CAVALIER (presque) SEUL : Où est donc la règle du jeu ?

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Mais qu’est donc devenue "la règle du jeu" dans ce pays ...

La simple règle du jeu qui rendrait possible l’entretien de bonnes relations sociales, harmonieuses, équitables ... la simple règle du jeu qui permettrait de se sentir à l’aise dans sa propre société, sans ressenti de frustration, sans hargne et sans rancune.

Les lois, et la façon de les appliquer, sont normalement destinées à faire respecter les grands principes de cette règle du jeu commune dans une démocratie digne de ce nom ... qui respecte l’égalité entre les citoyens et la liberté individuelle. Mais, au fil des ans, on s’aperçoit qu’elles n’ont finalement créé que des situations de privilège fort dommageables à la cohésion nationale.

Depuis soixante ans n’avons-nous pas assisté, presque passivement, à l’épanouissement quasi institutionnel des inégalités sociales ?

Faute d’une règle du jeu clairement établie, judicieusement entretenue et scrupuleusement respectée, ce constat d’échec est aujourd’hui flagrant.

Il y a globalement deux sortes de citoyens dans ce pays : ceux qui bénéficient peu ou prou, tantôt pour ceci, tantôt pour cela, de privilèges injustifiés accordés sous diverses pressions aux "niches sociales" auxquelles ils appartiennent ... et il y a les autres, le tronc commun, ceux qui n’ont droit à rien ou presque, qui ne bénéficient de pas grand chose, la cohorte des salariés des petites entreprises en situation de pleine concurrence, par exemple ... Ce sont eux qui produisent pourtant la plus grande partie de la richesse de ce pays.

A force d’accorder des avantages, des dérogations, des statuts particuliers et des régimes spéciaux ... à force d’abonder aux revendications syndicales qui ne profitent qu’à des minorités politiquement agissantes ... à force d’octroyer à telle ou telle catégorie d’individus, tel ou tel privilège, tel ou tel avantage ... le plus souvent avec beaucoup d’arrière-pensées électorales et/ou idéologiques ... les gouvernements et les parlementaires de ces deux dernières républiques ont créé, de toutes pièces, ces inégalités et mis fin à ce semblant d’égalité et de liberté si chèrement gagné par nos ancêtres ... au point que, pour ne pas insulter son âne jusqu’à la bride ... il fallut faire disparaître des frontispices de nos établissements ces trois mots devenus obsolètes ... voire subversifs ... : "liberté, égalité, fraternité"... le troisième ne pouvant être que la conséquence des deux premiers.

Les exemples sont tellement légions qu’il est inutile, voire même impossible, d’en dresser une liste exhaustive ...

De temps en temps, un article paraît, un livre s’édite sur ce sujet brûlant ... et puis : plus rien ... le soufflé retombe dans la casserole et nos représentants du peuple continuent imperturbablement leurs facéties dans le même sens !

Pour mémoire, en voici un exemple récent et édifiant, parmi tant d’autres :

Les "différences" ... de statut, de traitement, de salaires, d’avantages sociaux et fiscaux, de sécurité d’emploi et de temps de travail, de cotisations, de départ en retraite ... entre un salarié de base d’une petite entreprise du régime général, de droit privé, et celui d’une grande entreprise en situation de monopole et/ou de telle ou telle administration de droit mixte ou public ... sont exorbitantes, jusque dans l’accès aux loisirs subventionnés par les comités d’entreprise et dans le redressement fiscal inexistant de ces "avantages en nature" au point qu’il est presque devenu indécent d’en faire état dans les conversations courantes.

Il semblerait même que des consignes "syndicales" aient été données aux bénéficiaires de ces avantages multiples et variés, pour ne pas trop "en étaler" auprès de ceux qui n’y ont pas accès ...

Comme si, rien qu’avec ça, matière il y aurait à provoquer une révolution !

Mais ce n’est pas tout. On en est même arrivé au point où d’autres avantages spécifiques sont carrément réservés à des catégories socio-professionnelles entières ... comme les exploitants agricoles par exemple ... ce qui ne choque plus personne, ni du monde politique, ni de la société dite civile, ni et encore moins de l’administration.

Il en va ainsi, par exemple, des lois foncières qui non seulement réservent l’acquisition d’une terre, cultivable ou pas, ou encore de bâtiments ruraux, aux seuls agriculteurs ... sauf arrangements à "l’amiable" , dérogations du Prince, avec la société de droit public qui décide de tout dans ce domaine ...
ou encore qui permettent à un exploitant de construire là où nul autre ne peut le faire, sur des terrains classés inconstructibles, à son seul bénéfice ou à celui d’un membre de sa famille et ce, y compris pour une résidence secondaire.

On sait montrer volontiers du doigt les honteuses "niches fiscales" situées à l’étranger comme étant la source de tous nos maux ... mais on occulte obstinément " les niches sociales " dont bénéficient des pans entiers de privilégiés, dès lors qu’ils sont affiliés ou appartiennent à l’un ou à l’autre de nos "fromages" républicains.

Et pourtant, la fameuse déclaration des Droits de l’Homme de 1948, dont on se gargarise à tout bout de champ, ne laissait aucune place à l’interprétation ...

* Tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit ...
Question : Va pour la naissance ... mais ensuite ?

* Il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique ...
Question : Les "avantages sociaux" ont-ils un rapport avec le statut politique ?

* Tous sont égaux devant la loi ..
Question : Vous pourriez préciser ! N’est-ce pas la loi elle-même qui a créé les inégalités ?

* Nul ne sera l’objet d’immixtions dans sa vie privée ...
Question : ... Vous pourriez répéter la question ?

La solution à apporter à ce dialogue de sourds sans issue apparente, qui perdure et se cultive depuis plus de soixante ans, serait peut-être de créer une commission d’étude sur ... "la règle du jeu" .

Elle pondrait sur ce sujet un rapport circonstancié de 3465 pages grassement rémunérées, en exonération totale d’impôts évidemment, qui serait aussitôt rangé soigneusement à la suite de toutes les autres ...

Il est quand même étonnant, surprenant, extravagant ... que dis-je ... affligeant ... que 220 ans après la soi-disante abolition des privilèges, on en soit encore et toujours au même point ...

Les partenaires ont changé, il est vrai. Quoi que ...

" Et ... ça ira ... ça ira ... ça ira ... les syndicocrates à la Lanterne ... "

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