Laëtitia est morte Pas grave, c’est une statistique !

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Cette semaine, on va s’intéresser à la France, pour changer des révolutions Maghrébines et Machréquines. D’autant plus que si vous avez écouté ou lu les médias, vous n’aurez pas manqué d’en conclure que personne n’a en réalité la moindre idée de ce qui va se passer, et qu’il est donc urgent d’attendre et voir. En tous cas, ce devrait être l’occasion ou jamais de vérifier qu’il existe bien une volonté démocratique et un Islam des Lumières outre-Méditerranée… Inch Allah !

Non, cette semaine, je me suis intéressé au cas de la pauvre Laëtitia, dont certains voudraient nous faire croire qu’il ne faudrait voir dans la mort atroce et prévisible de cette malheureuse jeune fille qu’une statistique qui voudrait que les cas de récidive sexuelle et meurtrière soient rarissimes, et donc qu’il n’y ait pas de quoi en faire un fromage. Si ce n’est que cette explication rassurante lui aurait fait deux belles jambes, à Laëtitia, si son assassin ne les lui avait pas coupées (c’est de l’humour noir, déplacé, je m’en excuse auprès de tous ceux que cela a choqué, mais c’est une maladie, chez moi, je ne peux pas m’en empêcher).

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Alors qu’est-ce qui m’énerve, dans cette affaire ? Hé bien, c’est moins la mort de la jeune fille, on ne pourra jamais, quoi que l’on fasse, empêcher totalement ce genre de crimes, que l’attitude du corps judiciaire, qui non content de refuser la moindre parcelle de responsabilité dans ce désastre, charge l’Etat, comme c’est commode, lequel, vous ne serez pas surpris, n’a pas fourni les moyens... Avec, en prime, au cas où vous auriez du mal à avaler le manque de moyens, un argument que j’ai trouvé répugnant, tellement il est ridicule et de mauvaise foi, mais dont la veulerie n’a été relevée par aucun des médias qui suivent l’affaire, chacun étant trop occupé à taper sur les outrances (réelles) de notre détesté président pour s’essayer à une analyse objective.

Or les juges de Nantes avancent que la dernière condamnation inscrite au dossier du suspect étant un « outrage à magistrat », délit mineur, il n’y avait par conséquent aucune raison de procéder à un suivi judiciaire… Parce qu’on voudrait nous faire croire qu’un type condamné près d’une douzaine de fois, qui a passé 90% de sa vie d’adulte en prison, serait inconnu des juges de l’application des peines, ou que rien, dans son dossier, ne mentionnerait sa dangerosité ? Que ces juges, aussi débordés aient-ils été, n’auraient lu que la dernière ligne du dossier, sans éprouver la moindre curiosité pour les antécédents de leur client ? A quel stade de suffisance en sont-ils arrivés, tous ces diseux de la loi, pour se foutre à ce point du monde ?

Vous avez du mal à me suivre ? Vous vous souvenez de l’affaire d’Outreau ? Une douzaine de personnes ont passé plusieurs années en prison, pendant qu’un juge instruisait manifestement à charge, et seulement à charge, ce qui est une faute professionnelle grave, avec la complicité passive de sa hiérarchie, un accusé s’est suicidé, et qu’en a conclu la magistrature ? Tout va très bien, madame la marquise…

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Alors non, la mort de Laëtitia n’est pas une statistique. Laëtitia est morte parce que des gens n’ont pas fait leur boulot, ou pire, parce qu’ils ont fait ce qu’ils pensaient être juste, au service d’une conception des droits de l’homme, et de la présomption d’innocence qui va avec, qui n’a plus rien à voir avec l’idée que s’en faisaient les « Lumières ». Parce que notre Société, sous la pression constante du lobby de la « Défense », qui sollicite et obtient toujours plus de garanties pour ses clients, a perdu de vue l’intérêt des victimes dont on se fiche d’autant que si elles sont mortes, elles ne viendront pas se plaindre.

Et aujourd’hui, le résultat est qu’au fil du temps notre système judiciaire s’est mis à considérer qu’il valait mieux prendre le risque de la mort d’un innocent, plutôt que de retenir en prison, ne parlons plus de peine de mort (quelle horreur), un criminel patenté et récidiviste, au motif qu’on doit lui permettre de se réinsérer, quel que soit le prix à payer par la Société… Et c’est ainsi qu’on a d’abord supprimé la déportation à Cayenne en 1950 – ça se comprend, elle coupait les condamnés de leur famille -, puis la relégation, qui l’avait remplacée, en 1970, et enfin, en 1981, la tutelle pénale, qui permettait de maintenir en prison après leur peine, dans des conditions allégées (permis de sortie etc…), des condamnés jugés dangereux.

Ajoutez la suppression de la peine de mort, la disparition de la condamnation à perpétuité, et la généralisation de la libération anticipée, et vous conviendrez avec moi qu’aujourd’hui, notre Société offre aux criminels endurcis toutes les chances de s’amender. Et à Laëtitia, qu’avons-nous offert ?

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