De la guerre à la prison ... le fabuleux destin du 421

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Historique pour mémoire :

Les 12/14/16 et 17 ièmes Groupes Autonomes d’Artillerie Anti-aérienne virent le jour en Algérie dès Juillet 1943 où ils furent formés à partir d’éléments disparates, notamment de décéistes (servants de DCA) "échappés" de Toulouse et bien sur "d’algériens" de toutes origines : Pieds-Noirs et Harkis avant la lettre. C’était la guerre mondiale ...

Ces "décéistes" participent à la campagne de Tunisie ... puis arrivent en Corse au début de 1944, combattent dans l’Ile d’Elbe en Juin et, suivant le mouvement des Alliés, participent aux combats devant Belfort en Septembre / Octobre de la même année, ainsi que dans les Vosges de Novembre à Février 1945.

Ils jouent leur rôle dans la bataille d’Alsace et poursuivent l’offensive en Allemagne à partir de Mars / Avril 1945.
En Octobre 1945 ils prennent enfin l’appellation de "1/421 RAA" ( Régiment d’Artillerie Anti-Aérienne) qui se fixe en Allemagne au nord de Bingen jusquen 1949, puis s’installe à Strasbourg.

Le 3 Octobre 1955 c’est en quelque sorte le retour au bercail : le 421 quitte Strasbourg, sans canons ni trompettes, direction Mers-El-Kebir où il débarque le 7 Octobre et campe provisoirement à Tleta près de Tlemcen.

Le 12 Novembre 1955, il prend la route du Sud Constantinois et s’établit aux environs de Batna pour ses ultimes missions, qui n’ont plus rien à voir avec l’artillerie anti-aérienne déjà périmée ... de la protection dynamique et statique de la fameuse ligne du pétrole, une affaire d’Etat ... à la protection des soldats-travailleurs du Génie qui construisent laborieusement des routes dans les Aurès (et encore en 1961, Plan de Constantine oblige !) ... aux commandos de chasse ... et bien d’autres missions encore ... pour finalement être dissout comme un va-nu-pieds, dans l’indifférence générale le 30 Septembre 1961 ... faute de grain à moudre ou de trou à boucher, probablement.

C’est ainsi que ce régiment bon à toute les sauces, taillable et corvéable à merci, après un très long périple guerrier aussi varié que formateur ... disparut corps et biens ici même sur la terre d’Algérie où il était né 18 ans auparavant.

Ce n’est quand même pas banal ! Alors, priez mes chers frères pour le repos de son âme ! Elle en a bien besoin.

Les hommes de ce régiment défunt avant la fin, seront donc dispersés, éparpillés vaille que vaille aux quatre coins de la rose des vents républicaine et selon l’humeur versatile d’un commandement déboussolé.

La guerre d’Algérie étant d’ores et déjà politiquement perdue, on ne savait plus très bien quoi en faire, c’est évident ...

Les plus proches de la démobilisation seront affectés en métropole et les autres seront répartis aux alentours, comme on jette l’ivraie ... en fonction de besoins réels ou supposés ... et tant que faire se peut.

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C’est ainsi que le MDL Alain Goudal fut muté "maton" ... à l’insu de son plein gré ... en tant que responsable d’un "Bloc" ( un bloc = 200 détenus environ ) à la prison militaire de Ksar-Thir près de Setif, en Octobre 1961 ...
Il y exercera cette fonction jusqu’en Avril 1962 . L’encadrement de chaque "Bloc" comprenait en outre un secrétaire et un cuisinier.

Bien que déjà perdue par choix politique, disais-je, et parce que cette guerre était en phase très avancée d’être gagnée sur le terrain ... les camps de prisonniers dits " CCMI" ( Compagnie de Camps Militaires d’Internés) ... étaient en conséquence pleins à craquer et requerraient évidemment du personnel supplémentaire.

La prison de Ksar-Thir qui n’était pas la seule en Algérie, loin s’en faut, comptait à ce moment là ... 1800 détenus composés essentiellement de "PAM" ( Pris les Armes à la Main) et de "PIM" (Personnes Internées Militaires).

Pour éviter sans doute des "débordements" fâcheux, chaque détenu déposait à son arrivée l’argent qu’il avait sur lui au trésorier-comptable du camp qui lui remettait alors une somme équivalente en monnaie interne appelée "argent KT" pour payer ses extra et les consommations diverses prises au foyer du camp.

Les mandats adressés aux détenus étaient immédiatement transformés en "argent KT. Si la somme était trop importante, le mandat était impitoyablement renvoyé à l’expéditeur.

C’était le cas pour certains détenus ... généralement "des refoulés dans leur douar d’origine"( appellation authentique) pour motifs divers, en provenance de métropole le plus souvent ... soit qu’il fussent marlou et qu’on leur "relevait les compteurs" à distance ... soit qu’ils fussent collecteurs de fonds, ce qui revenait au même !

A ce moment là, la fonction de trésorier-comptable du CCMi avait été confiée à un jeune prêtre appelé, l’abbé L ... sans doute pour que fussent bien gérés ces deniers d’un autre culte.

Les détenus travaillaient tantôt à l’extérieur du camp pour fabriquer des briquettes de paille et d’argile pour construire des mechta aux alentours, tantôt à l’intérieur pour casser des cailloux destinés à empierrer les chemins.
Bref, les détenus travaillaient à l’utilité publique ...

Chaque jour avant le souper, le journal ( un quotidien légèrement censuré et édulcoré, bien sur ) était lu aux détenus par haut-parleurs.

A la porte du camp, le commandement avait fait placarder cette information aussi surprenante qu’inattendue :

" Faites nous confiance ILS sont sauvés "

apparemment destinée aux civils, parents ou amis des détenus ... traités manifestement avec beaucoup d’égards ... pacification oblige !!

Comme l’attestent les photos jointes, ces détenus étaient habillés avec des vêtements militaires ... bien propres sur eux pourrait-on dire ... le logement et la "graille" étaient tout à fait convenables , nous précise le MDL Goudal qui s’y connaît en bonne cuisine, et on y jouait au football en tenue adéquat sur un terrain réglementaire fort bien aménagé ... ce qui devrait a priori, et en tout état de cause, réconforter la LDH !

" Faites-nous confiance ILS sont sauvés" ... assurait la pancarte, mais l’ont-il été vraiment ? ...

Vu les circonstances du moment, on peut certes en douter ... d’autant plus qu’un certain nombre de ces prisonniers ... dûment "redressés" vers le droit chemin, disait-on alors ... étaient sur le point de rejoindre à très brève échéance les unités de "Harkis" !

Qu’est-il advenu de ce camp qui a certainement renouvelé son "cheptel" dans les jours ou dans les semaines qui ont suivi le départ de notre ami le MDL ( à qui nous devons ces documents inédits) ?

En reconnaissance des services rendus ... on attendait peut-être son départ pour ouvrir les portes de la prison derrière lui ... et en renouveler la clientèle ... Allez donc savoir !!

D’ailleurs il se pourrait que quelque part en Algérie, un témoin de cette époque, sensible à l’Histoire vraie, non redressée, non falsifiée, non orientée ... et peut-être désireux de nous confier ses souvenirs, éclaire notre lanterne sur ce qu’est devenue cette prison modèle après 62 et nous révèle à ce propos des choses intéressantes ?

Nous l’y encourageons très vivement !!

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