Les prémices d’une guerre au Maghreb ?
L’auberge espagnole dans www.lexpressiondz.com
14 mars 2007Les générations se succèdent et leur comportement diffère selon leur culture, leurs options politiques ou bien tout simplement le sens que chacun veut donner à sa vie.
Pour nos aînés, l’Espagne évoque simplement la terrible guerre civile qui a ravagé ce pays et l’a saigné à blanc, déversant sur les pays alentour ses flots de réfugiés chassés par la terreur franquiste.
Certains n’oublieront pas la solidarité internationale qui s’était manifestée pour sauver l’éphémère République espagnole. Comment oublier la silhouette du caudillo haranguant les troupes qui ont fusillé les « ennemis » de la patrie et de l’Eglise toute-puissante dans ce pays profondément agraire qui se cramponnait à son prestigieux passé comme Don Quichotte à ses rêves d’exploits chevaleresques.
Les nostalgiques des splendeurs andalouses aiment à se remémorer les siècles de lumière que la civilisation arabo-musulmane a portés au-delà du détroit de Gibraltar, de la magnificence des palais et des réalisations qui ont conjuré les siècles, dans Séville ou Grenade.
Les amateurs de tourisme bon marché ne voient que les grandes plages ensoleillées qui jalonnent la côte méditerranéenne et qui portent des noms à faire rêver les adorateurs du farniente.
Les amateurs de littérature rendent hommage à la patrie qui enfanta Cervantès, Lope de Vega, Federico Garcia Llorca ou les frères Machado dont la langue musicale a rendu immortelles les blessures de la terre d’Espagne, ce pays où l’art pictural a rayonné par les oeuvres du Gréco, Velasquez Goya, Dali ou Picasso et dont le cinéma a hérité, laissant exploser la verve irrévérencieuse d’un Bunuel ou les fantasmes d’un Almodovar.
Les Algériens auront vécu les relations tumultueuses que les différents régimes auront entretenues avec le Maghreb : les guerres incessantes, la venue de nouveaux pieds-noirs qui se sont concentrés dans l’Oranie à laquelle ils ont laissé leurs rythmes et leur joie de vivre.
La capitale espagnole fut endeuillée par l’assassinat d’un homme politique de grande envergure, Mohamed Khider, comme elle a servi de refuge aux premiers Algériens détourneurs de devises.
Cependant, chacun reconnaît le pragmatisme de la politique étrangère, pragmatisme hérité du franquisme, qui faisait passer les intérêts économiques de l’Espagne avant tout.
Comment expliquer alors l’alignement de Madrid sur Paris et Rabat dans le destin du Sahara occidental. Comment ne pas saluer la pertinence du pouvoir espagnol dans la division scientifique du travail qu’il s’est donné : envoyer un Zapatero négocier des contrats concrets avec le régime alaouite et envoyer un roi qui règne mais ne gouverne pas, pour amortir la hausse inexorable du prix du gaz, gaz que certains villages de l’Estrémadure recevront certainement avant certaines localités de chez nous et sans avoir à payer les frais d’extension de raison.
Souhaitons toutefois que nos responsables ne bâtiront pas de châteaux en Espagne et que de nouveaux contrats positifs nous permettront de sortir de l’auberge... espagnole.
Mirou
Peut-on éternellement reporter sur les autres, ses propres responsabilités et inconsciences ?