entre le Maroc à L’Ouest, la Tunisie à l’Est, La Méditerranée au Nord et le Sahara au Sud, relevaient en 1830 de la Régence d’Alger, où régnait un Dey, plus ou moins vassal du Sultan et nommé à l’origine par Constantinople, capitale de l’empire ottoman depuis 1453.

Depuis la prise du pouvoir en 1531 par Kheireddine Barberousse, renégat d’origine grecque, l’allégeance au Grand Turc est quelque peu théorique. Le Dey est désormais nommé en principe à vie mais les révolutions de Palais sont fréquentes.

Barberousse a pris le « Penon » d’où il a chassé les espagnols en 1529 et avec les débris du fort, il relie le Penon à la terre et crée ce qui sera le port d’Alger, d’où partira la course qui écumera longtemps la Méditerranée malgré quelques bombardements et interventions musclées, les Espagnols en 1541, les Français en 1690, les Anglais en 1824.

A la fin du 18ème, la course de plus en plus difficile ne payait plus, et la prospérité d’Alger décline rapidement. On estime que vers 1830, la population qui était d’environ 100 000 habitants au siècle précédent, était tombée à 30 000 âmes. C’est ainsi que l’historien Stéphane Gsell a pu dire : « Les Romains succédant à Carthage n’eurent qu’à développer un corps vigoureux et non à ressusciter un cadavre comme ce fut le cas pour la France en 1830 »

A cette date, le pays, pour employer un terme commode, est dirigé par un Dey, Hussein le même depuis 1818, un record de durée pour ce poste périlleux. Son autorité est en principe absolue mais contrôlée plus ou moins par le « diwan », ou conseil de la Milice.

L’organisation administrative s’appuie et s’exerce autour de la « Milice » et de la « Taïfa ».

La « Milice » des Janissaires ou « Odjaq » se compose de Turcs, paysans d’Anatolie, soumis à une sévère discipline susceptible d’un avancement rapide mais férocement disputé. Le Janissaire venu de Turquie est en principe célibataire, s’il épouse une indigène, ses enfants, des métis, seront des Kouloughlis. Il peut aussi s’installer dans le pays, éventuellement y créer une ferme « Haouch ».

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Algérie en 1830

La « Taïfa » des Raïs est la corporation des corsaires, et Barberousse, lui-même un pirate, a donné aux marins un rôle éminent dans la Régence. Cette corporation comprend très peu de Turcs et de nombreux étrangers, certains originaires d’Espagne « les Tagarins », et des forbans et renégats de diverses nationalités,« les Turcs de profession » comme on les appelle.

La guerre de course se donne l’allure d’une Guerre Sainte, le « Djihad » de l’Islam contre les infidèles, ce qui justifie bien sur tous les excès et explique peut-être sa longévité.

En 1830, le pays est pratiquement ruiné et anarchique.

Le Dey, à Alger, n’a en fait d’autorité que sur ce que l’on nomme le « Dar el Soltan » qui comprend essentiellement Alger, Blida, Cherchell, Dellys. Le reste du territoire est divisé en trois beyliks, Oran à l’Ouest, Medea « le Titteri » au Centre, et Constantine à l’Est.

Chaque Bey est pratiquement souverain, il dispose de caïds qui dirigent des « Outans » se divisant en tribus gérées par des ’’« Cheiks »contrôlant des « Douars ».

Le Bey est responsable de l’impôt perçu sur les habitants et dont il reverse une partie plus ou moins forfaitaire au Dey. A cette construction théorique il faut apporter quelques aménagements. A l’intérieur du pays, des dynasties familiales, féodales ou tribales, ou encore des confréries religieuses, exercent souvent de réels pouvoirs en dehors des structures administratives parfois incertaines.

Cet état des lieux, rapidement esquissé, n’est en fait que l’aboutissement d’une longue histoire qui a conditionné et façonné ce qui deviendra par la grâce de la France « L’ALGÉRIE » (*)

A l’origine cette terre était peuplée de gens qu’on a appelé les Berbères, utilisant une langue commune, ramifiée en dialectes locaux. On a classé par commodité et en se référant à des historiens ultérieurs ces populations en Numides à l’Est, en Maures à l’Ouest, sans plus de précisions.

Le nom de Berberie, recouvrant l’ensemble de l’Afrique du Nord, a été adopté par les différents envahisseurs et occupants. En ce qui concerne notre approche du problème, la Berberie entre dans l’histoire avec l’installation des Phéniciens à Carthage et sur les côtes.

Les différentes occupations ont contribué à construire, malgré leur originalité, leur différence, leurs étendues et leurs durées, un pays encore à la recherche de sa réalité.

(*)Instruction du Ministre de la guerre au Gouverneur Général, le Maréchal Valée du 14 octobre 1839


Historiquement on peut dater les périodes ici évoquées.

Phéniciens 814 à 146 av.J.C 654 ans
Rome 146 av J.C à 430 576 ans
Vandales 430 à 534 104 ans
Byzance 534 à 647 113 ans
Arabes 647 à 1519 872 ans
Turcs 1519 à 1830 311 ans
Français 1830 à 1962 132 ans

Il faut encore noter l’occupation limitée à Oran des Espagnols qui débarquent en mai 1509 et où l’on installe un Vice-roi avec une véritable cour, la « Corte chica ».

L’occupation était limitée à la ville-forteresse, son ravitaillement fut difficile et les sièges fréquents.

En 1708 les Espagnols d’ Oran capitulent. La ville est reprise en 1732 mais abandonnée définitivement, après un tremblement de terre en 1790, et un nouveau siège en 1792

Quelques remarques en forme de conclusion.

Sur le plan matériel, les occupations les plus marquantes restent l’apport romain, à un moindre degré l’apport carthaginois, et plus immédiatement mesurable l’apport français, avec, en prime inespérée la découverte du pétrole et le fait d’avoir donné un nom à cette terre

Sur un plan culturel, malgré la faiblesse numérique de la proportion arabe de la population (entre 4 et 6 %) l’influence de la religion, l’Islam en guerre sainte permanente, et la langue par l’usage de l’écriture, qui supplante les parlers berbérophones, conduisent les esprits à un état tel que bien des citoyens de ce pays, Berbères par le sang, sont sincèrement persuadés d’être Arabes...Mais ceci relève d’une approche différente du problème.

Sur un plan plus humain, et pour aller jusqu’au bout du raisonnement, chaque habitant de ce pays devrait se reconnaître, peut-être à un degré divers, à la fois Berbère, Phénicien, Romain, Vandale, Byzantin, Arabe, Turc, Français, pour se sentir enfin Algérien .

Claude Pascal POLI

avril 2010

Voir en ligne : http://www.clan-r.org/portail/CLAUD...

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